FNH N° 1075 ok

P OLITIQUE

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MERCREDI 31 AOÛT 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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La Tunisie sous protectorat ... de l'Algérie D e nouveau donc, l'histoire bégaie au Maghreb. Cette fois-ci c'est la Tunisie tranquille, celle de la «Révolution du jasmin» Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue

de 2011 qui s'illustre. Le produc- teur-réalisateur n'est autre que le président Kaïs Saïed; le scénario et la mise en scène sont signés d'un pays voisin dirigé par le président Abdelmajid Tebboune et la junte mili- taire des généraux en responsabilité. Une série noire, un mauvais film de série B... De quoi s'agit-il en l'occurrence ? De la réception en grande pompe, le 26 août du chef de la milice séparatiste, Brahim Ghali, à l'occasion de la tenue à Tunis, les deux jours suivants, de la 8 ème édition de la Conférence inter- nationale de Tokyo sur le dévelop- pement de l'Afrique (TICAD). Il a eu droit à un protocole particulier : tapis rouge, accueil au salon d'hon- neur de l'aéroport - les autres chefs d'Etat n'ont eu droit qu'à la première ministre, Najla Bouden... La réaction de Rabat ? Le rappel de l'ambassa- deur. Elle a été expliquée comme une réponse immédiate à une «hostilité» accentuée du président Kaïs qui a «multiplié récemment les positions et actes négatifs à l'égard du Royaume du Maroc et de ses intérêts supé- rieur» . La Tunisie rappelle à son tour son ambassadeur à Rabat optant ainsi pour une escalade. Elle aurait pu ne pas le faire, comme ce fut le cas pour Madrid et Berlin lors des tensions de 2021 avec le Royaume. La Tunisie s'enfonce Elle se fend, le même jour, d'un communiqué précisant qu'elle main- tenait «une neutralité totale sur la question du Sahara occidental, en conformité avec la légitimité inter- nationale». Elle ajoute encore que c'est «l'Union africaine (UA) (qui) a fait circuler un mémorandum invitant tous ses membres, y compris le chef

reconnaît. C’est dire que l'UA, en tant qu'organisation continentale, n'est pas partie prenante même si des commissions spécialisées de celle- ci y participent. Il a été convenu et arrêté avec la Tunisie qui était l'hôte de la 8 ème édition - et ce dès le départ - que ne pourront participer à ce ren- dez-vous des 27-28 août courant que les pays ayant reçu en bonne et due forme une invitation officielle. Une initiative unilatérale De qui ? Elle doit être cosignée par le Premier ministre japonais et le Président tunisien. Huit jours aupa- ravant, le 19 août, la mission diplo- matique du Japon auprès de l'UA, à Addis-Abeba, publiait une note verbale dans ce sens. Elle préci- sait bien que l'invitation à la TICAD est « l'unique et authentique invita- tion sans laquelle aucune délégation ne sera autorisée à participer à la TICAD-8» ; et que «cette invitation n'est pas destinée à l'entité mention- née (il s'agit de la prétendue «RASD») dans la note verbale du 10 août 2022». C'est d'ailleurs sur cette seule base que pas moins de 50 invitations ont été envoyées aux pays africains ayant des relations diplomatiques

du front Polisario, à participer au sommet de la TICAD». Enfin, le com- muniqué indique que «le président de la Commission africaine a par ailleurs adressé une invitation directe à Brahim Ghali pour qu'il participe au sommet». Ce faisant, la Tunisie s'enfonce. Sa réaction officielle ne lève pas toutes les ambigüités exis- tantes; elle ne fait que « les approfon- dir» , comme le relève le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Des explications utiles sont à don- ner à cet égard. L'une d'elles est que la TICAD (Tokyo International Conference on Africa Development) est un forum ouvert auquel parti- cipent non seulement les pays afri- cains mais aussi les organisations internationales (Banque mondiale, PNUD, BAD...), le secteur privé et la société civile qui œuvrent au dévelop- pement du continent. Son référentiel s’articule depuis sa création en 1993 autour de deux axes stratégiques : l'appropriation africaine et le parte- nariat international. Il s'inscrit dans le registre des partenariats africains tels ceux de la Chine, de l'Inde de la Russie, de la Turquie ou encore des Etats-Unis. Le pays initiateur, invitant donc, invite des Etats africains qu'il

Le président Kaïs s'est placé dans un rapport de subordination avec Alger avec ce seul mot d'ordre : se couper du Maroc !

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