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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
DU 29/30 AVRIL 2021
www.fnh.ma
◆ Il existe un climat d’attentisme et les acquéreurs ont besoin de visibilité. ◆ Les initiatives pour soutenir l’immobilier, notamment l’exonération des frais d’enregistrement, doivent être prolongées. ◆ Entretien avec Mohamed Lahlou, président fondateur de l’Association marocaine des agents immobiliers (AMAI) et président du pôle immobilier du Club des dirigeants. «La reprise significative n’est pas encore perceptible» Immobilier
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo : On note une certaine reprise économique. Cela s’est-il répercuté sur le secteur immobilier ? Mohamed Lahlou : Je ne peux pas me pro- noncer sur le sujet d’une manière concrète, précise et détaillée tant qu’il n’y a pas suffi- samment de données. Pour avoir un bench- mark, nous devons avoir des statistiques de chaque segment. Le nombre de transactions par produit et leur valeur donneront une vue sur l’évolution de l’activité; c’est comme ça que cela se passe en France et dans les pays développés. Ces données permettront d’orienter les professionnels du secteur pour mieux optimiser leur choix. Il est souhaitable de lancer un observatoire de l’immobilier indépendant, qui peut être adossé à des organismes spécialisés dans le recueil des statistiques et leurs analyses. La direction de l’enregistrement est la mieux placée pour donner ces chiffres et, dans une moindre mesure, la Conservation foncière. Mais il faut dire que d’après les informations recueillies aussi bien auprès des promoteurs que dans notre activité, nous n’avons pas ressenti une reprise significative. Outre les réalisations, nous cherchons des données sur les besoins en logement, qui peuvent être livrées par le département de l’Habitat ou le haut-commissariat au Plan (HCP). F.N.H. : Qu’en-est-il de la situation du secteur dans les régions ? M. L. : Excepté Casablanca, Rabat et plus ou moins Tanger, la situation n’est pas relui- sante dans les autres régions. Des villes sont sinistrées, comme Fès, Meknès, Marrakech ou Agadir. Paradoxalement, on enregistre des mises en chantier et le lancement de nouveaux projets. Les professionnels du
L’organisation de l’activité des agents immobiliers permettra d’assainir la profession et sera d’une grande uti- lité pour les autres métiers concernés.
secteur anticipent une reprise pour les mois à venir. Le plus souvent, ce sont des opé- rateurs qui financent par fonds propres en vue de constituer un stock de biens immo- biliers dans la perspective de les vendre au moment opportun. La véritable reprise sera probablement impul- sée avec la fin de l’état d’urgence sanitaire. Les acquéreurs ont besoin de visibilité. Un climat d’attentisme est observé et j’espère qu’il ne va pas durer. F.N.H. : Y a-t-il des enseignements à tirer de cette crise sur lesquels il faut capitaliser pour lancer des réformes ? M. L. : La fiscalité figure parmi les réformes les plus importantes à lancer. Les tarifs
des droits d’enregistrement ou de conser- vation foncière doivent être revus à la baisse. L’éclatement des titres nécessite des sommes conséquentes. Il ne faut pas oublier que le promoteur, lui aussi, subit les contraintes de ces hausses. Il achète le fon- cier cher sur lequel il paie différents impôts et taxes. Alors que pour les autres charges, le renchérissement est relatif. Le coût de la construction n’a pas beaucoup évolué com- parativement aux années 90. Pour les gros œuvres, le prix n’a pas changé. Il est toujours facturé à 800 ou 900 DH le m2. Et pour les produits de sanitaire et de carrelage, ils ont baissé. Par ailleurs, je tiens à souligner qu’il est essentiel de revoir le crédit bancaire afin de trouver des solutions plus adaptées pour les
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