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JEUDI 18 FÉVRIER 2021 / FINANCES NEWS HEBDO SPÉCIAL MONÉTIQUE

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tement avec les institutions publiques afin de lancer la dématérialisation des flux Etat-Usager. F.N.H. : Il est indéniable que le déploiement à grande échelle du paiement mobile marque le pas. Quelles en sont les raisons selon vous ? S. Kh. : Notre pays connaît une moder- nisation continue, qui trouve son origine dans une volonté d’améliorer le quoti- dien du citoyen et de lui faciliter l’accès à tous les services, et bien sûr les ser- vices financiers de proximité. Plusieurs initiatives ont vu le jour visant à réduire les déserts financiers de proximité à travers le pays et à initier des actions permettant de limiter la circulation du cash. Malgré cela, force est de constater que notre société se caractérise toujours par une appétence élevée au cash qui génère des frais de gestion très importants et qui peuvent être destinés à d’autres fins. C’est dans ce contexte que la Stratégie nationale d’inclusion financière vient apporter un nombre important de solu- tions, à travers divers leviers tels que le paiement mobile, l’assurance inclu- sive ou la microfinance. Chaque levier visant à répondre à des problématiques concrètes. Le paiement mobile revêt ainsi une importance singulière car ce levier s’érige comme une plaque tournante, susceptible d’être la base pour le déve- loppement des autres axes, du fait des synergies existantes. Le lancement du paiement mobile a constitué le coup d’envoi effectif du déploiement d’une stratégie appelée à accomplir des objectifs vitaux pour notre pays. S’agissant d’un projet qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie nationale, dont la portée implique l’intégralité des forces vives de notre pays, l’effort de sensibilisation à mettre en place se doit pareillement d’adopter une vision inclu- sive. L’objectif étant d’apporter toute la crédibilité et la confiance nécessaires et de créer ainsi un environnement favo- rable pour son développement. Il est vrai aussi que la crise sanitaire a eu comme effet une prise de conscience, de part et d’autre, de la valeur ajoutée que le paiement mobile peut apporter, mais nous considérons qu’une com- munication simple et de proximité reste

Le nombre de comptes auxquels est adossé un M-wallet serait de 1,5 million totale- ment intero- pérables.

primordiale pour la réussite de cette entreprise. Enfin, n’oublions pas que le Maroc a été parmi les pionniers au niveau mondial dans le lancement d’une solution de paiement mobile nativement interopé- rable et avec comme vision la mise en place d’un système de paiement mobile de référence. F.N.H. : Les commerçants, sur- tout de proximité, commencent- ils à adhérer à cette solution nationale ? S. Kh. : Les commerçants se trouvent actuellement dans une phase de décou- verte du paiement mobile. Les freins à l’adoption sont variés en fonction des catégories de commerçants. Les pro- fessionnels structurés ne soulèvent pas de questions particulières, du fait du niveau de prise de conscience vis-à- vis des nouvelles technologies et de la réalité de la digitalisation que nous vivons. Cependant, les commerces non structurés nécessitent des efforts plus importants, du fait du besoin d’ac- compagnement et de sensibilisation à l’adoption des nouveaux moyens d’ac- ceptation de paiement. Il y a lieu de rappeler les efforts consen- tis en matière de fiscalité par l’Etat, les-

quels ont été largement pris en consi- dération tout au long des dernières Lois de Finances. Ceci s’est matérialisé par un abattement partiel dans un pre- mier temps, puis une exonération totale sur le bénéfice réalisé via le paiement mobile pour les commerçants dont le chiffre d’affaires annuel n’excède pas 2 millions de dirhams, et ce sur une période de 5 ans. Les autres freins que nous identifions sont liés aux pratiques constatées sur le terrain. Pour illustrer cela à travers un exemple, les commerçants ont pour habitude de réutiliser l’argent qu’ils encaissent pour renouveler leurs stocks de marchandises. Leurs fournisseurs en général et les FMCG en particulier doivent adopter ces solutions d’accep- tation de paiement et venir greffer leur programme de fidélité à ces moyens de paiement pour intéresser les commer- çants. F.N.H. : Selon-vous, quels sont les leviers à actionner pour favoriser l'acceptation mobile ? S. Kh. : L’acceptation mobile s’articule autour de deux aspects fondamentaux. D’une part, il s’agit naturellement de l’adhésion des commerçants à intégrer un nouveau mode d’acceptation des

Notre prin- cipal chal- lenge est l’enrôlement des commer- çants pour l’acceptation du paiement mobile.

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