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ECONOMIE
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MERCREDI 31 MARS 2021
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Les autorités vont-elles alors poursuivre cette stratégie d’al- lègement durant le mois de Ramadan ? Vont-elles autoriser les prières dans les mosquées, repousser l’heure du couvre- feu… ? Ou vont-elles plutôt durcir les mesures restrictives ? Si l’idée d’un durcissement des restrictions fait son che- min, pas question cependant de revenir à un confinement strict, qui, pour l’instant, n’est pas justifié par «des raisons épidémiologiques », estime le Pr Said Moutawakkil, qui milite pour qu’on veille «au res- pect des mesures barrières en attendant l'arrivée des vaccins». Même son de cloche chez le Dr Tayeb Hamdi, pour qui il est «dif- ficile de revenir à un confinement strict, parce que, d’une part, c’est sous-entendre qu’il faudra s’y tenir jusqu’à vacciner les 80% de la population cible. Or, on ne peut affirmer qu’on aura l’im- munité collective en août, sep- tembre, voire même en janvier 2022, puisque cela dépend de la production mondiale de vaccins et de la réception des doses par le Royaume. En cela, on ne peut pas confiner la population durant toute cette période». «Néanmoins, faut-il attendre que la situation sanitaire se dégrade, avec notamment la propaga- tion des variants, pour ensuite prendre des mesures plus coer- citives ? Ou faut-il les prendre maintenant pour prévenir un tel risque» ?, s’interroge-t-il.
des conséquences catastro- phiques en Europe. Dès lors, il n’y a aucune raison pour que le Maroc ne soit pas confronté à la même situation. Si on ne prend pas toutes les dispositions nécessaires, nous risquons une troisième vague très sévère qui entraînera le durcissement des mesures restrictives». «Ce risque est bien présent, mais il est évitable si l’on arrive à frei- ner la propagation des variants», tempère-t-il cependant. L’analyse du biologiste Mounir Filali s’inscrit dans la même veine. Selon lui, «il y aura une troisième vague; il n’y a aucune raison que nous y échappions. La seule interrogation porte sur son ampleur et sa durée. Je pense que nous y ferons face dans 6 à 8 semaines. Je peux me tromper, bien sûr. En fait, j’espère me tromper» . Raison pour laquelle il « appelle donc, de grâce, la population, même si c’est diffi- cile, même si elle en a marre, de maintenir les gestes barrières et les précautions, spécialement les jeunes, qui n’ont pas été pour le moment vaccinés et qui risquent d’être plus touchés par cette vague». Le professeur Said Moutawakkil, anesthésiste-réanimateur, doc- teur en biologie et membre du Comité scientifique national, est, lui, moins alarmiste, estimant que même si ««les cas de variants anglais constituent un risque épi- démiologique et une véritable menace pour le Maroc, le foyer de Dakhla étant un véritable signe d'alarme, la situation reste relati- vement stable pour l'instant». Vers un durcissement des restrictions ? Au moment où certains profes- sionnels de santé tirent la son- nette d’alarme, les autorités ont un peu lâché du lest en permet- tant, sous conditions, la réou- verture des salles de sports et des hammams; des endroits clos, propices à la transmission du virus. Bonne ou mauvaise déci- sion ? Les avis sont partagés.
Le nombre de cas de contamination a progressé de 7,6% du 15 au 28 mars par rapport aux 14 premiers jours du mois.
Selon lui, «il faut avoir les chiffres réels des variants au Maroc et faire des campagnes de dépis- tage pour avoir une idée sur la présence du virus et de l’immu- nité dans la population, afin de pouvoir décider dans les jours et semaines à venir des décisions à prendre». Il reste cependant convaincu «qu’on ne doit pas se relâcher et qu’on aura certainement besoin de serrer la vis au niveau des mesures restrictives, peut- être en avril, mai et une partie du mois de juin, pour pouvoir, après, permettre une reprise des activités économiques, touris- tiques, sociales…». «Le timing dépendra de plusieurs para- mètres (nouveaux cas, présence des variants, taux de vaccination de la population, réception des doses de vaccins…)», conclut-il. Pour sa part, le Dr Mounir Filali plaide pour davantage de sensi-
bilisation de la population : «ce qu’il faudrait à mon avis pour éviter justement le confinement, c’est faire des rappels auprès de la population de manière mas- sive, pour respecter les gestes barrières et les mesures de pré- caution». «J’ai été récemment en visite dans une ville du centre du pays, plus personne ou très peu portent encore le masque. Devant les chiffres très bas actuels, les gens se relâchent et c’est normal. Mais c’est à nous, professionnels de santé, autorités…, de les alerter et de leur dire que la guerre n’est pas gagnée» , ajoute-t-il. C’est dire que la vigilance reste de mise aujourd’hui plus que jamais afin d’éviter la dégrada- tion des indicateurs sanitaires. Histoire de ne pas vivre ce que vivent des pays comme la France actuellement. ◆
Selon le Dr Filali, il faut faire des rap- pels auprès de la population de manière massive, pour respecter les
gestes bar- rières et les mesures de précaution.
Le profil des admis en réanimation change
Même s’il n’y a pas de statistiques officielles, les professionnels de santé sont unanimes à dire que le profil des patients en réanimation tend à changer, dans un contexte où les personnes âgées et celles à risque ont été vacci- nées. «La semaine dernière, nous avons observé une augmentation substantielle des admissions en réanimation. Les malades sont de plus en plus jeunes, avec un profil de gravité alarmant», constate le PrMoutawakkil. «Selon les impressions de différents patrons de services de réanimation de CHU que j’ai contactés, les patients accueillis sont deplus enplus jeunes», informede soncôté leDrHamdi. Toutefois, «celane veut pas direque c’est la faute à la forte circulation des variants. Parce que, si c’était le cas, on aurait eu une explosion de l’épidémie, avec une hausse sensible des contaminations, des décès et des cas en réanimation», ajoute-t-il. Selon lui, «s’il y a de plus en plus de jeunes dans les services de réanimation auMaroc, c’est à cause ou grâce à la vaccination des personnes âgées, lesquelles sont maintenant protégées».
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