FNH N° 1021 ok

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

DU 29/30 AVRIL 2021

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F.N.H. : L'association Jood vient en aide aux sans-abris. Quelle a été votre plus grande satisfaction en accompagnant les SDF ? H. L. : Jood offre d’abord des repas chauds, des vêtements, des couvertures, voire des médicaments aux nécessiteux qui vivent dans la rue. Mais, surtout, Jood accorde de l’attention, de l’écoute et se mobilise pour accompagner ces sans-abris dans leur prise de conscience d’une possibilité de réinser- tion sociale. Et la plus grande réussite de l’association réside certainement dans sa capacité à avoir réinséré socialement et professionnellement 401 SDF. F.N.H. : Nous sommes en plein mois de Ramadan où l’élan de solidarité atteint son comble. Vous avez arrê- té un programme bien fourni durant ce mois. Parlez-nous en ? H. L. : Jood travaille dur toute l’année et se permet d’habitude de se reposer pen- dant le mois de Ramadan, vu que plusieurs acteurs se mobilisent pour être au chevet des nécessiteux. Cette année, comme l’an dernier et à l’instar des circonstances liées à l’état d’urgence sanitaire, Jood se retrouve dans le devoir d’assurer la continuité de ses actions et augmenter la cadence pour préparer plus de 1.050 repas d’une manière quotidienne à tra-

vers quatre de nos antennes : Casablanca, Marrakech, Rabat et Tanger.

F.N.H. : Le bien est le fer de lance de toute action solidaire et sociale. Est-il vrai que ce ressenti a une saveur bien particulière après chaque accomplissement ou bonne action concluante ? Comment peut- on inculquer cette notion du partage surtout en ces temps de pandémie ? H. L. : Etre solidaire peut se définir comme le «sentiment d’un devoir moral envers les autres membres de notre société» . Pourtant, au-delà de l’aspect du «devoir», faire preuve de solidarité est avant tout porteur de bon- heur pour soi-même. Sachant que l’entraide, l’empathie et sur- tout la solidarité sont d’office des pratiques inculquées dans notre société marocaine, qui se sont accentuées en ces temps de crise sanitaire. ◆

84% du public ont été touchés par cette action solidaire, après avoir été jugée au tout début comme étant une campagne choquante.

Lamendicité infantile auMaroc en chiffres

Les statistiques du HCP de 2007 démontrent qu’un Marocain sur 150 estmendiant. Leur nombre s’élèverait à quelque 200.000 dont plus de 62% sont des professionnels en matière de men- dicité. Depuis cette date, le phénomène a pris de l’ampleur.

charitables à mettre la main à la poche. Or, la démarche de l’association Jood est justement d’inciter les citoyens maro- cains à ne pas donner de l’argent, d’où le fameux slogan «Pour son bien, ne lui donne rien». La loi stipule que lorsqu’on exploite un enfant qui n’est pas le sien à des fins de mendicité, la peine est de 3 mois à 1 an de prison. L’association Jood considère que c’est extrêmement léger par rapport à l’ampleur des dégâts psychologiques

Le 4 décembre 2019, le Royaume s’est doté enfin d’un plan national de lutte contre la mendicité des enfants. Les villes de Rabat, Salé et Témara ont été ciblées enpremier, et ce plan a été par la suite généralisé à l’ensemble du territoire national.

et physiques causés, car il s’agit bel et bien de la commercialisation et de l’exploitation d’êtres humains en bas âge. L’association espère des peines contraignantes et plus sévères à l’encontre des auteurs de ces pratiques illégales, d’où sa pétition nationale. Active dans 5 villes (Casablanca, El Jadida, Rabat, Tanger et Marrakech), l’association a mis en ligne un court métrage saisissant, qui retrace la dure réalité de lamendicité infantile. Des affiches ont été placardées dans les principales artères de la capitale économique, accompagnées d’un hashtag #Sa_ place_est_en_ classe.

Selon Jamila ElMoussali, ministre de la Solidarité, duDéveloppement social, de l’Egalité et de la Famille, les deux tiers des enfants victimes sont âgés de 0à 4 ans, sachant que 27%parmi cette catégorie ontmoins d’une année. Dans le bilan 2020 du plan d’action relatif à la protection de l’enfance contre l’exploitation dans la mendicité, le ministère et le parquet général ont révélé avoir sauvé, rien que dans la région de Rabat-Salé- Kénitra, 142 enfants (79 filles et 63 garçons) de cet enfer infernal. Les enfants sont souvent utilisés comme appât pour pousser les âmes

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