Argenteuil_2023_04_28

A R T S

LE VOYAGE DE DOUNIA; LE BAGAGE DE JUDITH

ses grands-parents et une valise de saveurs et d’odeurs, dans l’espoir d’un monde meil- leur. Elle se dirigera sans en connaître l’issu, à travers le parcours sinueux qu’a fait plus de 6,6 millions de Syriens, de la Turquie, à la traversée de la mer, d’un campement de réfugiés près de l’Allemagne à «une petite maison bleue dans un pays blanc comme la paix», le Canada. Un heureux mélange de réel et de magie s’entrecroisent dans ce conte actuel. «On touche l’âme des gens avec cette histoire. Les spectateurs qui sortent du film sont en pleurs; ils sont émus», soutient Judith. À la différence qu’elle ne fuit pas les bombes, tout comme Dounia, l’aînée d’une famille composée de 4 sœurs de la rue Meikle est la seule qui a quitté le nid douillet d’Argenteuil pour s’établir à Montréal. Elle aura fait ses classes ici, fin des années 1980, d’abord comme journaliste l’instant d’un été à L’Argenteuil et comme animatrice, techni- cienne et «DJ» de la station Radio-Fusion. Après un DEC au Collège Jean-de-Bréboeuf, elle aura la piqure du multimédias, qui en était à ses premiers balbutiements, en com- plétant un baccalauréat en communication à l’Université Concordia. Elle n’avait que 18 ans lorsqu’elle portait tous les chapeaux dans les studios de l’ancien CIME FM. Elle peut bien aujourd’hui être à la barre, accompagnée de deux associées, d’une compagnie de productions qui a fait sa marque dans le monde des tout-petits. Dounia et la princesse d’Alep a d’abord été des capsules, six épisodes de 7 minutes, «un bébé de pandémie» diffusé à Télé-Québec à Noel 2020, l’un des principaux partenaires de la boite. Une suite logique, l’intégration de Dounia ici à Québec est dans l’incubateur. Le film porte un message courageux, tout comme les valeurs d’apprentissages et d’éducation portées par TOBO. Il rencontre, par le biais de l’art, deux puissants objectifs pour favoriser l’inclusion des personnes immigrantes. D’ailleurs, deux réfugiées, l’une de 10 ans et l’autre de 82 ans, font partie de la liste des voix des per- sonnages. «Parler du vivre ensemble», un sujet plus actuel que jamais, est primordial. «Le film porte deux objectifs, soit d’avoir plus d’empathie envers les réfugiés qui ont vécu la guerre. Les enfants dans les écoles n’ont souvent pas idée de ce que leurs amis ont vécu pour arriver ici. Et le deuxième, ces jeunes-là, qui vivent ici, voit enfin leur réalité se refléter à l’écran», souligne la productrice. Marya Zarif, illustratrice et directrice créa- tive, syrienne d’origine, ne raconte pas sa propre histoire. Mais c’est celle qu’elle s’est fait raconter le plus souvent. Dounia et la princesse d’Alep sort sur 8 écrans du Québec dès ce vendredi, dont à Laval au cinéma Guzzo Pont-Viau. Un petit chef-d’œuvre de sensibilité de la trempe du Petit prince de Saint-Exupéry.

De gauche à droite, Florence Roche, associée Tobo, Marya Zarif, créatrice, scénariste et co-réalisatrice de Dounia, Judith Beauregard, associée Tobo et productrice de Dounia et Kathleen Farrell, associée Tobo. - photo Paul Ducharme

Une image du puissant film d’animation, Dounia et la princesse d’Alep, qui permet un regard empathique sur le chemin parcouru par les réfugiés pour se sauver des bombes et de la guerre en Syrie depuis 2011. Dounia et ses grands-parents représentent avec tendresse plus de 6,6 millions de réfugiés Syriens. -image courtoisie

MYLÈNE DESCHAMPS mylene.deschamps@eap.on.ca

de projets de création de jeux interactifs pour enfants et de production de série jeunesse tel Salmigondis, est son premier long métrage de 73 minutes. Dounia et la princesse d’Alep est une histoire unique démontrant avec sensibilité et intelligence le parcours de millions de réfugiés dans le monde, portant des valeurs nobles de courage, d’espoir et de liberté. «Je trouve ça extraordinaire et vraiment passion- nant comme processus. C’est très différent que de produire des jeux interactifs puisque ça m’a permis d’aller à la rencontre de mon public», explique Judith Beauregard. Le voyage de Dounia (prénom arabe qui veut dire le monde) aura permis à Judith de parcourir la planète. Parce que ce film d’animation aura fait, avant son lancement officiel vendredi dernier à la cinémathèque de Montréal, le tour du monde en étant présenté dans non moins de 35 festivals, dont un passage remarqué au Festival international d’animation d’Annecy, la Mecque du cinéma d’animation. Dans son bagage de souvenirs, il y a aussi un lancement inoubliable à Paris sur les champs Élysées. Le talent de l’équipe

de production à la réalisation, de la finesse de l’écriture, des comédiens -davantage arabophones et choisis avec soin- ainsi que la superbe production musicale, une trame sonore originale inspirée de musique traditionnelle syrienne auront été reconnus avec une tonne de nominations et de prix, autant au Canada qu’à l’internationale. Ainsi, Judith aura déposé les pieds en France, au Japon et ailleurs. Et ce n’est pas terminé. Tobo a espoir de le voir traduit en anglais lui donnant une plus grande vitrine sur le monde. Et, elle sait très bien que «son film» est l’œuvre d’une équipe. C’est un scénario et des illustrations qui frappent et qui ouvrent l’esprit, autant des petits que des grands. L’un des personnages phare, Jeddo Darwich, le grand-père, joué par Manuel Tadros, tente de rassurer sa petite-fille du déracinement: «On ne quitte jamais sa maison, sais-tu pourquoi? Parce que ta maison, c’est le monde entier... Et sa porte est juste ici, dans ton cœur» ou cette magnifique citation «Le ciel est le même pour tous les oiseaux du monde». Dounia, 6 ans, quitte Alep, sa Syrie, avec

En guise de conclusion d’une entrevue téléphonique de 41 minutes -ça peut paraître long, mais je vous jure que c’est court- la co-productrice du film d’anima- tion Dounia et la princesse d’Alep lance: «J’aime beaucoup mon film. Ça parait, hein?» Chacune des phrases du Judith Beauregard sont pertinentes, investies, surprenantes, voir engagées. C’est une pro de la communication. Ça s’entend. C’est un cerveau allumé, joyeux, bouil- lonnant, foisonnant, tout comme cette fable moderne de Marya Zarif qui met en scène la douleur de l’exil. «Son film», dit celle qui se qualifie comme une amoureuse de la créativité, une idéatrice, une rassembleuse. «Son film» puisque son rôle de productrice rend vie au projet d’une équipe par son leadership. «Son film» parce que Tobo, le producteur exécutif au générique, c’est sa boite de production, créée voilà une dizaine d’années avec deux associées. «Son film», parce qu’à 52 ans, après une multitude

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