FNH numéro 1007

Découvrez le numéro 1007 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 21 janvier 2021 - 8 DH - N° 1007

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Banque mondiale 1,3 milliard de dollars en faveur du Maroc en 2020

Restrictions en Europe Le Maroc en mauvaise posture

Jesko Hentschel, directeur du département Maghreb et Malte à la Banque mondiale

P. 8/9

P. 18/19

Gros cafouillage autour des vaccins P. 14/15 COVID-19

Stratégie de Lesieur Cristal en Afrique

Bourse de Casablanca Les paris à faire en 2021

Enseignement

«Notre approche va être progressive»

«Nos universités (…) restent excessivement tournées vers la formation théorique»

● Samir Oudghiri Drissi, DG de Lesieur Cristal, revient dans cette interview sur les dessous et les enjeux de la nouvelle stratégie africaine de la société et de son actionnaire de référence, le groupe Avril. P. 12/13

P.11

Selma El Hassani Sbai, professeur universitaire

P. 24

Risques financiers

Textile

Quand l’urgence climatique devient urgence financière

Vers une production locale des marques turques ?

P. 10

P. 25

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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JEUDI 21 JANVIER 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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> Actualité

Voyons voir : La Covid-19 change de nationalité pour mieux nous pourrir la vie

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Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde

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> Bourse & Finances

Editorial

Semaine haussière, les mid-caps toujours recherchées Entretien avec Jesko Hentschel : La Banque mondiale a débloqué 1,3 milliard de dollars en faveur du Maroc en 2020 Risques financiers : Quand l’urgence climatique devient urgence financière Bourse de Casablanca : Les paris à faire en 2021 Entretien avec Samir Oudghiri Drissi : Stratégie de Lesieur Cristal en Afrique, «Notre approche va être progressive»

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Par Fatima Ouriaghli

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L es nouveaux variants du coronavirus effraient les gouver- nants. Le monde, petit à petit, se reconfine. Les économies sont meurtries par le durcissement des mesures restrictives. Pendant ce temps, en Chine, on croque la vie à pleines dents. On en oublierait presque que c’est de ce pays qu’est venue, il y a un an, cette Covid-19 qui a complètement bouleversé nos vies, notre perception de ce monde et surtout l’économie mondiale. Pendant que partout l’on se débat pour sortir de cette crise sanitaire et économique, la Chine nargue le monde. Comme en témoignent les statistiques sanitaires et économiques. Si l’on s’en tient aux chiffres officiels, l’empire du Milieu n’a enregis- LA CHINE NOUS A BIEN EUS COVID-19

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> Economie

Covid-19 : Gros cafouillage autour des vaccins Plan de relance : Des risques inflationnistes à l’hori- zon ? Reprise économique : Les restrictions en Europe mettent le Maroc en mauvaise posture Croissance 2021 : Faut-il tabler sur la demande inté- rieure ? Métiers de bouche : Les restaurateurs croulent sous les dettes Régionalisation avancée : L’indépendance financière permettra de mener à bien les programmes de déve- loppement Entretien avec Selma El Hassani Sbai : «Nos universi- tés (…) restent excessivement tournées vers la forma- tion théorique» Textile : Vers une production locale des marques turques ? Télémédecine : Un nouveau projet de loi pour mieux protéger les données à caractère personnel Industrie : Nexans ouvre une nouvelle usine à Midparc

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tré que 4.635 décès liés à la covid-19, pour une population de 1,4 milliard de personnes. Mieux encore, le 14 janvier courant, il a enregistré son pre- mier décès depuis huit mois. Le virus a ainsi tué 1,7 fois plus au Maroc (7.977 décès au 19 janvier) qu’en Chine, pays qui a su «dompter» la pandémie et qui affiche une santé écono- mique presque insolente. Au quatrième trimestre 2020, la croissance du PIB s’est en effet située à 6,5% par rapport

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Les Chinois ont profité de la crise pour nous fourguer masques, matériels médicaux et équipe- ments électroniques pour le télétravail.

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> Focus Agricole Vague de froid : Des effets mitigés sur les filières 28 > L'univers des TPME Accompagnement du tissu entrepreneurial : Bank Of Africa renouvelle son engagement 29 > Développement durable Réseau électrique intelligent : Un Centre de recherche de pointe sera construit à Benguerir Entrepreneuriat vert : Lancement du programme Green Business Incubator 30 31

à la même période en 2019. Et sur tout l’exercice, le taux de crois- sance atteint 2,3%, avec en toile de fond un excédent commercial en hausse de 27% sur un an, à 535 milliards de dollars, soit le niveau le plus haut jamais atteint depuis 5 ans. Oui, les Chinois ont profité de la crise pour nous fourguer du matériel médical, des équipements électroniques pour le télétravail, et surtout des masques, dont 224 milliards d’unités ont été exportées à travers le monde. Ils ont déve- loppé une véritable industrie de lutte contre la pandémie pour boos- ter leur économie en 2020. Ailleurs, on se livre presque à des calculs d’épicier pour limiter les déficits et l’ampleur de la récession. La zone Euro devrait ainsi affi- cher un recul historique de son PIB à -7,5%, les USA une récession de 3,6% et l’activité économique mondiale une chute de 4,3%. Et que dire du Maroc avec une récession estimée par le haut-commis- sariat au Plan à 7% ! Oui, la Chine nous a bien eus ! u

> Société Operation Smile Morocco : C’est parti pour la 22 ème édition ! 32

> Culture

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Marché de l’art : Ces bleus qui montent, qui montent…!

