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BOURSE & FINANCES
JEUDI 19 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Panique sur les marchés N ulle part où se cacher, toutes les classes d’actifs sont en repli. Les actions sont en première ligne. Elles baissent partout : -15,6% Par Omar Fassal *
sur le S&P aux Etats-Unis depuis le début de l’année, et -24,6% pour le Nasdaq qui contient les valeurs tech- nologiques. En Europe, même son de cloche. L’Euro-Stoxx en zone Euro cède -14%, le CAC40 en France -11%, le DAX en Allemagne -12%, le FTSE250 au Royaume-Uni -15%. En Asie, le Nikkei au Japon baisse de -8%, et le Shanghai Composite en Chine de -15%. A la Bourse de Casablanca, le MASI se replie de -5%. Seule la Turquie échappe à cette tendance, avec une progression de 10% depuis le début de l’année. Trois facteurs expliquent cette forte chute. D’abord, les perspectives du conflit en Ukraine qui ne semblent point s’améliorer. Ensuite, les ruptures sur les chaînes d’approvisionnement mon- diales, en raison des confinements dans les grandes villes chinoises – y compris Shenzhen, Shanghai, et à présent Pékin – pour lutter contre une recrudescence de la pandémie du Covid. Enfin, le res- serrement monétaire entrepris par les grandes Banques centrales pour pallier - en partie - l’inflation. Un peu d’inflation a un effet positif sur les actions. On fait alors l’hypo- thèse que les entreprises les mieux positionnées sur leur marché, seront capables de répercuter à la hausse le coût des intrants en augmentant leurs prix, ce qui préservera leurs marges. Mais ici, l’inflation est trop élevée. Trop élevée au point où elle requiert des mesures de plus en plus fortes de la part des grandes Banques centrales qui sévissent, pour réussir à la maîtri- ser. Ce resserrement monétaire très important va ralentir la croissance, et probablement mener vers une réces- sion sur le dernier trimestre de l’an- née. Du coup, les entreprises seront impactées avec des résultats en berne, d’où la baisse des cours pour intégrer
cette contraction économique à venir. Le gouverneur de la Banque d’Angle- terre avait déjà reconnu publiquement que l’économie britannique bascule- rait vraisemblablement en récession au quatrième trimestre. Jérôme Powell, le gouverneur de la Réserve Fédérale, a annoncé cette semaine que «la Banque centrale américaine n’hésiterait pas à prendre des mesures extrêmes pour juguler l’inflation» et que «ramener l’inflation sous contrôle ne se ferait pas sans douleurs». Il n’en fallait pas plus pour faire craquer les marchés, qui redoutent désormais une récession américaine. D’autant plus que l’inflation américaine est restée scotchée au mois d’avril à un plus haut sur les 40 der- nières années à +8,3%, contre +8,5% au mois de mars, mais au-dessus des prévisions des économistes qui étaient de +8,1%. La hausse des taux directeurs des Banques centrales provoque une hausse des taux obligataires, et du coup, une baisse de leurs prix. Les performances sur les marchés obliga- taires sont donc également en repli. Aux Etats-Unis, les obligations souve- raines sont en repli de -10,4% depuis le début de l’année, les obligations d’entreprises de -13%, et les obliga- tions à haut rendement de -10%. En zone Euro, les obligations souveraines
sont en repli de -8,9% et sur les mar- chés émergents, elles cèdent -15,6%. L’or apporte un minimum de diversifi- cation, même s’il ne joue pas complè- tement son rôle de protection contre l’inflation. Il affiche un prix stable depuis le début de l’année, en repli sur une année glissante de -1,76%. Le Bitcoin connait également une année difficile, en baissant de -37%; il reste malgré cela à un plus haut sur les cinq dernières années. Seuls les produits énergétiques et agri- coles affichent des progressions affo- lantes. Le baril de Brent progresse de +43% depuis le début de l’année, et le gaz naturel de +116%. Avec un prix du baril de 111 dollars, la crainte est de voir un prix plus élevé peser davantage sur une croissance mondiale déjà ané- mique. Ces cours élevés sont naturel- lement au profit des pays exportateurs, qui en profitent pour reconstituer leur position financière après l’épreuve du Covid. Elément nouveau qui pourrait chan- ger la donne, Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale euro- péenne et désormais Premier ministre italien, souffle l’idée de former un cartel des acheteurs du pétrole. De la même façon que l’OPEP organise les princi- paux pays exportateurs de pétrole pour aligner leur position en vue d’optimiser
Avec un prix du baril de 111 dollars, la crainte est de voir un prix plus élevé peser davan- tage sur une croissance mondiale déjà anémique.
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