FNH N° 1017

S OCIÉTÉ

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MERCREDI 31 MARS 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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◆ Au Maroc, plus de 33.000 patients sont traités par hémodialyse. ◆ Avec la pandémie Covid-19, la mortalité rapportée chez les patients dialysés est particulièrement élevée. ◆ Entretien avec le Pr Intissar Hadiya, médecin-néphrologue et écrivaine. La native de Rabat nous parle des maladies rénales au Maroc et de sa passion pour l’écriture. «La transplantation d’organes est avant tout un projet de société»

Propos recueillis par Ibtissam. Z.

Finances News Hebdo : Le 11 mars est la Journée mondiale du rein. Cette journée vise à sensibiliser la population sur ces maladies rénales fréquentes, silencieuses et qui s’avèrent mortelles. Qu’en est-il au Maroc et dans la région de l’Oriental, puisque vous exercez dans la ville d’Oujda ? Pr Intissar Haddiya : Partout dans le monde, le nombre des sujets atteints de maladies rénales chroniques est en constante augmen- tation. C’est pour cela que chaque année la Journée mondiale du rein est l’occasion de mettre la lumière sur cet organe et sensibili- ser sur le fardeau des maladies rénales. En effet, nos reins assurent une fonction vitale et peuvent être endommagés silencieusement. Les patients ne présentent généralement pas de symptômes, jusqu'à ce que la maladie rénale atteigne un stade avancé. Dans la région de l’Oriental, plus de mille patients sont actuellement traités par hémo- dialyse chronique. Toutefois, la communauté néphrologique et la société civile sont enga- gées activement dans l’effort de sensibilisa- tion et de soutien aux insuffisants rénaux. D’ailleurs, à juste titre, c’est l’une des régions du Maroc où il n’existe pas de liste d’attente pour la dialyse. . F.N.H. : La greffe rénale est le trai- tement qui présente les meilleurs résultats d’espérance de vie pour les patients souffrant de cette pathologie. Faut-il impérativement développer les greffes de rein, même si elles restent encore au stade embryonnaire ? Pr I.H. : Bien sûr, la transplantation rénale est le traitement idéal de l’insuffisance rénale chro- nique terminale, et ne peut être envisagée sans le don de reins. Pour ce faire, il est impératif

Le nombre de patients traités par hémodialyse

augmente quotidien- nement et

représente un véritable défi

pour notre système de santé.

d’informer les citoyens sur l’intérêt de cette méthode thérapeutique. Au Maroc, je ne dirai pas que la transplantation rénale est au stade embryonnaire, car beaucoup de chemin a été parcouru ces dernières années pour promou- voir cette cause. Le cadre juridique est bien établi et une grande volonté anime les équipes de néphrologie universitaire à travers le pays pour augmenter le nombre de greffes. Ceci dit, le frein majeur pour les patients démunis demeure le coût des traitements immunosup- presseurs anti-rejet, qui doivent être poursuivis à vie chez les patients transplantés, et qui ne sont pas pris en charge par le régime Ramed. La couverture sanitaire universelle permettrait certainement de braver cet obstacle. Aussi, la sensibilisation devrait être plus large et plus

régulière pour encourager le don intrafamilial et aussi après le décès (cas des donneurs en mort encéphalique). Car, la transplantation d’organes est, avant tout, un projet de société construit autour des valeurs de générosité et de solidarité pour sauver des vies. F.N.H. : La maladie rénale chro- nique est la 11ème cause de décès dans le monde. Elle toucherait plus de 3 millions de Marocains, avec tout ce que cela comporte comme souf- france au quotidien et coût excessif des séances d’hémodialyse. En cette période de la Covid-19, quel constat faites-vous ? Pr I.H. : Au Maroc, pus de 33.000 patients sont

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