> High Tech

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Jeux vidéo : L'incurable addiction aux manettes

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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La Covid-19 change de nationalité pour mieux nous pourrir la vie

S ouvenez-vous de ce qu’avait dit Donald Trump au tout début de la pandémie, en mars 2020. Il avait qualifié le coronavirus de «virus chinois» . Le monde s’en était indi- gné, Pékin en premier, estimant que cette terminologie était raciste. Avec le recul, Pékin a peut-être eu raison de s’offusquer. Ce virus est-il vraiment chinois ? Peut-être que non. Deux éléments poussent à aboutir à une telle déduction. Le premier convoque l’histoire de la Chine. En 1979, le numéro un chinois, Deng Xiaoping, lance officiellement la «politique de l'enfant unique» , à laquelle le parti communiste met- tra un terme en octobre 2015, pour autoriser, dés le 1 er janvier 2016, tous les couples à avoir deux enfants. Or, le coronavirus est un chaud lapin qui a fait des milliers de petits (mutation). Le second fait appel à la «Loi sur la nationali-

Par D. William

té» de septembre 1980, qui dit que la double nationalité au bénéfice d’un citoyen chinois n’est pas reconnue par la République popu- laire de Chine. Les Chinois ne renoncent donc pas à leur nationalité et, s’il y en a, c’est extrêmement rare. Or, là encore, quatre des petits du coronavirus sont devenus tris- tement célèbres en troquant leur passeport : l’un pour devenir brésilien, l’autre anglais, un autre encore japonais et le dernier sud- africain. Aujourd’hui, ce sont ces quatre variants du coronavirus qui inquiètent le monde scien- tifique. Ils semblent nettement plus conta- gieux, et trois d’entre eux pourraient diminuer l’efficacité de la vaccination, notamment le Brésilien, le Japonais et le Sud-africain. Ce qui a d’ores et déjà poussé certains pays à multiplier les mesures de restrictions et à suspendre les liaisons aériennes avec ces pays. Le Royaume-Uni a en effet interdit les arrivées d'Amérique du Sud et du Portugal

sur son territoire, ce dernier pays entrete- nant des liaisons étroites avec le Brésil. De même, l’Italie a interdit les vols en prove- nance du Brésil, tandis que plusieurs pays ont suspendu les voyages à destination et en provenance de l'Afrique du Sud. Au Maroc, de nouvelles mesures ont été prises lundi après la détection du variant britannique au Port Tanger-Med chez un Marocain arrivé d'Irlande à bord d'un bateau en provenance de Marseille. L’accès au territoire national est ainsi interdit, depuis le 19 janvier, aux avions et passagers en provenance d'Aus- tralie, du Brésil, d'Irlande et de Nouvelle- Zélande. Ces pays s’ajoutent à l'Afrique du Sud, au Danemark et au Royaume-Uni, déjà concernés par cette même mesure. Avec ce variant découvert au Maroc et une campagne de vaccination qui n’a toujours pas démarré, la Covid-19 est décidément partie pour nous pourrir la vie cette année encore. ◆

Aujourd’hui, ce sont quatre variants du coronavirus qui inquiètent le monde scientifique.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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S uite à l’évolution de la situation épidémiologique au niveau mondial et à l'apparition de nouvelles variantes du virus dans des pays voisins, et dans le cadre des efforts continus visant à lutter contre la propagation de cette pandémie et à atténuer ses effets, le gouvernement a décidé de prolonger de deux semaines, à compter du 19 janvier à 21h, les mesures de précaution adoptées le 13 du même mois. Cette décision intervient sur la base des recommandations de la commission scientifique et technique concernant la nécessité de maintenir les procédures nécessaires pour lutter contre le coronavirus. ■ Covid-19 : Prorogation des mesures de précaution

Variants du coronavirus

Monétique

Le Maroc teste 30.000 élèves L’ opération de dépistage annoncée le 11 janvier en milieu scolaire vient d’être bouclée. Selon des sources auprès des ministères de l’Educa- tion nationale et de la Santé, «les résultats recueillis sont en cours de traitement» . Cette opération avait deux objectifs : déterminer le niveau de circulation du virus au sein des élèves et détecter la présence ou non de variants du coronavirus. Au total, le dépistage a concerné 30.000 collégiens et lycéens. «Ces élèves ont été testés au hasard», indiquent nos sources, soulignant que «ceux déclarés positifs ont suivi le protocole sanitaire en vigueur, avec notamment isolement et détermination des cas contacts». Par ailleurs, il sera ensuite procédé au séquençage, lequel permettra de caractériser génétiquement les variants circulants. Rappelons que les 30.000 élèves testés sont répar- tis entre Casablanca-Settat (10.000 élèves), Rabat- Salé-Kénitra, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Souss Massa, avec 4.000 élèves par région. ■

375 millions d'opérations en 2020 L es réalisations globales de l'activité monétique au Maroc se sont établies à 375 millions d'opérations pour un total de 322 milliards de dirhams en 2020, selon le Centre monétique interbancaire. Cette activité, qui comprend les opérations de retrait d'espèces sur le réseau des gui- chets automatiques bancaires (GAB), les opérations de paiement auprès des com- merçants et eMarchands, les opérations de paiement sur les GAB et les opérations de Cash Advance, par cartes bancaires, maro- caines et étrangères, ressort en régression de 9,4% en nombre d'opérations et de 7% en montant par rapport à 2019. S'agissant des cartes marocaines, elles ont enregistré, en paiements et en retraits, 365,4 millions d'opérations pour 310,4 Mds de DH (-6,9% en nombre et -2,3% en mon- tant). Ces opérations se répartissent en retrait (77,6% en nombre et 89,7% en mon- tant), en paiement chez les commerçants et eMarchands (21,8% en nombre et 10,2% en montant) et en paiement sur guichets L e trafic aérien enregistré au niveau des aéroports marocains durant l’année 2020 a connu une baisse de l’ordre de 71,48% par rapport à la même période de l’année 2019, avec 7.150.277 passa- gers. En décembre 2020, les aéroports du Royaume ont accueilli 622.934 passagers, en régression de 69,45% par rapport à la même période de l’année 2019. L’aéroport Mohammed V a accueilli 49% environ du

automatiques bancaires (0,6% en nombre et 0,1% en montant). Ainsi, les opérations de retrait par cartes marocaines sur les guichets automatiques au Maroc ont totalisé 283,6 millions d'opé- rations pour 278,3 Mds de DH au titre de l'année écoulée, en baisse de 10,3% en nombre et de 2,9% en montant par rapport à 2019. Les opérations de paiement par cartes marocaines auprès des commer- çants et eMarchands affiliés au CMI se sont, quant à elles, chiffrées à 79,7 millions d'opérations pour 31,7 Mds de DH, en pro- gression de 8,5% en nombre et de 4,1% en montant. ■

