FNh N° 1050

23

ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 JANVIER 2022

www.fnh.ma

l’occasion de la présentation du programme de politique économique atteste que ces engage- ments s’inscrivent dans le cadre des grandes orientations retenues par le nouveau modèle de développement. Cependant, comme nous l’avons indiqué, force est de constater cepen- dant qu’au-delà de l’annonce des programmes d’action et des objectifs correspondants, que ce soit pour la législature ou le budget annuel, les perspectives de mise en œuvre des actions envisagées apparaissent quelque peu en déca- lage par rapport aux ambitions du nouveau modèle de développement qui en constitue le référentiel. Ensuite, le second écueil de ce programme gouvernemental réside dans la

faiblesse des ressources mobilisables face à l’importance et la multiplicité des objectifs, qui impose des limites plus ou moins fortes quant à la bonne exécution du programme de politique économique dans le respect des délais impartis. Ceci est illustré par le budget prévisionnel pour 2022, première année de la nou- velle législature. L’analyse des compo- santes du budget 2022 et sa structure fonctionnelle permet de mieux apprécier

L’atteinte des objectifs de croissance du NMD, plutôt ambitieux au demeurant, est tributaire de la mise en place d’une politique économique et sociale volontariste et pérenne sur plusieurs législatures consécutives.

Il est impor- tant d’enga- ger une réflexion sur la nécessité de refonder la politique

le degré de compatibilité entre les ressources prévues et la consistance des programmes d’action retenus. D’un point de vue global, le montant total des charges projetées au titre de 2022 s’élèvent à 519 milliards de DH, en hausse de 9,1% par comparaison à 2021. Cette hausse notable des charges programmées pour l’exer- cice à venir n’est couverte qu’à hauteur de 88% en termes de recettes. Mais l’indicateur budgé- taire le plus significatif quant aux orientations du programme économique pour l’exercice à venir demeure celui des dépenses d’investis- sement. Celles-ci s’établissent pour 2022 à 87,4 milliards de DH contre 77,2 milliards l’année précédente, enregistrant ainsi une progression de 13,2%. L’importance de l’effort d’inves- tissement retenu dans le budget prévisionnel ne manque cependant pas de poser la ques- tion du financement. De façon plus globale, la faisabilité de l’ensemble du budget exige la mobilisation d’importantes ressources pour couvrir les dépenses qu’impliquent les diffé- rentes composantes du programme de poli- tique économique. Le déficit budgétaire devrait atteindre dans ces conditions 5,9% du PIB au terme de l’exercice à venir. La soutenabilité du budget tient donc à la capacité de mobiliser les financements nécessaires à son exécution. Aussi, afin d’éviter d’exploser le plafond de la dette, il est crucial d’engager deux réformes de fond qui me semblent importantes, à savoir une réforme fiscale et une réforme de la politique monétaire. Nous avons abordé ces 2 éléments dans le cadre de cet entretien. ◆

tien au développement économique du pays, aux investissements productifs de l’État, et de maintenir la stabilité des prix sur le long terme. Bien entendu, il s’agira d’accompa- gner cette mesure importante de garde-fous afin d’éviter un recours abusif à la création monétaire et à son instrumentalisation par une politique partisane, avec pour conséquence une inflation galopante et hors de contrôle. La réappropriation de notre souveraineté moné- taire permettra à l’État de se doter d’un puis- sant levier de financement de la relance et du rattrapage économiques tant nécessaires, à travers un soutien massif au tissu industriel et aux ménages, qui soit efficace, non inflation- niste et surtout moins coûteux que la dette. L’objectif ultime de cela est de développer, de manière progressive, les instruments devant nous aider à nous réapproprier notre souve- raineté économique et financière, qui s’est étiolée ces 30 dernières années, sous le joug de politiques ultralibérales imposées par les insti- tutions financières internationales. L’enjeu est de nous départir de la logique de l’endettement massif qui nous maintient en situation de per- fusion permanente de la part des institutions et des marchés financiers internationaux. F.N.H. : Enfin, êtes-vous optimiste quant à l'atteinte des ambitieux objec- tifs économiques et sociaux fixés dans le cadre du nouveau modèle de déve- loppement ? T. E. M. : Tout d’abord, il convient de rappeler

les objectifs de croissance que s’est fixée la Commission spéciale du nouveau modèle de développement (NMD) à l’horizon 2035, à savoir un taux de croissance prévisionnel moyen du PIB de 5,8% sur la période, et le doublement du PIB/habitant. L’atteinte de ces objectifs, plutôt ambitieux au demeurant, est tributaire de la mise en place d’une politique écono- mique et sociale volontariste et pérenne sur plusieurs législatures consécutives. Le finance- ment global de ce NMD a été estimé par ladite Commission à 4% du PIB en phase d’amorçage (2021-2025) et de l’ordre de 10% de croissance en phase de croissance à l’horizon 2030. Aussi, lorsque l’on analyse les objectifs de croissance du nouveau gouvernement, ceux-ci paraissent décalés et en deçà des objectifs affichés par le NMD. En effet, le taux de croissance retenu dans le cadre du programme gouvernemental quinquennal s’établit à une moyenne de 4% par an au cours des cinq années à venir. Ce qui peut paraître incohérent de prime abord. Aussi, de manière plus générale, les engagements pris en matière de politique économique et sociale en ce début de législature portent sur de mul- tiples dimensions et couvrent prioritairement des objectifs de relance de l’activité, d’accé- lération du rythme de création de richesse, de développement des opportunités d’emplois et de consolidation du progrès social, tout en veillant à la préservation des équilibres financiers. Des objectifs chiffrés sont fixés et des mesures de politique publique sont proposées. La déclaration gouvernementale à

monétaire menée par

BAM afin de faire face aux immenses défis écono-

miques et sociaux de notre pays.

Made with FlippingBook flipbook maker