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CULTURE

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VENDREDI 26 FÉVRIER 2021

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collectif pour les réaliser de manière concrète, et une volonté individuelle pour en faire un bon usage au service du développement et de l’épanouissement de l’humain.

F.N.H. : On remarque parfois que l’en- vie de lire vient dans des cas extrêmes, à savoir quand nous sommes heureux ou tristes. Pourquoi ces deux états d’âme aussi contrastés attisent-ils le besoin de lire ? A. H. : Tout simplement, la lecture demeure une échappatoire, un refuge sûr durant ces moments de bien-être ou de mal-être. C’est un endroit de calme et de sérénité face à une charge émotionnelle qui peut nous envahir dans ces moments particuliers. Un abri de prédilection pour s’évader et oublier ses soucis et se plonger dans la peau

Un amateur de littéra- ture vivrait en moyenne 23 mois de plus qu'un individu qui ne lit jamais. Aussi, une demi-heure de lecture par jour diminue de 23% les risques de mourir sur une période de 12 ans.

éveille des sens chez l’enfant et enrichit son vocabulaire. De ce côté, il faut développer et faire connaître toutes les actions au service du livre, de l’en- fant et de ses parents. A l’échelle des écoles, il faut multiplier les actions éducatives autour de la lecture (prix, concours, défis, salons, événements de pro- motion,...) dans lesquelles les professeurs peuvent engager leurs classes. L’objectif est de développer le goût de lire, s’impliquer dans un projet pour accompagner les élèves dans leur lecture et valoriser leurs progrès. F.N.H. : Est-il possible de percevoir un jour la lecture comme un besoin essentiel, comme respirer, manger, dormir … L’effort doit-il être indivi- duel, collectif ou les deux à la fois ? A. H. : Je ne pense pas que la lecture arrivera, un jour, à devenir un besoin essentiel à ce point. Personne ne mourra un jour parce qu’il n’a jamais lu un livre ou une phrase dans sa vie. Il succombera, en revanche, s’il ne respire pas, ou s’arrête de s’hydrater. Cependant, la lecture nourrit l’esprit, ouvre des horizons, permet un épanouissement person- nel, contribue à la préservation d’une bonne santé physique et psychique. La favoriser auprès des enfants dès leur jeune âge, faire son éloge dans les établissements scolaires et dans les médias, faciliter l’accès aux livres par la mise à disposition de biblio- thèques gratuites, etc., sont autant d’initiatives et d’actions qui permettraient de lui donner un rôle essentiel dans la vie de l’être humain : la découverte de soi, la construction de sa personnalité, l’ouverture aux autres, à de nou- velles cultures. Ces vœux nécessitent un effort

de quelqu’un d’autre afin de vivre une autre histoire que la nôtre. Se plonger dans un livre nous aide à oublier immédiatement ce qui nous entoure, nos soucis, nos, peines, nos déceptions... La lecture est à la fois un plaisir, un remède contre la solitude, l’ennui, le manque de sommeil, l’anxiété, et un outil pour mieux se connaitre, mieux s’auto-évaluer, s’auto-esti- mer et s’épanouir davantage. Lire par plaisir stimule le circuit dopaminer- gique de la récompense et procure de la gratification au lecteur. Ce dernier cherche à revivre cet état de joie et de bonheur, et ses motivations de faire de la lecture une source de procuration du plaisir augmentent. A l’opposé, les bienfaits de la lecture contre les moments difficiles (déprime, divorce, dépres- sion, soucis professionnels...) que peut traver- ser l’être humain sont réellement avérés. Un être averti, connaissant ces deux rôles que peut jouer la lecture, va donc se servir de cette possibilité ou la conseiller à quelqu’un d’autre pour soit se procurer du plaisir, soit atténuer, voire faire disparaitre l’impact de moments ou d’événements douloureux. Enfin, la lecture a un pouvoir magique pour échapper au contexte anxiogène qui nous entoure comme celui dans lequel nous vivons dans ces moments difficiles de crise sanitaire. C’est une bouée de sauvetage qui nous aide à avancer et nous sentir bien en nous procurant des moments magiques, en nous plongeant dans le monde infini et merveilleux de notre imaginaire. La principale vertu de la lecture est de nous rendre heureux. Elle protège le cerveau et notre mémoire. Lire un bon livre est une activité intellectuelle, qui renforce le cerveau, le rend vif et l’aide à lutter contre toute détérioration cognitive. ◆

équilibré est essentiel : une hygiène de vie res- ponsable, une alimentation équilibrée, un som- meil sain, une pratique régulière de l’exercice physique, un évitement des comportements à risque et une recherche permanente de ce qui procure un réel épanouissement personnel et du bonheur. F.N.H. : La lecture est une culture, mais malheureusement elle n’est pas assez ancrée et développée au Maroc. Même si des initiatives sont prises de part et d’autre, elles restent insuffisantes. Comment peut-on y remédier ? A. H. : Au Maroc, la présence d’un dialecte plus ou moins différent d’un endroit à l’autre laisse penser que la langue arabe est réduite à une fonction instrumentale, celle qui sert l’Etat dans l’édition de lois, dans la diffusion de l’information. De même, le pays a connu une colonisation où une autre langue a été imposée comme langue officielle de l’Administration. Ce contexte a donc éloigné les Marocains de la langue arabe. Cette situation a fini par occulter également la beauté de la langue arabe, et n’a pas permis aux acteurs de l’enseignement et de la pédagogie de faire aimer cette langue aux citoyens. Cela explique, en partie, cette désertification de la lecture. Dans ce contexte, la lecture devrait faire partie des habitudes à introduire chez les adultes et chez les tout-petits. Il faut qu’il y ait un effet «miroir» chez l’enfant à la maison pour lui procurer le goût de la lecture. Les parents doivent donner le bon exemple. Il faut séduire les enfants dès leur plus jeune âge et les conduire dans l’apprentissage de la lecture d’une manière régulière. Cette activité ren- force le lien entre les parents et les enfants,

La lecture devrait faire partie des habitudes à introduire chez les adultes et chez les tout- petits. Il faut qu’il y ait un effet «miroir» chez l’enfant à la maison pour lui pro- curer le goût de la lecture.

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