Le trafic aérien fortement plombé par la crise

trafic passagers global, soit 302.656 pas- sagers, en baisse de 64,61% par rapport à 2019. Les autres aéroports se sont inscrits sur la même tendance baissière : l’aéroport Marrakech Menara a accusé une dimi- nution de l’ordre de 87,83% avec 63.891 passagers et l’aéroport Agadir Al Massira a accueilli 36.014 passagers, en baisse de 78%. ■

9.882.829 C’est le nombre de transactions de paiement contactless durant l’année 2020, pour 1.638.151.139 DH, effectuées par les cartes bancaires NFC marocaines, sur les TPE sans contact des commerçants affiliés au CMI. Le ratio du contactless est de 25% en nombre des transactions et +11% en montant des transactions durant l’année 2020.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Le FMI met en garde le Kenya contre le recours à la dette publique pour financer son budget

Côte d’Ivoire : Des recettes fiscales supérieures aux attentes en 2020

Sénégal : Couvre- feu nocturne prolongé d'au moins huit jours

L e Fonds moné t a i r e internat io- nal (FMI) a mis en garde le Kenya contre le recours à la dette publique pour financer son budget, tout en lui conseillant de vivre selon ses moyens.

E n 2020, l'administration fiscale ivoi- rienne a réussi à collecter 2.346,5 milliards de FCFA de recettes, soit 50,6 milliards de FCFA de plus que l'objectif révisé de 2.296 milliards de FCFA. Dans les projections initiales du gouverne- ment d'avant le déclenchement de la crise sanitaire, le fisc devait rechercher 2.716 milliards de FCFA. Pour Sié Abou Ouattara, le Directeur géné- ral des impôts, le volume des recettes aurait pu être plus important n'eûssent été les exonérations et autres facilités accordées par le gouvernement au secteur privé au regard du contexte économique. ■

L e couvre-feu décrété le 5 jan- vier à Dakar dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19 a été prorogé de huit jours, avec interdiction de tout ras- semblement ou manifestation. Le gouverneur de la région de Dakar a pris à cet effet deux arrêtés por- tant, d'une part, interdiction tempo- raire de circulation entre 21h et 5h du matin, et d’autre part, de mani- festations et de rassemblements. «Afin de limiter la forte progression de la Covid-19 dans la région de Dakar, la circulation des personnes et des biens y est interdite, de 21h à 05h du matin, du 19 au 29 janvier», indique le gouverneur, soulignant que «tout contrevenant aux disposi- tions du présent arrêté sera passible des sanctions et peines prévues par les lois et règlements en vigueur» . ■

«Le Kenya ne devrait pas augmenter son budget s'il espère se remettre des effets de la pandémie de la Covid-19 et soutenir le système de santé» , a déclaré le porte-parole du FMI, Gerry Rice. «Le Kenya continue de faire face à un choc extérieur sans précédent qui mettra gravement en péril l’économie et la politique. Nous recommandons une pause dans l'ajuste- ment budgétaire pour tenir compte de l'augmentation des dépenses de santé et du soutien à l'économie pendant ce choc» , a affirmé Rice. Le FMI classe le Kenya parmi les pays à haut risque de surendettement, les prêts extérieurs étant le principal problème de son économie. ■

Manifestations en Tunisie après

Nigéria : Inflation record

plusieurs nuits de heurts

en 2020

D es centaines de jeunes tunisiens ont manifesté mardi à Tunis et à Sfax pour protester contre la pauvreté et la classe politique, après quatre nuits de troubles en raison de la profonde crise sociale. Les troubles avaient éclaté vendredi dans plusieurs régions au lendemain du dixième anniversaire de la chute de Zine el Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir par la foule le 14 janvier 2011. Lundi, le ministère de l'Intérieur a fait état de plus de 600 arrestations. Répondant notamment à des appels lancés

sur les réseaux sociaux, plusieurs centaines de jeunes se sont rassemblés mardi à Tunis et Sfax, bravant l'interdiction de rassemblement décrétée pour des raisons sanitaires. Pour le chef du gou- vernement, Hichem Mechichi, ces incidents «ne sont pas innocents» . ■

A u Nigéria, le taux d'inflation a atteint un niveau record à la fin de l'année 2020. En effet, à fin décembre, l'in- dice harmonisé du prix à la consommation (IHPC) a bondi de 15,75% en rythme annuel, selon les données du Bureau national des statistiques du pays. Cette hausse record est principalement expliquée par la progression de l'indice ali- mentaire qui, portée par la flambée des prix des denrées alimentaires, en l'occurrence de la viande, du pain et des céréales, a explosé de 19,56% à fin décembre. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Dette : La France emprunte 7 milliards d'euros sur 50 ans

L ’ État français a levé, mardi, sept milliards d'euros dans le cadre d'une émission syndiquée d'obli- gations à 50 ans, a indiqué l'Agence France Trésor (AFT). «Au terme de la construction du livre d'ordres, ouvert mardi 19 janvier en tout début de matinée et clôturé en milieu de journée, la demande totale a atteint près de 75 milliards d'euros, dont 7 milliards d'euros ont été servis» , a précisé l’AFT. Le prix a été établi à 95,895, reflétant un taux de ren- dement à l’émission de 0,593%, soit le niveau de taux à l’émission le plus bas jamais observé par l’AFT lors de ses opérations de lancement par syndication d’une

obligation de long terme à 50 ans. Le montant syndiqué a été alloué pour 35% à des gestionnaires d'actifs, 12% à des banques, 26% à des assureurs, 7% à des gestions alternatives et 2% à des institutions publiques. ■ Virus : L'Allemagne durcit et prolonge ses restrictions jusqu'à mi-février

L ’ A l l e m a g n e va durcir ses mesures contre la Covid-19, en rendant notamment obligatoire le masque médical dans

