P OLITIQUE
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JEUDI 8 OCTOBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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Présidentielles américaines
◆ Historiquement, les présidents démocrates n’étaient pas assez favorables au Royaume sur le dossier du Sahara. ◆ Les lobbies et les groupes de pression ont une influence sur les décisions de l’administration américaine et les autres institutions. Quels enjeux pour le Maroc ? L es présidentielles américaines sont très médiatisées partout dans le monde. Les pro- Par C. Jaidani Rabat a intérêt à renégocier son ALE avec Washington pour assurer un certain équilibre aux échanges
chaines élections ont un goût particulier avec la concurrence acharnée entre Donald Trump et son rival Joe Biden. Ce scru- tin est inédit dans l’his- toire américaine du fait de la maladie du président en exercice, qui a contracté le coronavirus à quelques semaines des élections. Le Maroc suit de très près ces événements. Et pour cause, les Etats-Unis avec qui il entretient des relations politiques et éco- nomiques séculaires, sont un membre permanent du Conseil de sécurité et, par conséquent, ont une influence majeure sur le dossier du Sahara maro- cain. «Malgré des hauts et des bas, les relations entre Rabat et Washington ont toujours été marquées par le respect mutuel et une volonté d’aller de l’avant dans le développement de la coopération à plusieurs niveaux. Mais chaque pré- sident apporte son style à la politique étrangère. Historiquement, le Maroc trouvait beaucoup de diffi-
commerciaux entre les deux pays.
cultés avec les Démocrates comparativement aux Républicains» , souligne Rachid Lotfi, professeur de relations internationales à l’Université Hassan II de Casablanca. Dans un système politique comme celui des Etats- Unis, le président a la main- mise sur la politique exté- rieure et la Défense. Il pilote les grandes orientations du pays sans être contrôlé par le Congrès et le Sénat. Toutefois, force est de constater que d’autres paramètres entrent dans ses décisions. «En politique, il n’y a pas d’amis ou d’ennemis, il n’y a que les intérêts. Les Américains incarnent par-
faitement ce principe. Par exemple, Hilary Clinton entretenait des relations privilégiées avec le Roi Mohammed VI. Mais son passage à la tête des Affaires étrangères améri- caines n’a donné aucune valeur ajoutée au dossier du Sahara, et ce à cause du lobby pro-algérien chez les démocrates», explique Lotfi. Il note que «contrairement à la position de la France qui est claire et pro-marocaine sur le sujet du Sahara, celle des Etats-Unis reste ambi- güe à cause justement de ces lobbys et des groupes de pression qui influencent non seulement l’adminis- tration américaine, mais
également d’autres institu- tions ou les médias». En effet, les relations maro- co-américaines autour du dossier du sahara sont compliquées. Deux émis- saires onusiens étaient des Américains, en l’occurrence James Baker et Christopher Ross. Lors de leur mandat, le dossier a connu plusieurs rebondissements, dont plusieurs n’étaient pas en faveur du Maroc. Pourtant, le Maroc est un allié stratégique des Américains notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Sur le plan militaire, le Royaume entre- tient des relations étroites avec l’armée américaine. Historiquement, une bonne
partie du matériel militaire marocain est américain. Cela est nettement visible avec le programme de modernisation mené depuis quelques années, permet- tant l’acquisition d’avions de chasse de type F16 ou des hélicoptères de com- bat Apache, sans compter les chars Abrahams de der- nière génération. ◆ En politique, il n’y a pas d’amis ou d’ennemis, il n’y a que les intérêts.
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