Finances News Heebdo N° 1057

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 MARS 2022

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ment de la reprise économique. «Le pétrole a atteint 140 USD en raison de possibles restrictions sur les expor- tations russes. Jusqu'à présent, tout le package de sanctions économiques imposées à la Russie avait exclu le sec- teur énergétique, car l'Europe en est fortement dépendante. La Russie est le deuxième producteur mondial, mais surtout, contrairement aux États-Unis qui consomment ce qu'ils produisent, la Russie exporte 74% de sa produc- tion. Ce serait donc un manque immé- diat ressenti sur le marché mondial» , confirme l’économiste Omar Fassal. En cela, les pays de l’OPEP+ se sont réunis la semaine dernière pour décider de la stratégie à adopter. Mais, malgré le contexte géopolitique actuel, rien n’en est sorti, puisque l’Organisation a décidé d'augmenter sa production de 400.000 barils par jour en avril, comme c'est le cas tous les mois depuis l'an dernier. Une mesure jugée décevante par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), car très insuffisante pour atténuer la hausse des cours. En effet, l’OPEP+ a acté, depuis mai 2021, une production supplémentaire de 400.000 barils par jour pour accom- pagner la reprise économique et éviter une hausse des prix. Sauf que l’offre n’a pas suivi face à une demande galo- pante : ce ne sont que 64.000 barils/ jour qui auraient été produits en plus entre décembre 2021 et janvier 2022. Cela explique les tensions sur le marché mondial. De plus, la volonté de l’OPEP+ d’augmenter la production se heurte à plusieurs contraintes, dont la première est technique : avec la crise sanitaire, certains pays n’ont pu investir dans des infrastructures à cause de la chute vertigineuse des revenus pétroliers. De fait, plusieurs pays ne peuvent produire davantage. Ceux qui peuvent le faire, comme notamment l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, ont les mains liées par les règles de l’OPEP+, qui imposent un quota de production à chaque pays. Et c’est là la seconde contrainte. Troisième contrainte : en raison des sanctions contre l’Iran, le pétrole de ce pays n’est pas commercialisé sur le marché mondial. Tout cela participe à cette flambée des prix. Cette situation contraint donc les pays occidentaux à puiser dans leurs

réserves stratégiques. Le président américain Joe Biden a ainsi promis de mettre sur le marché 30 millions de barils/jour, auxquels devraient s’ajouter 30 autres millions de barils/jour prove- nant des pays de l’AIE. Pas sûr cepen- dant que cela suffise à desserrer l’étau sur les prix, compte tenu notamment de la guerre en Ukraine. «Comme on n'aperçoit aucune désescalade en vue dans ce conflit, on ne peut espérer une baisse du pétrole que si deux conditions sont réunies. D'abord, il faudrait que l'industrie du pétrole de schiste améri- cain, qui dispose d'un outil de produc- tion très flexible, augmente rapidement sa production (qui est rentable pour eux à ce niveau de cours). Ensuite, il faudrait que les majors du secteur reprennent activement leurs investissements sur le forage et l'exploration, quitte à dégra- der leur empreinte carbone. Les pays africains producteurs, au sous-sol riche en hydrocarbures, pourraient d'ailleurs

profiter de ce regain d'intérêt des com- pagnies pétrolières», analyse Fassal. Et de conclure que «si ces deux condi- tions ne sont pas réunies, le prix devrait rester à des niveaux soutenus, ce qui ne manquera pas de pénaliser la relance mondiale post-covid et d'impacter les balances de paiement des pays impor- tateurs». Dans le même sens, la Banque mon- diale et le Fonds monétaire international estiment que «les prix des matières premières sont poussés à la hausse et risquent d'alimenter davantage l'infla- tion, qui frappe le plus durement les pauvres». Au Maroc, cette inflation importée reste très ressentie par les citoyens, par- ticulièrement au niveau des prix à la pompe : le gasoil est au-dessus de 11 DH le litre, alors que le sans plomb flirte avec les 13 DH le litre. Avec un risque de voir ces prix augmenter si le conflit entre l’Ukraine et la Russie persiste. ◆

Il y a deux ans, le cours du blé se négociait sur le marché international à 180 euros la tonne, alors qu’il atteint plus de 400 euros la tonne actuel- lement.

Blé Des importations de 2,6 Mds de DH rien qu’en janvier

E n raison de la sécheresse et de la hausse des prix des matières premières sur le marché international, le Maroc devra casser sa tirelire et mobiliser beaucoup de blé pour faire face à ses importations. Déjà, au titre du premier mois de l’année 2022, les importations ont presque atteint 51 Mds de DH, en hausse de 39,5%, selon les chiffres de l’Office des changes. Par produits, la facture énergétique augmente de 67% à 7,9 Mds de DH. «Cette évolution est tribu- taire, principalement, de la hausse des approvi- sionnements en gas-oils et fuel-oils (+1.712 MDH) due à l’accroissement des prix de 60,4% (6.436 DH/T à fin janvier 2022 contre 4.013 DH/T un an auparavant) », explique l’Office. Concernant les importations de produits alimen- taires, elles ont augmenté de 56,3% à 6,85 Mds de DH à fin janvier. Cette augmentation est due essentiellement à la

hausse des achats de blé qui atteignent leur plus haut niveau durant les cinq dernières années : ils passent de 901 MDH en janvier 2021 à 2,6 Mds de DH en janvier 2022. Cette évolution fait suite à la hausse simultanée des prix de +21,3% (3.238 DH/T à fin janvier 2022 contre 2.669 DH/T à fin janvier 2021) et des quantités, qui ont plus que doublé (805.000 T à fin janvier 2022 contre 338.000 T à fin janvier 2021). ◆

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