Carillon_2017_05_18

Gilles Fournier, pionnier des écoles publiques

ÉLISE MERLIN elise.merlin@eap.on.ca

Gilles Fournier a plus d’une flèche à son arc. Il est le directeur général de Groupe Action deHawkesbury, mais aussi conseil- ler scolaire depuis de nombreuses années. Il a d’ailleurs participé, avec plusieurs autres personnes, à la création de l’École élémentaire publique Nouvel-Horizon, en 1991. Gilles Fournier a été parmi les premiers conseillers scolaires au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario, formé à la fin des années 1990. Les francophones venaient d’obtenir le droit de gérer leurs écoles de la maternelle jusqu’au secondaire. À l’époque, l’ensemble des écoles secondaires de la région, qui relevaient d’un conseil scolaire public bilingue, sont donc passées au conseil catholique. Quant aux écoles élémentaires, dans la région, elles relevaient déjà toutes du conseil catholique. À la suite de ces chan- gements, il n’y avait plus école publique française dans la région. C’est alors que plusieurs personnes de la région approchent Gilles Fournier pour qu’il représente les écoles publiques françaises au conseil scolaire public. «Mon père a été en politique pendant 39 ans. Il a étémaire de Vankleek Hill durant 19 ans. Alors j’ai un peu de sang de politicien en moi, a ironisé Gilles Fournier avant de poursuivre. Jeme suis présenté pour repré- senter les écoles élémentaires et j’ai été élu. J’ai été le premier conseiller scolaire dans Prescott et Russell à représenter le conseil public francophone », a-t-il déclaré. C’est donc après son élection que les choses se sont déroulées. Sa détermination à créer une école francophone élémentaire publique se fait grandement entendre. Le pari sera lourd : pas d’emplacement pour ouvrir l’école, seulement quelques élèves d’inscrits, lui et les gens qui ont soutenu le projet partent avec leminimumpour réaliser ce projet hors du commun à l’époque. « On n’avait rien au début. On n’avait même pas d’emplacement. On n’avait que quelques élèves ici et là que les parents vou- laient inscrire. C’est tout. J’avais demandé à notre surintendant de nous trouver un local, un emplacement et finalement on en a trouvé un sur le chemin Sandy Hill à Hawkesbury », a indiqué M. Fournier. Le local était une ancienne école, fer- mée depuis de nombreuses années, et qui accueillait auparavant des élèves avec un handicap intellectuel. « Avec les années, nous avions réussi à ouvrir une école à Rockland, Carrefour jeunesse. On avait acquis une école dans le comté de Russell, mais on n’en avait pas dans le comté de Prescott. Il fallait qu’on se batte pour ouvrir cette école à Hawkesbury, on a donc accepté le local à Sandy Hill, tel qu’il était, a expli- quéMFournier. Ça faisait plusieurs années que l’école qui se trouvait là était fermée, tu peux imaginer la condition des locaux. On se

Gilles Fournier livre son parcours dans son bureau de Groupe Action à Hawkesbury —photo Élise Merlin

demandait comment on allait être capable d’emmener les parents avec leurs enfants dans un tel local. » À la suite de l’accord avec le gouverne- ment, l’équipe a obtenu des subventions pour emménager et redonner un coup d’éclat à ces locaux abandonnés. « On a fait les rénovations et après on s’est dit qu’il était temps d’ouvrir l’école. Il y avait des parents qui croyaient en nous et encore aujourd’hui, ce sont des alliés qui ont embarqué avec nous pour faire avancer l’école publique francophone, ici dans la région, s’est rappelé M. Fournier, avec émotion. Ce n’était pas mon école, j’étais juste le politicien qui faisait avancer les choses. Il fallait que j’obtienne l’appui de la population et on l’a eu. Puis, il y avait l’esprit de réussite et de fierté d’être francophone. » Ensuite vint le moment de recruter l’équipe administrative, et c’est d’ailleurs Roxanne Seguin qui était recrutée comme première employée et qui travaille encore aujourd’hui en tant qu’adjointe adminis- trative à Nouvel Horizon. Des enseignants sont aussi recrutés et sont mis au courant des conditions des locaux. Il va leur falloir

beaucoup de patience, mais ils doivent embarquer dans le projet pour que l’école puisse ouvrir officiellement. « Johanne Graton, Louise Séguin, Sylvie Grenier et Sophie Ruelle sont parmi les pre- mières enseignantes à avoir été embauchées et sont encore là aujourd’hui », a indiquéM. Fournier. C’est en 1992 que l’école Nouvel- Horizon voit le jour avec 66 élèves, allant du jardin à la 6 e année. Quant au nom, ce sont les élèves qui l’ont choisi. « On avait demandé aux élèves de soumettre des noms. On a eu 175 sugges- tions, on en a retenu trois et 92 % ont préféré Nouvel-Horizon », a expliqué M Fournier. L’école a changé d’emplacement plusieurs années plus tard, dû à l’augmentation des inscriptions. Le 26 mai prochain, des festi- vités auront lieu à l’école Nouvel Horizon, pour marquer leur 25 e anniversaire. Un début destiné à l’entreprise familiale Mis à part le fait d’avoir été le premier conseiller scolaire des écoles publiques dans la région, Gilles Fournier a eu plu- sieurs rôles avant celui-ci. Né à Vankleek Hill, dans une famille francophone, son père

était cultivateur avant d’ouvrir un restaurant à Vankleek Hill en 1964. « J’ai travaillé avec mon père et pour des raisons de santé, en 1998, il a dû partir. Du coup, je suis tombé seul avec le restaurant et les employés et je travaillais 15 à 16 heures par jour. Ma mère est morte à 64 ans. Il a donc fallu que je reprenne les rênes du res- taurant », a expliqué M. Fournier. Mais en 2002, il décide d’arrêter la res- tauration à cause du nombre d’heures et des sacrifices qu’il doit faire. « En 2002, un ami m’a offert un emploi avec le gouverne- ment. C’était un service d’aide à l’emploi et il cherchait un directeur des opérations ici, à Hawkesbury. C’était une entreprise d’entraî- nement virtuel », a ajouté M. Fournier. Après la fermeture de cette entreprise, dont l’objectif est de donner de l’expérience aux personnes par l’entremise du virtuel, Gilles Fournier postule et est accepté en tant que directeur général du Groupe Action à Hawkesbury. « Je suis ici depuis le 9 octobre 2015, ça va faire cinq ans et, bien sûr, je suis toujours conseiller scolaire », a conclu M. Fournier.

Le Carillon, Hawkesbury ON.

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Le jeudi 18 mai 2017

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