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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 13 JANVIER 2022
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son coût économique et social est important, surtout qu'elle a été prise dans le contexte des fêtes de fin d'année, une période de vacances, de déplacement et de grande consommation des ménages. Aussi, des pans entiers des activités liées au tourisme, à la restauration et à l'événementiel vont continuer à subir les effets négatifs de cette décision.
Aussi, la dernière prévision de 7,1% du taux croissance de l'économie natio- nale pour 2021 a été revue à la baisse pour ne retenir qu'un taux de 6,9%. Pour l'année 2022, les indicateurs avancés de la conjoncture laissent présager un bon comportement de l'économie, avec un taux de croissance de 4,1 %, susceptible d’être revu à la baisse si la situation sani- taire perdure.
Pour El Malki, le second écueil du programme gou- vernemental réside dans la faiblesse des ressources mobilisables.
Sur le plan des performances sectorielles, les secteurs d'activité les plus vulnérables ont montré une résilience accrue face aux méfaits de la propagation du Covid : ils devraient retrouver en 2022 leur trajectoire tendancielle de la pré-pandémie. Ainsi, le secteur agricole devrait connaître une croissance de 2% grâce notamment au dynamisme des branches de l’arboriculture, des cultures maraîchères et de l’élevage. Le secteur des industries manufactu- rières devrait également retrouver une partie de son dynamisme qui prévalait avant la pandé- mie, pour atteindre un taux de croissance prévu de 4,2%, grâce notamment aux performances exceptionnelles du secteur de l’automobile, dont les exportations (en volume) ont atteint 58 milliards de DH au cours des 3 premiers tri- mestres de l’année 2021. Le secteur des indus- tries extractives, dont le pilier central demeure l'activité phosphatière, a enregistré une excel- lente performance au cours de l’année 2021, et devrait poursuivre sa tendance haussière pour enregistrer un taux de croissance de 5% en 2022. En ce qui concerne le secteur du bâtiment et des travaux publics, celui-ci est caractérisé par une certaine reprise amorcée en 2021, après une importante période de sinistrose. Cette embellie devrait se prolonger, avec une évolution sensiblement atténuée en 2022. L'évolution anticipée de la valeur ajoutée du secteur serait de l'ordre de 3,5%. Enfin, ces performances encourageantes de notre économie, au niveau de ses compo- santes liées à l’offre, ont leur pendant au niveau de la demande. En effet, la demande des ménages reprendrait des couleurs, l'inves- tissement arpenterait une pente ascendante et le marché de travail afficherait un retournement positif. Ces performances positives seront susceptibles de se réaliser dans un contexte de détente de la situation sanitaire du pays, grâce notamment
à l’ouverture des frontières. L’impact s’en ferait sentir au niveau des secteurs de l’héberge- ment, du tourisme, de la restauration qui sont sinistrés. Pour ce faire, l’enjeu est de juguler la vitesse de propagation du variant Omicron à travers notamment la massification de la cam- pagne de vaccination. F.N.H. : La politique fiscale doit être un outil stratégique au service de la relance économique du pays. Selon vous, la réforme fiscale va-t-elle dans le bon sens et répond-elle aux impéra- tifs de relance du pays ? T. E. M. : La loi cadre 69-19 portant réforme de la fiscalité a été adoptée en juillet dernier. Celle- ci s’inscrit dans le prolongement des recom- mandations des 3èmes Assises de la fiscalité qui se sont tenues en mai 2019. L’actuel gou- vernement est fortement attendu dans la mise en œuvre de la loi-cadre à travers des proposi- tions de réforme au niveau notamment de l’IR, la TVA, l’élargissement de l’assiette et la réduc- tion des dépenses fiscales. L’enjeu est, d’une part, l’élargissement et le renforcement du pouvoir d’achat des classes moyennes, laminé par la crise, et d’autre part, le renforcement de la compétitivité des TPME. La réforme de la fiscalité est un chantier très vaste qui demande des analyses suffisamment approfondies avant d’aboutir à des conclusions définitives et de portée pratique. Les mesures proposées en matière fiscale partent cependant du constat largement partagé que le niveau d’imposi- tion aujourd’hui est assez pénalisant pour les ménages, l’entreprise et les investisseurs. Les prélèvements au titre de la fiscalité, rapportés au PIB, atteignent actuellement un niveau élevé comparativement à la moyenne de la région,
soit 23%. Si l’on inclut les cotisations sociales et les autres contributions similaires, le montant total des prélèvements obligatoires se situe autour 30%du PIB et se compare pratiquement aux taux observés dans certains pays de l’UE. La fiscalité, considérée selon les facteurs de production ou la nature des emplois (capital, travail, consommation, investissement, etc.), fait par ailleurs apparaître d’importants désé- quilibres, sources d’inefficience et d’inéquité. Les propositions d’allégement et de restruc- turation du système fiscal trouvent dans ces constats leur pleine justification. Il importe maintenant de déterminer le rythme de l’allège- ment et la nature des restructurations à appor- ter à l’ensemble du système, dans le but d’en améliorer le rendement tout en lui assurant la neutralité, l’équité et l’efficacité. S’agissant de l’allègement de l’impôt sur le revenu (IR), les recettes au titre de cet impôt s’élèvent actuellement (année 2021) à près de 41 milliards de DH, prélevées sur plus de 4 millions de contribuables. Ces recettes repré- sentent près de 4% du PIB et grèvent le revenu disponible et le pouvoir d’achat des ménages. Le réajustement à la baisse de la structure de cet impôt est de nature à soutenir les revenus des ménages et stimuler l’activité à travers la demande. Selon les simulations du CMC, un allègement global de cet impôt de 10% à travers le réajustement des taux appliqués à chaque classe de revenus (comme par exemple l’exonération que l’on peut porter aux revenus annuels inférieurs à 50.000 DH, conjuguée à la baisse de 5 points du taux marginal de l’impôt) pourrait engendrer, à travers la demande, un effet multiplicateur estimé à terme à 0,5% du PIB. Il va sans dire qu’un tel allègement aura, outre son effet sur la demande, un impact
Afin d’éviter d’exploser le plafond de la dette, il est crucial d’en- gager deux réformes de fond qui me semblent importantes, à savoir une réforme fis- cale et une réforme de la politique monétaire.
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