De retour sur le champ 1
Evelyne est enseignante en école maternelle. Elle a déménagé en Guinée en été 2017 pour diriger du- rant une année le jardin d’enfants d’ActionVIVRE Sud. Elle relate régu- lièrement ses expériences dans son blog – et détaille les différences qui existent entre son travail en Guinée et celui en Suisse. 14 octobre 2017 – Reconnaissante que le week-end soit arrivé, je suis assise, une tasse de Nescafé dans la main, et je réfléchis à ce que je vais vous parta- ger de cette semaine. Comme je veux mettre en lumière tous les aspects de ma vie ici, je ne vous cacherai pas que cette semaine de travail m’a bien fati- guée, pour différentes raisons : Le nombre des enfants du jardin d’enfants est passé de 9 à 13. Environ la moitié de ces 13 enfants n’ont jamais tenu de crayon dans les mains à la maison. De plus, ils y parlent seulement le pular et non le français. Comment ces enfants pourraient-ils comprendre ce qu’on attend d’eux : est-ce qu’ils doivent suivre une ligne ou colorier à l’intérieur d’une limite ?
L’idée est toute simple : c’est le dé co- loré qui détermine quelle rondelle de bois peut être prise. Celui qui a rem- pli le premier tous ses cercles blancs a gagné. Pour un enfant qui a passé les premières années de sa vie dans la brousse, sans jouets, ce jeu est un véritable livre fermé de sept sceaux : A quoi peut bien servir un dé ? D’accord, il faut le lancer. Ah bon, pas trente-six fois d’un coup ? Donc il doit passer de main en main. Le dessin qui se trouve sur le dessus aurait-il de l’importance ? Apparemment sa couleur me dit que j’ai le droit de prendre une pièce de la même couleur. Mais par contre je ne peux pas la placer n’importe où, elle va à un endroit particulier…
Comme les enfants guinéens sont très doués dans les tâches pratiques quo- tidiennes, je mets particulièrement l’accent au jardin d’enfants sur les ca- pacités intellectuelles. Il est très im- portant pour moi qu’ils comprennent vraiment ce que je leur enseigne et pas qu’ils l’apprennent simplement par cœur comme c’est souvent le cas en Guinée. C’est aussi la raison principale du soutien précoce au jardin d’enfants : une bonne base est posée et beaucoup des choses basiques qui sont apprises et pratiquées les aideront tout au long de leur parcours scolaire. C’est pour- quoi la formation est extrêmement im- portante déjà pour les plus jeunes.
Une fois de plus, je dois retourner au B-A BA dans ma planification de cours. Cela serait frustrant pour moi si les en- fants guinéens n’avaient pas d’autres capacités qui ne cessent de m’étonner : tresser les cheveux des poupées, re- mettre en place son pagne à toute vitesse et en attacher les cordons (avec un nœud de chaussures), laver ses ha- bits, porter des bidons d’eau sur la tête, entretenir le feu, s’occuper des petits frères et sœurs… Leur soif d’apprendre me surprend chaque jour : régulière- ment des enfants viennent me supplier de les enseigner. Des choses que l’on voit rarement en Suisse !
Extrait du blog updateguinea.blogspot.ch
Pour des petits Européens du même âge ceci n’est pas un problème, com- me pour les deux petits Suisses Eloan et Leandro – il y a tout au plus la préci- sion ou la tenue du crayon à améliorer. Un autre exemple : le jeu « Colorama ».
Quelques collaborateurs et équipes tiennent des blogs sur leur travail et leur vie. Vous trouverez tous les liens sur notre site web www.sam-global.org sous « Einsätze » (n’existe pas en français).
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