Argenteuil_2022_04_08

C O L L E C T I V I T É VROUM… SUR MON TI BICYK!

Simon Beauchamp et Monika Charlebois de la Boutique Aventure 78. —photo courtoisie

Louis-Robert Frigault, trocologue (du grec trocos, roue et logos, discours) —photo François Daniel

FRANÇOIS DANIEL nouvelles@eap.on.ca

parfois dépensé une petite fortune pour se le procurer voudront peut-être aller plus loin dans leur préparation. Ils consulteront alors quelqu’un comme Louis-Robert Frigault, qui exerce une spécialité rare qu’on pourrait appeler trocologie (de deux mots grecs : trocos, roue, et logos qui signifie parole ou discours et par extension, pratique). Dixit Louis-Robert: «il existe des vélos sans freins, sans vitesses, sans dérailleur, sans garde-boue, mais il n’y a pas de vélo sans roues.» C’est donc la roue qui fait le vélo et c’est de la santé de cette roue, pour ainsi dire, dont Louis-Robert va s’occuper. Une roue comporte quatre éléments: la jante sur laquelle on installe le pneu, le moyeu situé au centre, des rayons qui relient jante et moyeu et enfin des écrous pour fixer les rayons sur la jante. Chacun de ses éléments se décline en plusieurs configurations: les jantes seront de largeur différente selon qu’on a affaire à un vélo de randonnée, de course, de montagne ou un fatbike; les moyeux noirs, aluminium ou colorés, peuvent comporter des freins à disque ou une dynamo pour fournir de l’éclairage; les rayons aussi sont variables, souples ou rigides, en alu ou en fibre de carbone, ronds ou profilés. Il n’y a finalement que les écrous au sujet desquels il n’y a pas grand-chose à dire sinon qu’ils sont filetés pour recevoir les rayons et en régler la tension.

Lorsqu’on se présente chez Louis-Robert, on subit un interrogatoire intime qui déter- minera le type de roue qu’il fabriquera. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Louis-Robert Frigault, ci-devant prof à l’UQAM et mainte- nant copropriétaire et barista de la Station 210 à Saint-André d’Argenteuil, fabrique des roues. À la main. Pour ce faire, il doit connaître des choses à votre sujet. Quel genre de cycliste êtes-vous? De route pavée ou de chemin de gravier? De montagne? De compétition? D’hiver (fat bike)? Êtes-vous un cycliste agressif qui aime descendre les côtes à toute vitesse ou préférez-vous une conduite plus défensive? Surtout, quel est votre poids? C’est indiscret, mais essentiel parce qu’un cycliste de 60 kilos ne commande pas les mêmes roues qu’un athlète de 95 kilos ou plus. En outre, s’il fait du cyclotourisme, l’individu apportera avec lui son barda, ce qui ajoutera une charge supplémentaire dont il faut tenir compte. Mieux, quelqu’un qui passe ses weekends dans les chemins de gravier de sa campagne et le reste de la semaine dans les rues asphaltées de la ville souhaitera peut-être avoir deux jeux de roues. Le travail du trocologue consiste donc en premier lieu à proposer des choix. Une fois que l’usager a décidé, Louis-Robert se met à l’ouvrage. Il commande les composantes aux usines qui les fabriquent (aux EU, au Canada ou en Asie) et procède au laçage des

roues, c’est-à-dire à la fixation des rayons sur la jante, opération précise qui ne doit rien au petit bonheur la chance. Plus il y a de rayons, plus la roue sera solide. Le laçage lui-même peut varier selon que les rayons se croisent ou non. Et les croisements seront doubles ou triples, c’est selon. Bref, c’est très technique et très complexe. Tellement que les boutiques de vélos comme Aventure 78 confient les travaux de roues à des trocologues comme Louis-Robert à cause du temps et de l’expertise qu’ils exigent. Évidemment, ce service n’est pas donné. Il faut compter entre 750$ à 3 500$ pour un ensemble de deux roues. Pour les mordus de vélo, ce n’est pas si cher payé. Les maniaques de la motoneige dépensent bien davantage pour leur machine. Et puis, Louis-Robert travaille avec des matériaux haut de gamme. Il ne voit pas l’intérêt de reproduire à la main ce que des machines font déjà en manufacture, ce qui est le cas des vélos qu’on achète en magasin. Le cycliste passionné verra très certaine- ment la différence avec ses nouvelles roues faites main. Elles seront plus légères et les roulements des moyeux, de meilleure qualité, auront une mobilité plus douce ce qui demandera moins d’effort pour atteindre les mêmes vitesses qu’avec des roues de manufactures. Pour les aficionados, avec des roues sur mesure, on roule en plein le bonheur sur la route du paradis.

La neige fond dans les rues et le macadam apparaît entre les deux rangées de trottoirs. Pour les cyclistes, c’est un signe plus parlant que les bourgeons dans les arbres et les cris des oiseaux; enfin le printemps, le temps de décrocher le vélo et de rouler. À la boutique Aventure 78 sur la rue Principale à Lachute, Monika Charlebois et Simon Beauchamp s’activent: les demandes d’entretien annuel affluent. Il faut réserver et la liste d’attente au moment d’écrire ces lignes était déjà de deux semaines. Nettoyage, lubrification, ajustement des vitesses, vérification des freins consti- tuent l’entretien de base que tout cycliste consciencieux devrait confier à un vélociste chaque printemps. Si le vélo n’a pas roulé depuis longtemps, il faudra peut-être choisir un forfait plus complet comprenant un alignement des roues, un dégraissage, une vérification et un entretien des moyeux, etc. Cet entretien est important pour des raisons de confort dit Simon Beauchamp, mais aussi pour la sécurité du cycliste. Un vélo qu’on néglige exige plus d’énergie et fatigue davantage son usager qui, par voie de conséquences, devient plus susceptible aux accidents. Les cyclistes sérieux, les vrais, ceux qui voient leur vélo dans leur soupe et qui ont

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