FNH N° 1064 VE

S OCIÉTÉ

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FINANCES NEWS HEBDO

DU 28/29/30 AVRIL 2022

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Santé

◆ La pénurie de médecins s’est installée depuis plusieurs années au Maroc. En dépit des efforts consentis, la densité médicale et paramédicale demeure en deçà du seuil fixé par l’Organisation mondiale de la santé. Comment pallier le déficit criard de médecins ?

Royaume forment seulement 2.200 médecins par an ». Et de poursuivre : « Pour pallier ce problème, il est nécessaire de former plus de médecins. En revanche, cela exige un plus grand nombre de CHU, de Facultés de médecine et d’enseignants. La formation des médecins ne repose pas uniquement sur des cours théoriques, mais sur- tout sur des stages dans des hôpitaux, des cabinets ou des centres de santé, qui sont enca- drés par des enseignants méde- cins. Certes, nous avons assisté ces dernières années à l’inaugura- tion de plusieurs CHU et Facultés de médecine, mais ça reste tou- jours insuffisant ». Outre le nombre insuffisant de médecins formés chaque année, cette pénurie s’explique égale- ment par la fuite des cerveaux, un phénomène très courant dans le secteur médical. Selon le rapport du CNDH, le nombre de médecins formés au Maroc et exerçant à l’étranger oscille entre 10.000 et 14.000. « Annuellement, entre 600 et 700 médecins choisissent de quitter le pays. Une récente étude réalisée par plusieurs chercheurs marocains a révélé que 72% des étudiants en médecine ont l’inten- tion de partir s’installer à l’étran- ger juste après l’obtention de leur diplôme », souligne Dr. Hamdi. Pour remédier au manque de médecins, le vice-président de la Fédération nationale de la santé estime qu’il est indispensable de penser à des solutions «clas- siques» et d’autres «innovantes». « Certes, il faut former plus de médecins, mais pour l’instant, on ne dispose pas des moyens nécessaires pour réussir à faire

du jour au lendemain le double de ce qu’on fait actuellement », précise-t-il. « Parmi les solutions innovantes, permettre aux médecins ensei- gnants qui exercent dans le sec- teur privé de participer à l’enca- drement des étudiants en méde- cine et accorder aux cliniques des accréditations, sur des critères bien définis, afin d’en faire des terrains de stage et de formation pour les étudiants », a-t-il ajouté. Dr. Hamdi insiste sur la néces- sité de faire face au problème de l’immigration des médecins, notamment à travers la réforme des conditions de travail du per- sonnel médical et paramédical, que ce soit dans le public ou dans le privé. Dans ce sens, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, a indiqué, lundi 25 avril, en réponse à une question orale à la Chambre des repré- sentants, que son département planche sur la prise de mesures visant à endiguer le phénomène de l’exode des compétences médicales nationales en rendant le secteur de la santé plus attractif. Ainsi, le ministre a indiqué que des mécanismes innovants ont été adoptés, dont la loi n° 33-21 modifiant et complétant la loi n° 131-13 relative à l'exercice de la médecine, revoyant le statut des médecins et leurs conditions de travail et réformant la situation d’exercice de la profession, en élargissant le champ de formation dans les nouveaux hôpitaux uni- versitaires, ceux en construction ou encore en phase d'étude, en plus de la restructuration et la réforme du système de la santé tout entier. ◆

Le déficit en nombre de cadres de santé est évalué à quelque 32.000 médecins.

Concernant le secteur privé, on relève 5.182 médecins généra- listes et 8.440 médecins spécia- listes, ce qui représente un total de 13.622 médecins. Par ailleurs, le rapport du CNDH signale une répartition géogra- phique inégale des professionnels de la santé, majoritairement pré- sents dans les grandes villes du Royaume, ce qui prive de nom- breux citoyens de l’accès aux soins. Selon Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en systèmes et poli- tiques de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé, cette pénurie est essentiel- lement due au manque d’infras- tructures et aux moyens humains et matériels pour former les futurs médecins. « Cette question a été soulevée depuis plusieurs années, mais on n’a malheureusement pas pu trouver de solutions adéquates. Afin de combler ce manque, le gouvernement Jettou avait déci- dé, il y a plus de 16 ans, de former annuellement un total de 3.300 médecins, mais cet objectif n’a jamais été atteint. Aujourd’hui, les Facultés de médecine du

L e déficit en nombre de cadres de santé est évalué à quelque 32.000 médecins. C’est ce qui ressort, entre autres, du rapport « Effectivité du droit à la santé : Défis, enjeux et voies de renforcement », rendu public ven- dredi 22 avril par le Conseil natio- nal des droits de l’homme (CNDH). Avec un peu plus de 23.000 méde- cins en exercice, le Maroc figure sur la liste des pays identifiés par l’OMS comme présentant une offre médicale insuffisante. Pour se conformer aux normes de base de l’OMS, le CNDH estime que le Maroc a besoin de 32.000 méde- cins additionnels et de plus de 65.000 professionnels de la santé, dont des infirmiers et des techni- ciens. D’après la carte sanitaire dispo- nible sur le portail du ministère de la Santé, le corps médical exerçant au niveau des établisse- ments publics de santé se chiffre à 12.454 en 2020, dont 3.616 généralistes, 8.337 spécialistes, 323 dentistes et 178 pharmaciens. Par M. A. O. (stagiaire)

Selon le CNDH, le nombre de

médecins for- més au Maroc et exerçant à l’étranger oscille entre 10.000 et 14.000.

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