FNH N° 1048

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

DU 23 & 24 DÉCEMBRE 2021

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pétence humaine importante. A ce jour, sur 8.000 bébés malades au Maroc, on ne parvient à opérer que 10%. Où réside réellement la problématique ? Dr S. E. : J’ai toujours clamé haut et fort que le problème est lié au manque impor- tant de spécialistes dans le domaine de

la cardiologie pédiatrique et de la chirurgie cardiaque pédiatrique au Maroc. Ce manque explique l’ab- sence de centres suffi- sants médico-chirurgicaux de cardiologie pédiatrique. Nous espérons que dans tous les hôpitaux publics de référence du Royaume puissent se dévelop-

L’amélioration de la situation de ces enfants passe par la communication, la sensibilisation, la prévention et une véritable prise de conscience.

per ces spécialités, ce qui permettra de prendre en charge et de sauver les bébés atteints de malformations car- diaques. Aujourd’hui, ce sont de rares cli- niques privées situées dans l’axe Rabat- Casablanca qui prennent en charge ces nouveau-nés. Cela est très insuffisant, d’autant que ce sont souvent des chirur- giens cardiaques adultes qui les opèrent par manque d’un nombre suffisant de chirurgiens cardiaques pédiatriques exclusifs. F.N.H. : L’association «Les bonnes œuvres du cœur» a été la pre- mière association à prendre en charge les enfants atteints de cette pathologie dans leRoyaume. Parlez-nous du chemin parcouru durant plus de 26 ans de mis- sions et êtes-vous satisfait ? Dr S. E. : Effectivement, c’est un très long chemin semé de beaucoup d’em- bûches, mais voir un bébé bleu atteint d’une grave cardiopathie congénitale souffrir est juste insupportable. Une fois opéré et guéri, il affiche un grand sourire, au plus grand bonheur de ses parents. Une opération réussie signifie un bébé sauvé; cette consécration nous fait oublier toutes les difficultés du monde. L’association a pu sauver plus de 15.000 bébés et enfants répartis dans toutes les régions du Maroc, et d’Afrique subsa- harienne. Elle a modestement fait bou- ger les limites de la cardiologie pédia- trique dans notre pays, qui était à l’état embryonnaire il y a de cela 30 ans. Elle a reçu plus de 250 missions humanitaires, composées des plus grands professeurs en cardiologie pédiatrique et chirurgie cardiaque pédiatrique exclusive, venues

opérer les malformations cardiaques complexes et former les quelques car- diologues et chirurgiens cardiaques inté- ressés par cette discipline. L’association ne s’est jamais arrêtée un jour, depuis 27 ans, d’œuvrer pour le bien-être de ces petits souvent très démunis, et elle continue son devoir humain, médical et national avec toujours plus d’ambition et d’amour pour ces enfants. On n’est jamais satisfait d’œuvrer pour la protec- tion des bébés et enfants de son pays qu’on aime. J’exprime mon profond respect et gra- titude à toutes les personnes qui ont œuvré et œuvrent toujours pour nous aider dans cette lourde tâche difficile, mais si noble. A savoir les bénévoles, les entreprises privées, les confrères étrangers, les comités qui se sont suc- cédé depuis 27 ans ainsi que le comité actuel, pour permettre à des milliers de familles démunies touchées par ces drames d’être heureuses, une fois l’opé- ration réussie avec leur bébé ou enfant dans leurs bras. F.N.H. : Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui à continuer le com- bat, malgré les difficultés que vous rencontrez forcément ? Dr S. E. : La haute vision éclairée de notre Souverain, qui a ouvert la méde- cine marocaine aux spécialistes étran- gers, et le fait d’avoir ordonné la couver- ture sociale généralisée vont totalement révolutionner dans le bon sens notre métier. Et puis, il est évident que l’amour inconditionnel que je porte aux enfants et à mon pays sont les causes qui me motivent le plus, et je ne suis pas le seul

dans cette démarche; c’est un travail d’équipe qui englobe notamment les bénévoles. On doit absolument servir les nouvelles générations; ils sont l’ave- nir de notre pays, cela doit être notre priorité. Il faut savoir que l’association est reconnue d’utilité publique et, par conséquent, les dons de mécènes sont déductibles d’impôts. F.N.H. : Comment remédier, selon vous, au manque de chirurgiens cardiaques pédia- triques exclusifs ? Dr S. E. : A mon avis, la solution à cette équation délicate est très simple. Instaurer un partenariat public-privé résoudrait le problème en un temps record. Les référents connus en cardio- logie pédiatrique dans le privé peuvent former rapidement les confrères inté- ressés par la cardiologie pédiatrique du secteur public ou privé. Idem pour la chirurgie cardiaque pédiatrique; c’est un devoir national, médical, puis humain. Nous avons de grandes com- pétences dans notre pays et, par ail- leurs, les spécialistes étrangers qui ont acquis une grande expérience dans cette discipline, peuvent aussi jouer un grand rôle dans ces formations et expertises. Il faut toujours se rappeler qu’au Maroc nous n’avons qu’un seul chirurgien cardiaque pédiatrique, alors que la demande dépasse l’offre. Nous sommes devant des milliers d’enfants atteints et parfois en situation de dan- ger. L’amélioration de la situation de ces enfants passe par la communica- tion, la sensibilisation, la prévention et une véritable prise de conscience. ◆

Il n’existe pas assez de ser- vices médico- chirurgicaux de cardiologie pédiatrique face à la

demande, ce qui est à l’origine

d’une morta- lité infantile importante.

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