03-2018 F

FOI ET FORMATION

Nous constatons des niveaux de formation très va- riés. Des personnes d’origine du sud qui ont 60 ans et plus ont un niveau très élevé. Elles ont été formées dans le public juste avant et après l’indépendance (1960). Petit à petit, le niveau des écoles publiques a diminué pour arriver au plus bas au cours des 30 der- nières années. On a voulu se distancer du système des colons en croyant discerner derrière l’école la culture occidentale et le christianisme, même si les écoles pu- bliques sont laïques depuis très longtemps. Aujourd’hui, le niveau de formation d’une personne correspond au niveau social de sa famille. Les écoles pu- bliques offrant un niveau très bas, les parents qui le peu- vent envoient leurs enfants dans le privé. Nous côtoyons quotidiennement des musulmans illettrés dont la vie est très influencée par le fatalisme. Ils font très peu d’efforts pour scolariser leurs enfants : « Ce n’est pas grave si mon enfant ne sait pas lire, Dieu va trouver une solution. » Nous connaissons des enfants de notre villa- ge qui habitent à une centaine de mètres de l’école pu- bliquemais qui n’y sont pas inscrits. Déjà à 12-13 ans nous observons que ces enfants complexés et jaloux n’auront pas une vie facile et ne la rendront pas non plus aux au- tres. Souvent ils s’engagent dans l’armée et sont envoyés au front. Au village, ils n’ont pas beaucoup d’avenir. Les temps changent et les gens se rendent compte qu’avec l’agrandissement des villes et la disparition des terrains cultivables, leurs enfants devront trouver du travail. Or c’est difficile pour les analphabètes.

travail et restent en marge de la société. L’éducation par contre ouvre les portes de tous les domaines pos- sibles. Pour cesmusulmans, elle n’est donc pas premiè- rement liée à l’Occident, donc à la transmission de certaines idées, certains comportements et certaines structures du monde occidental. Pour eux, la qualité de l’enseignement est plus importante que l’aspect religieux. • Dans les écoles chrétiennes, les enseignants aiment leurs élèves : on appelle les parents si un enfant ne se présente pas plusieurs jours de suite. Les enseignants sont attentifs aux difficultés des enfants, visitent les familles. • Les enseignants chrétiens ont un comportement exemplaire, s’abstiennent du tabac et des boissons alcoolisées. • Les écoles privées sont rarement en grève, les ensei- gnants rarement absents. • Comme les enfants apprennent à connaître un point de vue différent de celui de leurs parents, ils gagnent en maturité et ils ont les compétences de discuter, débattre avec leurs parents. Ils acquièrent une autre vision du monde qui leur permet de faire des choix en connaissance de cause. LE CHEMIN EST LONG, MAIS IL EN VAUT LA PEINE Il est intéressant de constater que la plupart des élèves émanant d’une école supérieure chrétienne ont un bon témoignage là où ils sont actifs. La majorité des élèves d’origine musulmane n’ont pas choisi la foi chrétienne, mais leur justice, intégrité et fidélité font qu’ils se démar- quent des autres. Le chemin est long, mais nous sommes convaincus qu’une formation imbibée des principes bibliques contribue au développement positif d’une société.

DES ENFANTS MUSULMANS DANS DES ÉCOLES CHRÉTIENNES

Nous voyons aussi beaucoup de musulmans formés ins- crire leurs enfants dans des écoles privées chrétiennes (pour leur meilleur niveau) s’ils en ont les moyens. Pour eux, la formation prime sur l’aspect religieux. Pourquoi ces parents sont-ils prêts à faire ce compromis ? Une es- quisse de réponse : • Les musulmans ayant reçu une éducation solide sa- vent que la vie est très dure pour ceux qui n’ont aucu- ne formation. Ils n’ont aucune chance de trouver du

Florent NANG-TOUR et Patricia MOSER

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