FNH 1005

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 7 JANVIER 2021

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Défaillances d’entreprises Un tsunami attendu au premier semestre 2021

◆ Les défaillances d’entreprises englobent les procédures de sauvegarde et les demandes de redressement ou de liquidation judiciaire. ◆ La violence de la vague des défaillances ne sera perceptible qu’en 2021. ◆ Amine Diouri, directeur Etudes et Communication d’Inforisk, alerte sur l’ampleur des dégâts que risque de causer la crise liée à la Covid-19 en 2021.

crédits garantis par la CCG, dénom- més «Damane». En d’autres termes, ces mesures, qui ont mis cer- taines entreprises sous perfusion, sont des facteurs explicatifs de la contraction de 50% du nombre des entreprises défaillantes entre mars et août 2020. A partir de septembre 2020, l’activité de défaillance des entreprises est repartie à la hausse, tout en étant sur les mêmes chiffres de 2019. Ainsi, de janvier à novembre 2020, le nombre d’entreprises défaillantes a baissé de 34% en comparaison avec 2019. F.N.H. : Tout le monde s’at- tendait à des niveaux record de défaillances d’entre- prises pour 2020 à cause de la crise. Or, visiblement, cela ne sera pas le cas. Cette situation paradoxale est-elle propre au Maroc ? A. D. : Il est vrai qu’il y a un décalage entre les chiffres des défaillances et les déclarations alar- mistes des patrons de fédérations sectorielles au Maroc. Du reste, ce paradoxe n’est pas propre au Royaume, puisqu’en France aussi, les professionnels s’attendent à une baisse de 30% du nombre d’entreprises défaillantes en 2020 en dépit du contexte pandémique. Néanmoins, la violence de la vague des défaillances en France sera perceptible au premier semestre 2021. Je pense clairement qu’on risque de vivre la même situation au Maroc pour moult raisons. L’effet de rattrapage va s’opérer durant le premier semestre 2021. Les tri-

bunaux de commerce marocains, qui ont accusé du retard dans le traitement du stock des dossiers de défaillances d’entreprises, feront remonter l’information au fur et à mesure. L’augmentation du taux de défaut de remboursement des cré- dits bancaires de la part des entre- prises en octobre 2020 (12% contre 9% pour les particuliers) est un signe avant-coureur de la hausse des défaillances d’entreprises en 2021. Les TPME ont des problèmes pour rembourser les anciens crédits bancaires. Or, à partir du début de l’année 2021, les sociétés doivent commencer à payer les crédits bancaires garantis par l’Etat via la CCG (Damane). Au regard de ce qui précède, le premier semestre 2021 risque d’être une période à haut risque pour les entreprises maro- caines. Et ce, dans un contexte de baisse d’activité et de chiffre d’af- faires par rapport au début de l’an- née 2020. L’état d’urgence sanitaire qui perdure impacte le business des entreprises à cause, quelque part, de l’instauration du couvre- feu, des restrictions de déplace- ments et des limitations d’activités (fermeture des restaurants). Les pays européens, dont certains sont des émetteurs de touristes pour le Maroc, sont en train de reconfi- ner nonobstant le lancement des campagnes de vaccination. Cette situation présage d’un début d’an- née difficile pour les entreprises marocaines évoluant, entre autres, dans le tourisme et la restauration. L’allongement continu des délais de paiement risque de corser davan- tage les choses en 2021.

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Aujourd’hui, quelle est la réalité du nombre des entre- prises défaillantes suite à la crise liée au coronavi- rus dont les stigmates per- durent ? Amine Diouri : Il est important de préciser que les défaillances d’en- treprises englobent les procédures de sauvegarde et les demandes de redressement ou de liquidation judiciaire. Au Maroc, Inforisk est une référence en matière de don- nées inhérentes aux défaillances d’entreprises, puisqu’elle s’em- ploie à collecter l’information en la matière. Pour rappel, à fin 2019, l’on a recensé près de 8.500 entreprises défaillantes. En ce qui concerne l’année 2020, elle a été ponctuée par 3 périodes. Le premier temps concerne la période d’avant-crise (janvier-février) : le nombre d’entre- prises défaillantes a cru par rap- port à la même période de 2019. La deuxième phase (mars-août) est singulière, puisque l’on a enregistré un chiffre inférieur de 50% à celui de la même période de 2019. Ce qui est paradoxal, eu égard à la crise propice à la multiplication des difficultés d’entreprises. Ce recul du nombre des défaillances lors de la deuxième phase s’explique, entre autres, par la fermeture des tribunaux de commerce à cause de la covid-19, les reports d’échéances des crédits bancaires et ceux inhé- rents aux impôts. A cela s’ajoutent les aides financières de l’Etat et les

F.N.H. : Gouverner, c’est aussi prévoir. L’Etat a-t-il les moyens de prévenir le tsunami qui se rapproche- rait dangereusement ? A. D. : La situation est com- plexe pour notre gouvernement. Contrairement à d’autres pays, pour ne citer que la France, un pays très endetté mais qui continue de soutenir les entreprises, le Maroc n’a pas des moyens illimités et des capacités d’endettement aussi larges que celles de l’Hexagone. Un Etat comme la France peut s’ap- puyer sur l’UE, composée de pays qui ont la possibilité de mutualiser leurs dettes. Ce qui n’est pas le cas pour le Maroc dont le déficit public augmente. Les ressources du fonds Covid-19 s’amenuisent également. La mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’inves- tissement est une bonne initiative. Il permettra d’aider les entreprises sous la forme de fonds propres. Mais l’investissement sous forme de fonds propres dans une entre- prise prend du temps et obéit à plusieurs critères. Ce Fonds ne pourra pas aider toutes les TPME. En somme, l’Etat n’a pas de fonds extensibles pour aider les entre- prises. ◆

De janvier à novembre

2020, le nombre

d’entreprises défaillantes a baissé de 34% en com- paraison avec 2019.

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