Les États-Unis ouvrent un nouveau chapitre avec l'arrivée de Biden

les transports et les magasins, et en prolongeant les res- trictions jusqu'au 14 février, a annoncé Angela Merkel. Toutes les restrictions déjà en place, comme la fermeture des écoles, bars, restaurants et lieux culturels, «s'appli- queront jusqu'au 14 février 2021» , a annoncé la chan- celière après presque huit heures de négociations avec les dirigeants régionaux. Outre le masque médical obli- gatoire, de nouvelles mesures ont été décidées, comme l'obligation pour les employeurs de privilégier le télétra- vail jusqu'au 15 mars au moins. «L'Allemagne n'exclut pas de rétablir des contrôles à ses frontières avec des pays membres de l'Union européenne face au danger du variant au Covid» , a également déclaré la chancelière allemande. ■

L e variant britannique du virus qui donne la Covid-19 continue de se répandre à travers le monde et était présent la semaine dernière dans 60 pays et territoires, soit 10 de plus qu'au 12 janvier, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le variant sud-africain qui, comme le bri- tannique, est beaucoup plus contagieux que ne l'était le virus SARS-CoV-2 origi- nellement, se diffuse plus lentement et est présent dans 23 pays et territoires, soit 3 de plus qu'au 12 janvier, précise l'OMS. Le variant britannique, signalé mi-décembre, est jugé 50 à 70% plus contagieux que le nouveau coronavirus originel, et est présent 60 pays et territoires L e président américain sortant Donald Trump s'est envolé mercredi pour la Floride, quelques heures avant la pres- tation de serment de Joe Biden qui arrive à la Maison Blanche en se posant en rassem- bleur d'un pays divisé, inquiet, meurtri. S'il a finalement souhaité bonne chance à son successeur dans un message vidéo, le tempétueux milliardaire ne l'a jamais féli- cité et - fait sans précédent depuis 150 ans - boudera sa cérémonie d'investiture à Washington. Joe Biden, qui accède à la présidence à 78 ans après un demi-siècle en politique, entend marquer dès le premier jour le contraste - sur le fond comme sur la forme - avec l'ancien

homme d'affaires de New York. La journée restera dans les livres d'histoire en particulier en raison de l'accession, pour la première fois, d'une femme à la vice-pré- sidence de la première puissance mondiale, Kamala Harris. ■

Chine : Le PIB en hausse

de 2,3% en 2020

Le variant anglais du coronavirus s'étend à au moins

L e PIB de la Chine a augmenté de 2,3% sur un an en 2020, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS). Toutefois, les ventes au détail des biens de consomma- tion en Chine ont baissé de 3,9% sur un an en 2020, a fait savoir le BNS. Premier pays touché par l'épidémie de la Covid-19, la Chine avait connu au premier trimestre 2020 un repli historique de sa croissance (-6,8%), après des mesures de confinement sans précédent qui ont plombé l'activité économique. ■

dans les 6 zones géographiques de l'OMS, alors que le variant sud-africain n'est pré- sent que dans 4 d'entre elles, a souligné l'OMS sans toutefois préciser lesquelles. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis janvier 2020

Semaine haussière, les mid-caps toujours recherchées ◆ Les incertitudes sanitaires ne semblent pas, pour le moment, altérer le moral des opérateurs. ◆ Le Masi boucle la semaine en progression, aidé par les grosses capitalisations.

permet à l'État de continuer à bouder le marché de la dette intérieure, provo- quant une dégringolade continue des taux d'intérêt et des conditions extrê- mement avantageuses pour le finance- ment de l'État. Cette semaine, le Trésor n'a levé que 3 milliards de DH, alors que les inves- tisseurs lui ont offert plus de 13 Mds de dirhams. Résultat : les taux à 13 semaines, 52 semaines et 2 ans ont enregistré des baisses respectives de 5 pbs, 4,3 pbs et 15,1 pbs pour le 2 ans qui est actuellement à 1,694%. Éléments graphiques D'un point de vue technique, le portrait graphique de l’indice n’a pas changé d’une semaine à l’autre. Le Masi évolue dans une zone de neutralité délimitée par un support à 11.100 points et une résistance à 11.600 points. Le franchis- sement de ces deux niveaux clés condi- tionnera la tendance à court terme. ◆

cin, aucun mouvement de consolidation n'est encore intervenu sur les actions. Pourtant, les perspectives de crois- sance pour l'année en cours peuvent se dégrader au fur et à mesure que les phases de confinement se pro- longent et que les vaccinations tardent à démarrer. Une recrudescence du stress pour- rait revenir, surtout si les anticipations micro (résultats des sociétés cotées du quatrième trimestre) font apparaître quelques désillusions sur une reprise dynamique de l’économie. Notons que le courtier M.S.IN prévoit que le mouvement de rattrapage enre- gistré durant le quatrième trimestre 2020 devrait se poursuivre en 2021, porté principalement par regain d'inté- rêt pour les titres cycliques «values». Les taux décrochent encore La situation confortable des finances publiques, malgré la crise sanitaire,

Par Y. Seddik

L es grosses cylindrées se sont relayées cette semaine pour faire sortir le marché (momen- tanément) de sa léthargie. Au terme de cette séquence heb- domadaire (du 12 au 19 janvier), l’indice a donc gagné 1,63% à 11.482 points dans un volume d’affaires fournis de 572 MDH. Cette semaine a encore profité aux mid- caps, qui continuent d’attirer les inves- tisseurs. Elles se sont distinguées avec des progressions de 19,54% pour DLM, 8,81% pour SNEP, 11,18% pour Sonasid et 7,93% pour Jet Contractors. Ces deux dernières ont d’ailleurs drainé des flux importants de respectivement 27 et 21 MDH.

D'un point de vue technique, le portrait graphique de l’indice n’a pas changé d’une semaine à l’autre.

