FNH N° 1146 Full

30

VENDREDI 29 MARS 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

POLITIQUE

Algérie

Mal élu en 2019, Tebboune rempile le 7 septembre J eudi 21 mars, un bref communiqué officiel a fait de chômage... Un bilan de quatre ans que le président Tebboune a jugé cependant utile de présenter le 26 décembre dernier devant le Parlement (Assemblée natio- nale populaire et Sénat), comme le lui permet la Constitution (art. 150), qui fait cependant réfé- rence à l'adresse d'un «message». Le seul précé- dent de convocation du Parlement par le chef de l'État remonte à 2016, avec Abdelaziz Bouteflika à propos de la révision de la Constitution et de la possibilité pour lui de briguer un quatrième mandat.

état de la tenue d'une élection présidentielle anticipée fixée au samedi 7 septembre prochain. Il a été publié à la suite d'une réunion présidée par le chef de l'État, Abdelmadjid Tebboune, en présence du Premier ministre, des présidents des deux Chambre du parlement, du chef d'état major de l'armée (Salah Chengriha) et du président de la Cour constitutionnelle. Il faut bien le dire : cette décision a totalement surpris tout le monde, alors que la tenue de ce scrutin était normalement pré- vue en décembre prochain, au terme du mandat de cinq ans de A. Tebboune. Surprise donc et perplexité. Sur les réseaux sociaux, l'étonnement est général : «Mafhemna walou...». Il n'y a eu qu'un seul précédent d'une pré- sidentielle anticipée : en septembre 1998, le président Liamine Zeroual annonçant qu'il ne serait pas candidat. Or, il n'y a rien de tel dans ce communiqué. C'est d'autant plus probléma- tique qu'il y a quelques semaines seulement, le 27 février, l'agence officielle Algérie presse service (APS), directement reliée à la direction de la Communication de la présidence de la République, répondait à des rumeurs sur un pos- sible report du scrutin présidentiel et faisait cette précision : «Les élections auront lieu en temps, tel que c'est prévu par la Constitution, et ce par respect pour le peuple algérien, seul détenteur de la souveraineté». Passif du bilan Que s'est-il donc passé pour que le président Tebboune prenne cette décision, la Constitution lui donnant cette prérogative selon les dispo- sitions de l'article 91 ? A un premier niveau d'analyse, on serait tenté de dire qu'il n'y a pas «péril en la demeure». Malgré le passif de son bilan dans tous les domaines, tant en interne qu'à l'international, pas de crise politique, ni de crise institutionnelle, ni de graves dissensions au sommet de l'État, malgré les luttes intestines et les règlements de comptes récurrents entre les clans militaires (une bonne trentaine de généraux en prison, des dizaines d'autres mis d'office à la retraite, sans parler de l'extrême instabilité des responsables de l'appareil sécuritaire civil et mili- taire). Faut-il prendre en compte un désaccord de fond avec notamment une partie de l'establish- ment militaire ? Le président Tebboune est âgé : il a 79 ans, avec une santé chancelante par suite

Cela fait trois mois, depuis son discours au Parlement. La presse officielle a été à cette occasion dithyrambique : «L'Algérie se porte bien», «L'Algérie se développe, ayez confiance en notre peuple», «Un discours pour l'histoire». Des parlementaires lui ont demandé de briguer un second mandat. Il a répondu : «La parole revient au peuple, et que Dieu nous prê te la santé nécessaire»... Publiquement, il ne fait pas part de ses intentions futures. Mais en son for intérieur, il œuvre constamment dans la perspective d'un second mandat (2024- 2029). A ses visiteurs de confiance, il explique que son œuvre est inache- vée par suite de la pandémie Covid-19 (2020- 2022), de son hospitalisation et de sa longue convalescence. Soutien de l’armée ? Alors ? Peut-être faut-il avancer une autre lecture ? Il est connu que la direction de l'armée était divi- sée sur le soutien à lui apporter compte tenu de son peu de charisme, de son insuffisante capa- cité à réaliser l'union et des fortes incertitudes ne pouvant que s'accentuer dans les années à venir. De plus, le patron de l'ANP et ses généraux esti- maient qu'il était difficile, dans le contexte social et politique actuel, d'attendre durant de longs mois, jusqu'à décembre 2024, pour régler la pro- blématique du locataire du palais d'El Mouradia. Selon certaines informations, il était favorable à un scrutin plus rapproché, au lendemain du mois sacré du Ramadan pour lever cette hypothèque. Un accord se serait fait à cet égard pour le 7 sep- tembre prochain. Une date qui présente plusieurs avantages : prendre de court d'autres candidats et profiter des mois d'été qui ne favorisent pas la mobilisation des campagnes électorales des autres candidats; éviter que la campagne n'ait lieu en pleine rentrée scolaire et sociale, une séquence

Par Mustapha. SEHIMI / Professeur de droit (UMV Rabat) Politologue

de la pandémie Covid-19 dont il a réchappé après une longue hospitalisation en Allemagne durant plusieurs mois (29 octobre 2020 - 29 décembre 2021), puis le 10 janvier 2022 pour une interven- tion chirurgicale au pied, et enfin le 22 juillet 2023 avec son évacuation à la fin de sa visite officielle en Turquie. Cette dernière hospitalisation n'a pas été rendue publique et ne lui a pas permis de participer au sommet Russie - Afrique le 27 juillet à Saint-Pétersbourg, présidé par son «ami» Vladimir Poutine, se faisant représenter alors par son Premier ministre, Aimen Benabderrahmane. Cela dit, l'hypothèse d'un second mandat était dans l'air depuis des mois. La propagande offi- cielle entretenant ainsi le thème de «L'Algérie Nouvelle», voulant traduire le changement avec les vingt ans de la présidence de Bouteflika (1999- 2019) et marquer le retour sur la bonne voie. Elle met ainsi en relief ces indicateurs : des réserves de change de 70 milliards de dollars grâce à l'envol des cours des hydrocarbures, excédent du compte courant, diminution du déficit budgétaire, etc. Mais en creux, des indicateurs en rouge : 10% d'inflation, croissance de 2% en 2024, 12% A ses visiteurs de confiance, Tebboune explique que son œuvre est inachevée par suite de la pan- démie Covid-19 (2020-2022), de son hospitalisation et de sa longue convalescence.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker