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BOURSE & FINANCES

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JEUDI 8 OCTOBRE 2020

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Déficit public

Le Maroc de plus en plus addict à la dette extérieure Q u'elle soit bila- térale, multi- latérale ou de marché, la dette extérieure du Par A. Hlimi

◆ Après un bond de 9% en 2019, la dette extérieure du Maroc est condamnée à progresser encore plus rapidement en 2020 et 2021.

Le reliquat à financer par tirages

extérieurs est estimé à près de 25 Mds de dirhams au quatrième tri- mestre 2020.

Maroc a atteint 586 Mds de dirhams à fin 2019, en hausse de 9% par rapport à 2018, et devrait conti- nuer à progresser cette année. La Loi de Finances rectificative, concoctée en réaction à la pandémie, ouvre la voie à cette éven- tualité, puisqu'elle permet de rehausser le plafond de cette catégorie de dette de 31 Mds de dirhams à 60 Mds de DH. Depuis, le Maroc a accéléré les «accords» avec les institu- tions internationales et ses partenaires historiques pour des financements ciblés, concernant le sec- teur de la santé notam- ment. Il a aussi fait appel aux marchés internatio- naux en émettant 1 Md d'euros, emprunt appelé à être consommé à court terme, puisque le Maroc a fait face en début de semaine à une tombée en Euros d’un montant équi- valent. Et si l'on se fie aux pro- jections du budget rectifi- catif, le Maroc va de nou- veau devoir faire appel aux emprunts extérieurs durant les quelques semaines qui nous séparent de 2021. «Le

des 25% suite au relè- vement du plafond de la dette extérieure du Maroc, un niveau en ligne avec le benchmark de référence du Trésor. De ce fait, la dette exté- rieure devrait dépasser les 200 Mds de dirhams. Un chiffre à mettre en perspectives avec nos réserves en devises, qui devraient s'établir à près de 300 Mds de dirhams en fin d'année. Un mal nécessaire Plusieurs raisons vont jus- tifier que l'Etat privilégie la dette en devises durant cette période d'incerti- tudes. La principale est liée au risque d'éviction que l'on pourrait créer en mettant trop de pres-

sion sur les investisseurs locaux afin de financer le déficit budgétaire attendu à plus de 7% cette année. Ces investisseurs finance- raient l'Etat au détriment d'un secteur privé encore en réanimation. L'Etat souhaiterait également profiter de l'abondance des liquidités des investis- seurs étrangers, confron- tés à des taux de ren- dement extrêmement bas dans l'hémisphère nord. D'ailleurs, et même si les conditions de l'emprunt émis en septembre sont plus dures qu'en 2019, à cause de la hausse des primes de risque pour toutes les économies du monde, le taux appliqué reste meilleur que les conditions en local. Enfin,

et comme l'explique AGR, faire pression sur le mar- ché local expose «l'Etat à une volatilité accrue des taux souverains sur le court terme». Cette situation risque d'impac- ter négativement la dyna- mique du secteur bancaire ainsi que la valorisation de l'épargne publique, puisque les institutionnels locaux et les OPCVM s'ac- caparent plus de 60%de la dette intérieure du Trésor. En d'autres termes, l'Etat doit éviter impérativement une hausse des taux sur le marché local, qui provo- querait une correction sur le marché obligataire, seul compartiment du marché des capitaux, et pas des moindres, à se maintenir en forme après la crise. ◆

Trésor devrait poursuivre son recours au finance- ment extérieur auprès des institutions internationales ou encore sur les mar- chés des capitaux de la dette en devise d’ici la fin de l’année» , écrivent les analystes d'Attijari Global Research dans une note où ils estiment que le Maroc a bénéficié de bonnes conditions de sor- tie pour son emprunt. Ainsi, selon les calculs du bureau de recherche filiale du groupe Attijariwafa bank, «le reliquat à finan- cer par tirages extérieurs est estimé à près de 25 Mds de DH au qua- trième trimestre» . Dans ces conditions, la quote- part de la dette extérieure pourrait franchir la barre

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