Le volet sanitaire toujours en suspens

Malgré les fortes incertitudes sanitaires, doublées des problèmes autour du vac-

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◆ Face à la crise liée la Covid-19, la Banque mondiale a fait preuve d’une importante agilité pour permettre une nouvelle priorisation de ses interventions, selon les besoins du gouvernement marocain. ◆ D’autres appuis sont en cours de préparation, touchant notamment la digitalisation de l’Administration, en particulier la digitalisation des passations de marchés publics ou encore le développement de la petite enfance. ◆ Tour d’horizon avec Jesko Hentschel, directeur du département Maghreb et Malte à la Banque mondiale. La Banque mondiale a débloqué 1,3 milliard de dollars en faveur du Maroc en 2020

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Quelle a été la totalité de l’aide que la Banque mondiale a apportée au Maroc en 2020, lors de la crise liée au Coronavirus ? Ce soutien peut-il se poursuivre en 2021 sachant que la pandémie est encore-là ? Jesko Hentschel : Face à cette crise sans précédent touchant des sec- teurs vitaux de l’économie et affectant ménages et secteurs sociaux, la Banque mondiale a renforcé son appui au gouver- nement marocain pour tenter d’atténuer les effets de la crise. A cette fin, elle a débloqué une enveloppe de financement d’1,3 milliard de dollars durant l’année calendaire 2020. La Banque mondiale a tout d’abord déployé une réponse d’urgence au pro- fit du gouvernement marocain dans les premiers mois de la crise, qui s’est située à plusieurs niveaux : la restructuration d'un prêt de 275 millions de dollars pour la gestion des risques de catastrophe pour permettre un décaissement immé- diat des fonds face à l’urgence sanitaire; un prêt de 48 millions de dollars destiné à appuyer la réponse du ministère de la Santé face à la pandémie; et puis un financement de 500 millions de dollars en faveur de l’inclusion numérique et finan- cière pour accélérer le déploiement des solutions digitales et un meilleur accès au microfinancement. Dans cette seconde phase que nous entamons, notre accompagnement aux priorités du gouvernement marocain se poursuit, notamment dans le soutien à la phase de relance et la mise en œuvre de

La Banque mondiale a apporté son assistance technique et son conseil au gouverne- ment maro- cain dans l’élaboration des stratégies de relance.

chantiers structurants annoncés par SM le Roi. En décembre dernier, la Banque mondiale a mobilisé un prêt de 400 mil- lions de dollars pour soutenir le système de protection sociale. Le même mois, 250 millions de dollars ont été déployés en appui à la stratégie Génération Green pour renforcer l’inclusion économique, notamment des jeunes ruraux. L’autre soutien important est l’appui à l’améliora- tion de l’efficacité des transports urbains, à travers un financement de 150 millions

de dollars. D’autres appuis sont en cours de préparation, touchant notamment la digitalisation de l’Administration, en par- ticulier la digitalisation des passations de marchés publics ou encore le développe- ment de la petite enfance. Parallèlement à cet appui financier, la Banque mondiale a apporté son assis- tance technique et son conseil au gou- vernement marocain dans l’élaboration des stratégies de relance, notamment en ce qui concerne la mise en place du

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Fonds Mohammed VI pour l’investisse- ment. Cette assistance a également pris la forme d’un suivi et d’une veille des répercussions de la crise sur plusieurs secteurs vitaux. Je citerais par exemple l’évaluation de l’impact de la crise sur les municipalités ou encore sur les entreprises du secteur formel pour permettre une réponse informée aux défis engendrés par la crise. F.N.H. : Quelle lecture faites-vous des principaux indicateurs macro- économiques enregistrés par le Maroc en 2020 et des projections en la matière pour 2021 ? J. H. : Le Maroc est actuellement confronté à une lourde récession qui se traduit par un impact négatif sur le mar- ché du travail et sur les taux de pauvreté et de vulnérabilité. En 2020, l’économie marocaine se serait contractée de 6,3%, principalement en raison de la pandé- mie et de la sécheresse. Cependant, ce ralentissement de l’économie est comparativement moins grave que celui enregistré par d’autres pays de la région MENA. A titre d’exemple, on s’attend à une récession plus forte dans la plupart des pays voisins du Maroc, que ce soient les pays du sud d’Europe ou l’Algérie et la Tunisie. L’un des principaux atouts affichés par le Maroc pour le moyen terme est la solidité de sa stratégie de relance, ambitieuse à plus d’un titre. Tout d’abord, en termes de mobilisation des ressources, à un niveau bien supérieur à la moyenne des pays émergents et ceux en voie de déve- loppement (plus de 10% du PIB pour accompagner la reprise de l´économie). Ensuite, en raison des réformes structu- relles lancées dans les domaines de la protection sociale, des réformes du sec- teur public, du climat des affaires et de l’inclusion financière et digitale. La mise en place effective de ces réformes pour- rait jeter les bases d’une récupération de l’économie, qui pourrait se traduire par une croissance estimée à 4% pour 2021, un niveau supérieur à la moyenne des pays MENA. Néanmoins, la situation reste marquée par une forte incertitude: le rythme de la reprise économique du Maroc et du reste du monde dépendra de facteurs difficiles à prévoir, comme l’aggravation éventuelle de la pandémie ou la cadence de mise en œuvre des campagnes de vaccination.

L 'assistance de la Banque mondiale a éga- lement pris la forme d’un suivi et d’une veille des répercussions de la crise sur plusieurs secteurs vitaux.

