FNH N° 1084

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 NOVEMBRE 2022

www.fnh.ma

◆ L’industrie de la fintech au Maroc est émergente. Il y a une vraie infrastructure bancaire qui pourrait drainer l'éclosion et l'explosion de ce secteur. ◆ L'écosystème fintech en Afrique a levé plus de 2 milliards de dollars en 2021; le Maroc n’a récupéré que 0,1% de ces investissements. ◆ Entretien avec Sofiane Gadrim, directeur des nouvelles technologies (CTO) et co-fondateur d’Atela. «Si nous restons passifs, des milliards de dollars échapperont au Royaume» Fintech

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Tout d’abord, quel état des lieux faites-vous de l’industrie de la Fintech au Maroc ? Sofiane Gadrim : L’industrie de la fintech au Maroc est émergente, mais c’est très en deçà de ce que l’on pourrait attendre d’un pays comme le nôtre. Nos voisins ont compris l’importance de ce secteur qui représentera plus de 30 milliards de dollars en 2025 en Afrique; on escompte une crois- sance de 800% de ce secteur d’ici 3 ans. Si nous restons passifs, des milliards de dollars échapperont au Royaume. Heureusement, il y a une prise de conscience de ce retard depuis quelque temps. Des démarches sont entreprises un peu partout dans le Royaume par différents acteurs nationaux, régionaux et financiers pour résorber cet attentisme. J’en veux pour exemple la démultiplication de centres de formation et d’incubateurs comme le tech- nopark, des programmes de financement de projets et la création d’un ministère dédié à la transition digitale. Atela a pu profiter de ces initiatives et des infrastructures dédiées aux start-up; c’est donc dans ce contexte d’écosystème nais- sant qu’Atela a vu le jour. F.N.H. : Quelle appréciation faites- vous du niveau d’investissement dans les fintech au Maroc en com- paraison avec certains pays afri- cains (plus avancés que nous) ? S. G. : L'écosystème fintech en Afrique a levé plus de 2 milliards de dollars en 2021; le Maroc n’a récupéré que 0,1% de ces

Si l’on veut créer de futurs cham- pions dans les fintech, je pense que tout se joue au niveau de la formation, l’éducation et plus d’inves- tissements sur les por- teurs de pro- jets.

investissements. Ce retard ne peut se justifier au regard de la place que le Maroc occupe dans le conti- nent (rappelons que le Maroc représente dans les environs de 6,5% du PIB africain). Nous disposons de 2 mastodontes que sont la Banque Populaire et Attijariwafa bank qui ont un rayonnement dans toute l'Afrique. Il y a donc une vraie infrastructure bancaire qui pourrait drainer l'éclosion et l'explosion du secteur fintech. Ceci est une opportunité à saisir; la marge de progres- sion étant grande, c'est donc le moment de mettre un coup d'accélérateur. C'est très bien parti avec toutes ces initia-

tives entreprises par les différents acteurs marocains. On voit Bank Al- Maghrib initier la création d'un sandbox permettant aux fintech d'éprouver leurs concepts dans un cadre spécifique. La Bourse de Casablanca est très active auprès de la jeunesse en effectuant des partenariats avec des univer- sités. Enfin, les banques et autres institu- tions financières commencent à s'intéresser aux innovations des fintech. J’en profite pour lancer un appel aux institu- tions de notre pays à organiser des tables- rondes, des colloques qui regrouperaient des banques et des fintech. Cela permet- trait de réfléchir sur des collaborations,

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