Poésie qui sort d’entre quatre murs ARTS • D I VERT I SSEMENT • ENTERTA I NMENT
STÉPHANE LAJOIE stephane.lajoie@eap.on.ca
Après s’être vidé les tripes avec Compost- Partum , l’auteur revient avec une œuvre qui découle d’ateliers littéraires en milieu carcéral, une unique expérience qui brouille la ligne entre la culpabilité, la pitié et l’inno- cence. « C’était une série de six ou sept ateliers
sie ont été majoritairement influencés parce que j’ai vécu en dedans là. Mais l’histoire, ça vient de ma tête, ce n’est pas quelque chose qui a été vécue mais qui pourrait très bien l’être. » Si Compost-Partum avait comme toile de fond les relations mère-fils, Ailes de taule fait entrer en scène le rôle du père, une pa-
narratif entre le poème et le roman, où les « effusions cérébrales et narratives sont plus retenues au profit d’un fil narratif. Il y a quelque chose qui se passe plus clairement que dans un recueil de poésie ». L’œuvre comporte trois parties, chacune caractérisée par un pronom personnel. La narration passe du IL au JE et c’est le TU
L’écrivain de Hawkesbury Éric Charlebois lancera en février son neuvième recueil, un récit poétique intitulé Ailes de taule , publié aux éditions Prise de parole.
avec les détenus du Leclerc à Laval, a- t-il expliqué. (…) Ces gars-là n’ont pas grand chose en prison et on dira, avec raison, tant pis pour eux. Mais ils ont énor- mément de déter- mination et il y a du rangement qui se fait. Je me rap- pelle du texte d’un détenu qui parlait comment la socié- té était parfaite et comment c’était eux, en dedans, qui étaient le problème et qu’ils avaient intérêt à pisser drette . Avec Ailes de taule , au point de vue de l’ambiance et de la mentalité, les sens dans la synesthé-
ternité contradictoire qui rappelle la naissance qui donne la mort de l’autre œuvre, tout en ouvrant une nouvelle porte sur la figure arbitraire du père et tout ce qui vient avec.
qui ferme le livre. « C’est un événement qui est raconté par trois perspectives dif- férentes, a expliqué Éric Charlebois. C’est un jeu que j’aime. Plusieurs voix
Rien ne va plus quand la main est la seule ambassade. Sa main contre le verre était un solo de tambourin.
L’écrivain et poète Éric Charlebois
pour plusieurs perspectives, mais un seul noyau. Cela nous montre que l’objet ou la situation n’est rien, si personne n’est là pour la constater et l’exprimer. » Ailes de taule
« La figure parentale, je pense qu’on n’en sort pas, a dit l’auteur. Il y a toujours une figure parentale dans ce que l’on écrit, au moment qu’on le fait et même avant de l’écrire. Dans ma vie, mon père est mon meilleur chum et cela a donné une saveur beaucoup plus ébranlante pour moi d’écrire un récit où la relation père- fils est troublante. De transfigurer un rap- port filial en quelque chose de possiblement tragique, cela m’a dérangé en ostie. » Contrairement à un recueil de poésie traditionnel, le récit poétique est un pont
« Ces gars-là n’ont pas grand chose en prison et on dira, avec raison, tant pis pour eux. Mais ils ont énormément de détermination et il y a du rangement qui se fait. Je me rappelle du texte d’un détenu qui parlait comment la société était parfaite et comment c’était eux, en dedans, qui étaient le problème et qu’ils avaient intérêt à pisser drette. »
frappe par sa véra- cité, la richesse du vocabulaire et le contraste des pers- pectives. Le récit poétique permet d’imager une am- biance sans faire son procès, don- nant du punch aux témoignages et aux jugements.
Le lancement officiel du recueil, à la suite d’une première présentation au Salon du livre de Toronto, aura lieu le 18 février à l’Avant-Garde à Ottawa.
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