F.N.H. : Dans ce contexte de crise sanitaire mondiale, quelles sont les réformes macroéconomiques et financières que le Maroc doit accélérer afin de faciliter la relance et la sortie de crise ? J. H. : Les politiques macroéconomiques saines menées par le Maroc conti- nuent d’être des gages de stabilité et de confiance des opérateurs économiques. Malgré la récession, l’augmentation de la dette publique et même le Downgrade de l’agence de notation Fitch, la crédibilité macroéconomique du Maroc reste stable, comme en témoigne l’accès favorable du Royaume aux marchés financiers inter- nationaux. Cependant, ceci n’exempte pas le pays de réformes structurelles pour accélérer la croissance économique, qui montrait des signes d’essoufflement même avant le début de la pandémie. Ces réformes devraient en particulier viser à promouvoir l’inclusion sociale en mettant l’accent sur les jeunes, les femmes et les travailleurs du secteur informel. Par ailleurs, la crise de la Covid-19 a sou- ligné l’importance de renforcer l’insertion financière et numérique des ménages et des entreprises. Des lacunes ont été rele- vées dans ce domaine en pleine crise. A titre d’exemple, la mise en place du pro- gramme Tadamon, qui s’appuie sur des plateformes financières et digitales pour faire parvenir l’aide aux ménages vulné- rables a été ralentie par la faible couver- ture financière et digitale. Aussi, l’impor- tance des outils numériques pour assurer la continuité du travail a été de nou- veau soulignée, notamment en période de confinement. Poursuivre les réformes pour créer les conditions pour l’élargissement de l’utilisation de ces outils numériques

s’avère donc essentiel, aussi bien auprès des secteurs public et privé qu’auprès des ménages. Enfin, la création du Fonds Mohammed VI pourrait jouer un rôle fondamental pour la relance, en permettant un soutien essen- tiel aux entreprises affectées par la crise. F.N.H. : Au regard du contexte actuel, quels seront les princi- paux axes du partenariat entre la Banque mondiale et le Maroc qui, bien avant la crise, s’est attelé à questionner son modèle de déve- loppement ? J. H. : Le partenariat stratégique entre le gouvernement marocain et la Banque mondiale est, comme vous le savez, le cadre qui régit les interventions de la Banque mondiale en appui aux priorités de développement du Royaume. Le cadre établi pour la période 2019-2024 se veut comme un cadre flexible permettant au fil de sa mise en œuvre d’apporter les ajus- tements nécessaires selon l’évolution du contexte de développement. Face à la crise de la Covid-19, la Banque mondiale a fait preuve d’une importante agilité pour permettre une nouvelle prio- risation de ses interventions, selon les besoins du gouvernement marocain. Mais, plus largement, la Banque mondiale et le gouvernement marocain effectueront une revue à mi-parcours cette année du cadre de partenariat, afin de recentrer l’action sur les secteurs prioritaires. Je pense que les questions de la création d’emplois par le secteur privé, le développement humain et l’équité territoriale, qui sont des axes figurant déjà dans notre cadre de parte- nariat, revêtiront une importance accrue dans cette prochaine phase. ◆

Le Maroc est actuellement confronté à une lourde récession, qui se traduit par

un impact négatif sur

le marché du travail et sur les taux de pauvreté et de vulnérabi- lité.

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Risques financiers

◆ S’engager pour une finance verte, accompagner la transition énergétique, prendre en compte les nouveaux risques liés au réchauffement et aux aléas climatiques… : ces priorités s’ajoutent désormais à l’agenda -déjà très chargé- des régulateurs et établissements financiers marocains. ◆ Cet article est le premier d’une série consacrée à l’impact du risque climatique sur le système financier, aux initiatives prises par les régulateurs et au défi méthodologique de la mesure de ce risque émergent. Quand l’urgence climatique devient urgence financière C’ est un sujet très peu abor- dé, quand bien même il est important. s'élèvent à plus de 800 millions de dollars. sur les risques climatiques au Maroc, avec l’accompagne- ment d’experts internationaux. Objectifs : se préparer aux effets du changement climatique et gérer les risques financiers qui en découlent. Par Y. Seddik

nomie dans son ensemble en induisant un resserrement des conditions financières, augmen- tant le risque de défaillance des portefeuilles de prêts et dimi- nuant la valeur des actifs. Les seconds impactent les institu- tions financières à travers leurs expositions à des entreprises dont les modèles d’activité ne reposent pas sur les principes économiques de réduction des émissions de carbone. Le Maroc, pays très exposé Ces changements sont déjà une réalité au Maroc. Ce der- nier figure parmi les pays les plus exposés aux risques géo- logiques et climatiques dans la région MENA. Selon une étude de la Banque mondiale sur les risques liés aux catastrophes naturelles, les pertes annuelles moyennes du Maroc liées aux catastrophes naturelles

En raison de sa position géogra- phique, de la forte variabilité des précipitations et de sa topogra- phie, le Maroc est régulièrement sujet aux inondations (comme en témoignent les dernières intempéries à Casablanca), cau- sant des pertes estimées à plus de 400 millions de dollars par an. La sécheresse et les trem- blements de terre sont aussi sources de risques pour le pays.

Les changements climatiques provoqués par l’évolution des conditions météorologiques comportent des menaces consi- dérables pour le système finan- cier. Ils posent également plu- sieurs défis aux régulateurs, qui devraient quantifier ces risques et mettre en place des mesures adéquates pour y faire face. À ce jour, deux types de risques sont identifiés : les risques «phy- siques» induits par la hausse des phénomènes climatiques extrêmes et les risques «de transition» liés à la migration vers des modèles économiques à bas carbone. Pour schémati- ser, les premiers affectent l’éco-

Complexité de mesurer ces risques Les investisseurs font face à une double problématique. D’un côté, financer la transition énergétique qui nécessite des fonds colossaux (2,4 trillions de dollars par an dans les 20 pro- chaines années). Et de l’autre, intégrer ces nouveaux risques climatiques dans leur proces- sus de prise de décisions, alors que dans la pratique, l’analyse de cette nouvelle famille de risques n’est pas chose simple. D’ailleurs, Abdellatif Jouhari, wali de BAM, avait expliqué lors de la Conférence interna- tionale sur la finance verte que «les risques liés au changement climatique, qu’ils soient phy- siques ou de transition, sont complexes à appréhender et à mesurer». Pour lui, « cette complexité est accentuée en l’absence d’un langage ou d’une taxonomie commune permettant de dis- tinguer les actifs verts et bruns, d’un manque de données suffi- samment granulaires et d’outils d’évaluation de ces risques, dont la nature est certaine, mais dont l’ampleur et les impacts sur le secteur financier restent mal cernés» . A suivre… ◆

Les pertes annuelles moyennes du Maroc liées aux catastrophes naturelles s'élèvent à plus de 800 millions de dollars.

