faire une opportunité et lancer un ambitieux programme de réformes structurelles susceptibles de trans- former le visage économique et social du pays. Vous vous rappelez que Sa Majesté avait lancé dans ses différents discours plusieurs alertes. L’insuffisance de nos inves- tissements en capital immatériel par rapport au capital matériel, l’in- supportable chômage des jeunes diplômés, la nécessaire réduction des inégalités sociales, la nécessaire réflexion sur un nouveaumodèle de développement... Il a demandé aux gouvernements d’y réfléchir pour en faire leurs priorités. Sur cette base, le Maroc a lancé diverses politiques pour corriger des inégalités de longue date et sur- monter certains obstacles structu- rels qui ont limité par le passé la performance de l’économie maro- caine. Ce programme de réformes repose sur des piliers comme la création d’un Fonds d’investis- sement stratégique (le Fonds Mohammed VI) pour soutenir le secteur privé, la refonte du cadre de protection sociale pour dynamiser le capital humain et la restructura- tion du vaste réseau d’entreprises publiques marocaines. En outre, le gouvernement a dévoi- lé les termes d’un nouveau modèle qui met l’accent sur le dévelop- pement humain et l’équité entre les sexes, tout en redynamisant les
efforts récents pour encourager l’entrepreneuriat privé et stimuler la compétitivité. Nous avons donc un programme d’action. Nous connaissons nos forces et nos faiblesses. C’est lamise en œuvre de ce programme qui est essentielle. Si sa mise en œuvre est réussie, ces réformes pourraient déboucher sur une trajectoire de croissance plus forte et plus équi- table au cours des années futures. F. N. H. : Quelle appréciation faîtes-vous des décisions prises par les autorités marocaines afin de limiter la propagation du variant Omicron à l’échelle nationale ? M. B. : C’est vrai que la propaga- tion de ce nouveau variant s’ajoute au climat d’inquiétude et de ma- laise que traverse depuis un cer- tain temps notre société, comme celle d’ailleurs de nos partenaires européens. Omicron va-t-il arrêter toute l’économie ? Evidemment non ! Mais le sujet reste complexe. Dans l’immédiat, on a besoin surtout d’une action énergique sur l’offre. Il ne faut pas oublier que cette crise est une crise d’offre !
Complexe ne veut pas dire compli- qué. Complexe dans le sens d’une situation où plusieurs facteurs inte- ragissent et doivent être envisagés dans leur globalité. Je dois d’abord rappeler que la crise du covid est une crise singulière! En fait, il s’agit d’une crise sani- taire que nous vivons, mais avec des effets économiques, sociaux et humains désastreux. Elle est dif- férente de toutes celles que les générations précédentes ont pu connaître. L’élément nouveau de cette crise pandémique par rapport aux précédentes est qu’elle est issue et s’intègre dans le mouvement de la mondialisation. La mondiali- sation a renforcé les interdépen- dances entre pays et entre indivi- dus. Nous sommes tous reliés les uns aux autres. Une crise sanitaire avec des effets économiques ! Alors, que faut-il pri- vilégier ? Pour les uns, la santé évidemment ! Pour moi, aussi ! Mais la médecine coûte cher. Elle a donc besoin d’une économie en bonne santé ! Il faut bien sûr tenir compte des données médicales, mais aussi des données économiques, sociales politiques et humaines ! Le problème, c’est que bien souvent dans nos analyses on procède instinctivement à la frag- mentation des phénomènes au lieu de les relier.
Covid-19 : Une crise sanitaire avec des effets économiques, sociaux et humains désastreux.
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11 HORS-SÉRIE N°42 / FINANCES NEWS HEBDO
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