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ECONOMIE
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JEUDI 15 DÉCEMBRE 2022
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Levothyrox, le seul médicament pour les hypoparathyroïdies, manque cruel- lement, alors qu’aucune alternative thé- rapeutique n’est disponible. Ce produit en situation de monopole est malheu- reusement importé et il semblerait que le problème de l’approvisionnement en ingrédients soit international. Le drame est que les patients ne peuvent s’en passer et sans ce produit, leur mala- die risque de s’aggraver, car il s’agit d’une hormone qui régule beaucoup de choses dans l’organisme. C’est exacte- ment le genre de produit qui ne doit pas subir de pénuries. F.N.H. : La pénurie des médi- caments, des dispositifs et des équipements médicaux est pratiquement un phénomène mondial. Après la pénurie du paracétamol, la France connait aujourd’hui celle de l’amoxicil- line. Peut-on imaginer un tel phénomène au Maroc ? A. B. : Mon constat est que le mar- ché pharmaceutique marocain a été particulièrement résilient, même durant les moments les plus difficiles de la pandémie. L’approvisionnement des pharmacies et des hôpitaux a continué de manière normale, à l’exception de quelques tensions, et quelques rares pénuries sur certains produits utilisés dans le protocole thérapeutique de la Covid-19. Le secteur des dispositifs et des équipements médicaux a aussi joué son rôle en fournissant les produits nécessaires, qu’il s’agisse de consom- mables tels que les bavettes ou les gels hydroalcooliques ou des équipements plus lourds tels que les respirateurs ou les lits de réanimation. Cette résilience s’explique par une fabrication locale qui touche près de 80% en volume des médicaments commercialisés au Maroc et une partie non négligeable de dispo- sitifs médicaux (DM) et équipements qui commencent à être fabriqués au Maroc. Mais il est important de préciser que les pénuries constatées ont touché essentiellement les produits importés et en situation de quasi-monopole. Les industries pharmaceutiques ont conti- nué à fonctionner pendant toute la période de pandémie avec la mise en place de mesures de protection, et mal- gré les difficultés logistiques d’appro- visionnement en matières premières et l’augmentation des coûts de ces
On ne peut maintenir une poli- tique de baisse de prix alors qu’au niveau international, les prix des matières premières et les coûts logistiques pour les faire venir connaissent une flambée.
dexer les coûts des médicaments avec les matières premières et les coûts logistiques pour éviter les scénarios catastrophes des pénuries. Le lancement des géné- riques peut-il être une solution. Qu’en est-il ? A. B. : Effectivement, on ne peut mainte- nir une politique de baisse de prix alors qu’au niveau international, les prix des matières premières et les coûts logis- tiques pour les faire venir connaissent une flambée. Le décret de fixation des prix des médicaments, publié à fin 2013 et appliqué depuis 2014, a été pensé uniquement dans une logique de baisse de prix et n’a pas pris en compte une éventuelle augmentation des prix des matières premières ou des produits finis. Ce décret doit être revu d’urgence, sinon on ira vers le scénario catastrophe turc où des baisses drastiques de prix ont conduit à la disparition de nombreux médicaments du marché turc. F.N.H. : Peut-on dire que le Maroc souffre également de pénu- rie pour certains médicaments, notamment le «Levothyrox» qui traite les maladies chroniques telles que que le goitre. D’où vient cette insuffisance selon vous ? A. B. : Le marché pharmaceutique maro- cain est suffisamment approvisionné en médicaments de pathologies chroniques. Malheureusement, quelques rares pro- duits anticancéreux, et surtout le fameux
nement de manière régulière et durable. Des opérateurs industriels, d’abord mul- tinationaux, avaient contribué à la mise en place d’une industrie locale, puis des opérateurs nationaux avaient investi le marché, avec notamment la fabrication des médicaments génériques qui avaient largement contribué à améliorer l’accès aux médicaments. La pandémie du SARS-CoV-2 et la guerre russo-ukrainienne ont été riches en ensei- gnements au sujet des souverainetés, en général, et de la souveraineté sanitaire, en particulier. Mais je ne suis pas sûr que tout le monde ait compris la leçon. F.N.H. : Quels enseignements a tiré le Royaume de la crise sani- taire, notamment en matière de souveraineté nationale ? A. B. : Bien que la notion de la souve- raineté sanitaire ait été évoquée comme une nécessité pour notre pays, ce n’est qu’avec la survenue de la pandémie de la Covid-19 qu’elle s’est imposée. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, a insisté sur la nécessité de construire une véritable souveraineté sanitaire avec ses différentes compo- santes, et notamment la composante pharmaceutique et même vaccinale. On peut dire qu’actuellement, nous sommes sur la bonne voie. F.N.H. : Avec l’augmentation des prix de la matière première, il est aujourd’hui important d’in-
Une pénurie qui touche un produit dont il n’existe pas de similaires est toujours plus grave que celle qui touche un produit dont il existe de nombreuses alternatives.
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