FNH N° 1091

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JEUDI 12 JANVIER 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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Musique

◆ Le 12 janvier, l’Association marocaine de la musique andalouse (AMMA) s'invite au Mégarama de Casablanca à 20h30, conviant tous ceux qui veulent s'immerger dans la magie de l’héritage andalou, servi par de grands noms, tels Mohamed Briouel, accompagné de l’Orchestre andalou de Fès, la diva Mor Karbasi, la douce Nabyla Maan, le ténor Coco Diam’s ainsi que le talentueux Ahmed Marbouh. L'occasion de faire un petit détour dans l'histoire de ce genre musical. Andalouse dans les peaux

sence arabe en Andalousie. De nombreux réfugiés se sont installés à Tétouan, Fès, Rabat et Salé. Dans leurs chiches bagages, la musique andalouse qu’ils vont diffuser. Si elle s'enra- cine solidement au début, elle commencera à décliner après un siècle. Un érudit tétouanais, Mohamed Ibnou Lhoussain Al Hayek, l'a sauvée d'une mort certaine en 1800 en rassemblant des centaines d'airs promis à se faner dans un ouvrage impres- sionnant. Par la suite, Vizir Al-Jamiî publie une anthologie intitulée «Précis du Kounash de Al Hayek», qui archive les bases du Tarab al-ala . Étrangement, Zawia al-Harakiya a été vigoureusement impliquée dans l’épanouissement d' al-ala grâce à l’intermédiaire de son chef spirituel, Sidi Mohamed Al-Harraq (mort en 1844), qui légua un recueil de poèmes, «Diwan», à son disciple Moulay Larbi Dilaiî. Omar M’tioui nous informe que tous les maîtres d' al-ala s'y précipitèrent pour recueillir de la matière pour leurs chansons : Al Brihi (1850- 1944), Al Mtiri (1870-1946), Jaïdi (1873-1952), Baroudi (mort en 1950), Ouriaghli (mort en 1955), Alami (mort en 1959), Siyyar (1892-1964), Loukili (1907-1988), Raïs (1912-1996), Ben Larbi Temsamani (1920-2001). La ala s’est imposée essen- tiellement à Fès, Tétouan et Chefchaouen. Rabat, Salé et Oujda ont pris goût, elles, au tarab al-gharnati . « Les écrits

Legs inestimable de l’âge d’or arabe Pour ceux qui veulent remon- ter le cours de l’histoire, une figure lumineuse se démarque, celle de Ziryab (né à Bagdad en 789 et mort à Cordoue en 857). Poursuivi par la police d'Haroun Arrachid après que son profes- seur de musique jaloux, Ishaq Al Mawsili, a comploté contre lui, il s'enfuit à Kairouan et se réfugie à Cordoue, où il fut pris sous l’aile tutélaire du premier musicien de la cour de Abderrahman II, Mansur El Yahoudi. « Ziryab sur- prend par ses méthodes péda- gogiques, fondées sur l’examen suivi du perfectionnement de la voix et l’assimilation progressive de la mélodie et du rythme. Il innove dans le domaine propre- ment musical en inventant une structure originale de la séance musicale. Il crée une nouvelle forme de nouba , dont l’ouverture est le nachid (récitatif), le basit à rythme lent, et la clôture, les mouharrakat et les ahzaz , des chants légers et vifs », affirme le musicologue Omar M’tioui. Ibn Baja (né à Saragosse en 1070 et mort à Fès en 1138) adopta puis perfectionna les principes édictés par Ziryab. Il avait introduit de nouvelles formes poétiques dans la nouba , le mouashshah et le zajal , don- nant naissance aux mouvements dits al-istihlal et al-amal . Lorsque Saragosse tomba en 1118, il s'embarqua pour Fès, où la mort par poison l'attendait. 1492 marque la fin de la pré-

et documents disponibles montrent que le développement de ce style au Maroc est dû, soit aux juifs marocains, soit à des familles algériennes qui sont venues s’installer au Maroc à la fin du XIX ème siècle et au début du XX ème », note Ahmed Aydoun dans «Musiques du Maroc». Comme al-ala , tarab al-gharnati utilise le rbab , l' oud ou le violon avec l'ajout de mandoline et de banjo. La nouba (4 inachevées sur 16) en fait également par- tie intégrante. Mais contraire- ment à la ala , où l'instrument est important, comme son nom l'indique, tarab al-gharnati pré- fère le chant sous ses aspects solitaire et solidaire. Déboulant de Tlemcen (Algérie), le style s'est répandu au Maroc dans les années 1920 grâce à Mohamed Bensmaïl (Oujda) et Mohamed Benghabrit (Rabat). Cheikh Salah et Ahmed Zemmouri à Oujda; Ahmed Bennani et Ahmed Pirou à Rabat seront ensuite les joyaux de la couronne. Pour s'imprégner de l'esprit andalou, rien de tel que de faire un détour par ce concert orga- nisé sous le thème «ce que doit la pluralité à la culture» par l’AMMA. « De par ses racines culturelles et ethniques aux mul- tiples origines, la musique anda- louse incarne un patrimoine civi- lisationnel dont la richesse et la pluralité permettent d’ériger autant de passerelles entre les peuples et les religions », souligne Fatima Mabchour, présidente fon- datrice de ladite association. ◆

Par R. K. Houdaïfa

A près la chute de Grenade, l'Espagne chrétienne, par souci de marquer symbo- liquement les terri- toires reconquis, s'est empres- sée d'éliminer toute trace de présence arabe, des chameaux aux palmiers, en passant par les lieux culte, à l'exception des monuments, qui demeurent de bon rapport. Pendant que le Maghreb conserve religieu- sement le souvenir du para- dis andalou. Dans les vieilles familles de Tunis, de Tlemcen ou de Fès, il semble que les clés de la maison perdue de Cordoue passent du père au fils aîné. Et, surtout, on entretient le feu gré- geois d’une musique éclose en Andalousie : la musique anda- louse.

La ala s’est imposée

essentielle- ment à Fès, Tétouan et Chefchaouen. Rabat, Salé et Oujda ont pris goût, elles, au tarab al-gharnati.

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