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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
MARDI 31 MAI 2022
www.fnh.ma
◆ En 2022, le Maroc devrait enregistrer une croissance marquée des défaillances de ses entreprises. ◆ Des solutions de hedging peuvent être une alternative crédible à l'inflation constante des coûts. ◆ Entretien avec Hicham Bensaid Alaoui, CEO de Allianz Trade Maroc. Le Maroc devrait être épargné en 2023 Défaillances des entreprises
Propos recueillis par Y. Seddik
Finances News Hebdo : Selon votre dernière étude, les défaillances au niveau mondial croîtront de 10% en 2022 et de 14% en 2023. Quels sont les principaux facteurs derrière cette hausse ? Hicham Bensaid Alaoui : Les facteurs de fragilité sont malheureusement assez clairs. Mais si le diagnostic est rela- tivement aisé, les réponses concrètes permettant une réelle sortie de crise le sont malheureusement significativement moins. Tout d'abord, le monde n'a toujours pas digéré deux années de décroissance éco- nomique (cumulée) induite par la pandé- mie du Covid, ce qui s'est traduit aussi bien par une baisse de la demande que par une obération des perspectives futures de croissance à travers des investissements moindres, notamment en capacités, mais également en recherche et développe- ment. Ensuite, la guerre en Ukraine a induit de profondes perturbations au niveau des circuits d'approvisionnement, notamment en matières premières, agricoles ou non. Cela a engendré, dans son sillage, des croissances très marquées des besoins en fonds de roulement des entreprises d'économies majeures, particulièrement en Asie et en Europe, d'un point de vue géographique dans les secteurs des biens de consommation des ménages, et en électronique d'un point de vue secto- riel. Enfin, il convient évidemment de souligner le rôle déterminant joué par les plans éta- tiques de sauvegarde qui, au-delà même de la pérennisation de certains secteurs d'activité et de certaines entreprises, ont même abouti à d'assez contre-intuitives décélérations des défaillances d'entre- prises en 2020 et 2021. C'est donc une conjonction de facteurs qui explique nos
Au niveau mondial, les défaillances escomptées pour 2023 devraient décroître de 2% compa- rativement à 2019.
prévisions, entre phénomène mécanique de 'rattrapage' là où les plans de sau- vegarde étatiques avaient eu pour effet de masquer quelque peu l'étendue des dégâts, et guerre en Ukraine ayant engen- dré, au-delà du drame humain qui est en train de se jouer, de profondes implica- tions économiques négatives. F. N. H. : Sommes-nous à des niveaux normatifs par rapport à la période d’avant-crise sanitaire ? H. B. A. : Bonne question ! Car il est vrai que, factuellement, la croissance des défaillances d'entreprises en 2019 était de l'ordre de 8%, soit moins que nos pré- visions pour l'année en cours et l'année suivante, mais pas radicalement inférieure aux 10% et 14% escomptés pour ces
deux années. En corrigeant l'analyse des deux années 2020 et 2021 dont le niveau de défaillances, comme indiqué précé- demment, était anormal, il apparaît qu'au niveau mondial, les défaillances escomp- tées pour 2023 devraient décroître de 2% comparativement à 2019, ce qui semble quelque peu révélateur d'un certain retour à la stabilité. F. N. H. : Qu’en est-il des données concernant le Maroc ? H. B. A. : Le Maroc, au titre de l'exercice 2022, devrait enregistrer une croissance marquée de ses défaillances d'entreprises à 12% comparativement à l'exercice 2021. Cette croissance, en tous points similaire à celle de la zone Euro, qui com- prend les principaux partenaires écono-
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