La Banque centrale à l’avant-garde

Afin d’y remédier, Bank Al- Maghrib a récemment mis en place un projet d’élaboration d’une directive règlementaire où elle liste ses attentes dans le verdissement du système financier marocain en tant que régulateur. Initié pour maintenir la stabilité financière, ce projet demandera aux banques d’in- clure les préoccupations liées au changement climatique dans leur gestion et leur stratégie. Il vise également à étendre leur cartographie des risques à ceux liés à la dimension environne- mentale. En cela, BAM exhorte les banques à communiquer sur ces menaces en intégrant progressivement les recomman- dations du TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures, un groupe de tra- vail créé en 2015 par le Financial Stability Board). BAM s’apprête parallèlement à lancer une étude nationale

Risques physiques et de transition Les risques que présentent les changements climatiques pour l’économie se transmettent essentiellement de deux façons, mais peuvent avoir de nombreux impacts.

Risques de transition (Politiques publiques, technologies, préférences des consommateurs)

Risques physiques (Phénomènes climatiques extrêmes et évolution progressive du climat)

Destruction des actifs

Migration

Reconstruction/ remplacement

Baisse de valeur des actifs irrécupérables

Hausse des prix de lʼénergie avec bouleversements

Bouleversement des activités

Économie

Diminution de la richesse des ménages

Baisse des bénéfices des entreprises, augmentation du nombre de litiges

Baisse de la valeur des biens et des actifs dʼentreprise

Répercussions négatives du resserrement des conditions financières

Impact de la baisse de croissance et de productivité sur les conditions financières

Secteur financier

Pertes de crédit (prêts résidentiels et aux entreprises)

Pertes de souscription

Risque opérationnel (notamment risque de responsabilité)

Pertes de marché (actions, obligations, produits de base)

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Bourse de Casablanca

◆ Après la résilience de son portefeuille actions conseillé en 2020, BMCE Capital Research réitère l'exercice tout en opérant quelques ajustements sur son portefeuille recommandé pour 2021. Les paris à faire en 2021 E n dépit d’une situa- tion économique historiquement dif- ficile et d’un marché financier offrant très Portefeuille conseillé en 2021 Par A. Hlimi Portefeuille BMCE Capital Research pour 2021

Afin de constituer ce porte- feuille, BKR s'est appuyé sur une approche de type Top Down, combinant un filtre macro et sec- toriel permettant de tenir compte de l’environnement économique dans sa globalité, et une sélec- tion basée sur les caractéris- tiques fondamentales et quanti- tatives de chaque valeur afin de sélectionner les top performers des différents secteurs d’activité. «Nous avons ainsi choisi comme base de notre portefeuille des secteurs défensifs solides ayant fait preuve de résilience en 2020, à savoir les télécommunications, l’industrie agro et la distribu- tion alimentaire, auxquelles nous avons additionné les financières et des secteurs à plus fort poten- tiel de croissance tels que les NTIC et l’industrie chimique» , précise BKR. Après avoir passé un premier filtre sectoriel, 15 valeurs ont finalement réussi les Screening quantitatif (performance annuelle, volatilité et liquidité), boursier (PER, D/Y) et qualitatif (perspectives, qualité du mana- gement et recommandation). BKR a également sélectionné 7 valeurs hors portefeuille «qu’on considère comme étant à poten- tiel et que nous avons placé en zone de surveillance afin de les intégrer éventuellement dans notre portefeuille selon leur évo- lution durant l’année 2021». Une relance économique dépendante de l’éradication de la Covid-19 2021 se veut une année de reprise, avec un rebond attendu de l’économie nationale estimé

peu de visibilité, la sélection de valeur de BMCE Capital Research (BKR) parvient à tirer son épingle du jeu en 2020, comme nous l'indiquions il y a quelques semaines. Ainsi, en affichant une performance de +0,65% contre -4,11% pour son benchmark le Masi-RB, ce portefeuille affiche «un résul- tat honorable, redevable à une stratégie de base résolument défensive, parfaitement adap- tée à un contexte de crise couplée à des remaniements stratégiques ayant permis de saisir les quelques opportuni- tés offertes durant l’année» , se félicite BKR dans une nouvelle note de recherche. Les gains de ce portefeuille de valeurs sont principale- ment redevables à la perfor- mance exceptionnelle enregis- trée par les valeurs technolo- giques, notamment HPS avec une contribution de 3,7 pts, Sothema ou encore Label Vie. Pour 2021, les analystes de BKR s'attendent à une pour- suite de la reprise du marché boursier, qui devrait principale- ment profiter d’un arbitrage au profit du marché actions dans un contexte de taux favorable, et ce en raison du probable maintien du taux directeur à un niveau bas et de la reprise attendue de l’activité écono- mique, qui demeure néanmoins tributaire de l’éradication de la pandémie.

à +4,8% (vs. -6,6% en 2020), compte tenu d’une progression de la valeur ajoutée des acti- vités agricoles de +11%, sous l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne avec une pro- duction céréalière de 75 millions de quintaux, et de celles non agricoles de +3,8%. Les autres hypothèses à la base de cette estimation sont une reprise de la consommation finale intérieure de +3,6%, un déficit budgé- taire de 6,5% du PIB (vs. 7,5% en 2020), un cours moyen du

gaz butane de USD 350/tonne, un cours moyen du Brent de pétrole de 50 dollars et une inflation maîtrisée aux alentours de 1%. Partant de ce même postulat, le scénario central de BMCE Capital Research pré- voit un retour à une croissance économique de 4,3%, pouvant s’accélérer au gré du rythme d’éradication de la Covid-19 et du niveau de la récolte céréa- lière à réaliser en 2021 en cas d’un excellent bilan pluviomé- trique. ◆

EN BREF

Les taux décrochent suite à une forte demande des investisseurs BONS DU TRÉSOR La situation confortable des finances publiques, malgré la crise sanitaire, permet à l'Etat de continuer à bouder le marché de la dette intérieure, provoquant une dégringolade continue des taux d'intérêt et des conditions extrêmement avantageuses pour le financement de l'Etat. Cette semaine, le Trésor n'a levé que 3 Mds de dirhams, alors que les investisseurs lui ont offert plus de 13 Mds de dirhams. Résultat, les taux à 13 semaines, 52 semaines et 2 ans ont enregistré des baisses respectives de 5 points de base (pbs), 4,3 pbs et 15,1 pbs pour le 2 ans qui est actuellement à 1,694%. ◆

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◆ Samir Oudghiri Drissi, Directeur général de Lesieur Cristal, revient dans cette interview sur les dessous et les enjeux de la nouvelle stratégie africaine de la société et de son actionnaire de référence, le groupe Avril. On y apprend notamment que le principal challenge de Lesieur Cristal est de passer du statut d’exportateur à celui d’acteur de référence sur les marchés où la société s’installe. «Notre approche va être progressive» Stratégie de Lesieur Cristal en Afrique

Propos recueillis par A. Hlimi

Finances News Hebdo : L’annonce de la nouvelle stratégie de Lesieur Cristal et de son action- naire, le groupe Avril, en Afrique a été très médiatisée et bien accueillie par les investisseurs. Expliquez-nous les raisons pour lesquelles ce revirement stra- tégique a été opéré ? Quelle est la genèse de cette nouvelle stratégie ? Samir Oudghiri Drissi : Le dévelop- pement à l’international est un axe important du développement d’Avril et constitue un pilier du plan stratégique 2023 de Lesieur Cristal. Compte tenu de notre savoir-faire, du succès de notre modèle d’acteur de filière et des simi- litudes entre les marchés marocains et subsahariens, notamment en termes de distribution, le groupe a considéré que nous étions les mieux placés, en tant qu’Africains en Afrique, pour devenir le véhicule de développement du Groupe Avril en Afrique dans le domaine des biens de grande consommation. F.N.H. : Concrètement, cette stratégie se concrétise dans l’immédiat par l’acquisition de Cristal Tunisie et Oleosen. Chose qui a immédiatement fait réagir la Bourse. Qu’apportent ces deux entreprises à la per- formance financière future de Lesieur Cristal. S. O. D. : Nous avons pris un contrôle largement majoritaire au sein de ces deux unités, en acquérant les parts du groupe au sein de Cristal Tunisie et celle codétenues par Avril et Castel dans Oleosen, tout en conservant

Nous allons à court terme renforcer notre pré- sence au Sénégal et dans la région

UEMOA, à travers un

plan d’inves- tissement de 100 millions de dirhams.

Cela aura bien sûr un impact important sur notre business. Alors que nous réa- lisons 20% de notre chiffre d’affaires à l’export, nous avons l’ambition de réali- ser 20% de notre résultat à l’horizon de notre plan. F.N.H. : Vous allez piloter l’en- semble des activités du groupe Avril sur le continent africain. De manière opérationnelle, quelles sont les nouvelles missions de Lesieur Cristal ? S. O. D. : Notre principal challenge est

les partenariats avec les actionnaires locaux. Nous allons à court terme renforcer notre présence au Sénégal et dans la région UEMOA, à travers un plan d’investissement de 100 millions de dirhams pour développer les capacités de production d’Oleosen, avec l’ambi- tion d’en faire un acteur majeur au plan national et un leader régional. En plus de ces deux filiales, nous avons acquis le droit d’utilisation des marques du groupe Avril ainsi que son fonds de commerce sur le continent africain.

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de passer du statut d’exportateur à celui d’acteur de référence sur les marchés où nous allons nous implanter. Cela signifie un véri- table changement de position- nement et une organisation ad hoc afin de nous déployer sur l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis la production jusqu’au contact avec les consommateurs, en passant par la logistique et la relation avec la distribution. Le portefeuille des marques du groupe Avril dont nous sommes désormais les exploitants, vient compléter celui de Lesieur Cristal et nous permet de proposer à nos clients une gamme complète et compétitive de produits, huiles de table, huile d’olive, condiments et savons, sur l’ensemble des segments premium, medium et entrée de gamme. La complémentarité des fonds de commerce d’Avril et de Lesieur Cristal nous ouvre également de nombreuses synergies, cumulant notre connaissance respective des différents marchés. Nous allons bien sûr continuer à bénéficier du total soutien du groupe, notamment en termes d’achats et de négociation glo- bale. F.N.H. : Enfin, regardez- vous actuellement d’autres cibles en Afrique subsaha- rienne ? Si oui, pouvons- nous avoir une idée sur les zones géographiques qui vous intéressent le plus ? S. O. D. : Notre approche va être progressive. Nos efforts porteront dans un premier temps sur le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest, ainsi que sur des pays d’Afrique du Nord et d'Afrique Centrale que nous connaissons bien, comme la Lybie où les marques de Lesieur Cristal sont bien implantées, et le Congo qui est un marché déjà travaillé par le groupe Avril. Nous allons également poursuivre nos activités d’export depuis le Maroc, mais également depuis la Tunisie et le Sénégal vers de nou- velles destinations. Il va de soi que nous resterons à la recherche d’opportunités

pour continuer à renforcer notre «footprint» continental, selon les opportunités d’acquisitions qui se présenteront, notamment en Afrique de l’Est. Nous suivons par ailleurs de près la mise en œuvre de la Zlecaf et les avantages commerciaux qui pourront en découler pour nos

économies. Nous nous inscrivons enfin plei- nement dans la vision de par- tenariat Sud-Sud portée par Sa Majesté le Roi pour l’Afrique et nous sommes très fiers d’être un acteur de son intégration écono- mique. Les perspectives continentales

sont vastes, avec des marchés dynamiques qui connaissent des taux de croissance élevés et l’émergence de consommateurs dont les habitudes évoluent et qui sont friands d’innovation. Toute l’expérience de plus de 80 ans de Lesieur Cristal sera mise au ser- vice de ce nouveau challenge. ◆

POUR NE RIENRATER DE LABOURSE @bourse_news @boursenews www.boursenews.ma Bourse news

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