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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 ET VENDREDI 17 AVRIL 2020

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Réserves en devises

◆ En quelques jours, le Maroc a pris deux décisions fortes : l’utilisation de la ligne de précaution et de liquidité et le déplafonnement de l’endettement extérieur. ◆ Les autorités font tout pour préserver des réserves en devises sous très haute pression actuellement. ◆ Mais la fin justifie-t-elle les moyens ? L'Etat joue ses dernières cartouches L e coronavirus a mis à genoux l’économie mondiale. Partout, les gouvernements ont fait Par D. Willam

L’encours des réserves internatio- nales nettes du Maroc se situe au 3 avril à 255 milliards de DH, hors LPL.

une entorse à la rigueur bud- gétaire dans une tentative de sauver leurs économies. Le Maroc, comme tous les autres pays touchés par la pandémie, s’est plié à cet exercice, utili- sant tous les mécanismes à sa disposition pour soutenir une activité économique fortement chahutée. C’est dans ce cadre d’ailleurs que le Royaume a fait le choix, le 7 avril courant, de tirer un montant de 3 milliards de dol- lars sur la ligne de précaution et de liquidité (LPL), rembour- sable sur une période de 5 ans, avec une période de grâce de 3 ans. Malgré les assurances données par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, Mohamed Benchaâboun, sur l’impact de l’endettement du Maroc (www.

boursenews.ma), cette opéra- tion laisse perplexes certains observateurs. Etait-elle hâtive ? C’est ce que pense l’écono- miste Driss Effina, qui juge cette décision du gouverne-

ment marocain «prématurée, ce qui va lui engendrer des coûts additionnels dans ce contexte difficile ». Il avance comme arguments le fait que l’encours des réserves

internationales nettes du Maroc se situe au 3 avril à 255 mil- liards de DH, hors LPL, « dans un contexte caractérisé par une réduction de la demande, avec comme conséquence moins

d’importations et d’exporta- tions ». A cela, s’ajoutent une conjoncture internationale mar- quée par une baisse des prix du pétrole (31 USD le baril), entraînant moins de pression sur la facture des importations énergétiques, mais également le fonctionnement au ralenti de plusieurs activités industrielles. Ces dernières ont ainsi besoin un contexte où les réserves ont pris un sacré coup. La hantise des auto- rités marocaines est de renflouer le stock de devises, dans

Les réserves en danger

Les réserves du pays sont sous haute tension. Actuellement, la hantise des autorités marocaines est de renflouer le stock de devises, dans un contexte où les réserves ont pris un sacré coup. «Tous les canaux qui alimentent nos réserves sont en train de s’épuiser (exportations, tourisme, IDE, MRE)», constate Akesbi, notant que «nous avons besoin d’endettement extérieur parce que nous avons un besoin urgent de devises». C’est pourquoi le Maroc a utilisé la LPL, dont le produit du tirage va être affecté à Bank Al-Maghrib, et a décidé de déplafonner l’endettement extérieur. «Ce n’est pas un choix, mais plutôt une nécessité face aux contraintes auxquelles nous faisons face», pré- cise-t-il, et ce eu égard notamment à l’élargissement de la bande de fluctuation du Dirham, dans le cadre de la seconde phase de la réforme du régime des changes, et à la crise économique provoquée par le coronavirus. «Les réserves en devises sont réellement en danger», renchérit-il. Or, pour pouvoir défendre valablement la parité du Dirham, d’une part, et importer des produits de première nécessité, d’autre part, il faut de la devise. «Il faut en avoir suffisamment, sinon c’est la catastrophe», alerte Akesbi.

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