FNH N° 1094

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 2 FÉVRIER 2023

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Conjoncture

◆ Désancrage des anticipations d’inflation, récession mondiale, fragmentation géoéconomique, sècheresse… : le Fonds monétaire international a identifié dans ses prévisions pour le Maroc plusieurs facteurs de risque particulièrement préoccupants, dont la concrétisation pourrait impacter fortement la croissance en 2023. Ces risques qui guettent le Maroc et comment y répondre

ce choc sur les matières premières se matérialise, le FMI propose comme réponse à la Banque cen- trale un relèvement de son taux directeur pour éviter que les anticipations d'in- flation ne se désancrent et pour limiter les pressions

rêt américains, aurait une inci- dence négative sur les coûts d'emprunt extérieur et le taux de change du Maroc, mais son impact serait amorti par le régime de change actuel, selon le FMI. L'impact sur le finance- ment public devrait également être contenu, car la part de la dette publique libellée en devises est relativement faible (environ 25 %). En cas de dérapage des anti- cipations, la politique moné- taire devra être resserrée plus agressivement pour ancrer les anticipations d'inflation et limiter la dépréciation du taux de change. Avec un soutien aux personnes touchées par les pressions inflationnistes via des transferts monétaires ciblés à l'aide du registre social unifié et une réaffectation des ressources au sein du bud- get afin de donner la priorité aux dépenses favorables à la croissance, comme les projets d'investissement public déjà lancés ou en préparation. Récession mondiale Dans ses dernières perspec- tives de l’économie mondiale publiées mardi, le FMI souligne que l'estimation pour 2022 et les prévisions pour 2023 sont toutes deux supérieures d'envi- ron 0,2% par rapport aux pro- jections annoncées en octobre, reflétant des «surprises posi- tives et une résilience plus forte que prévu dans de nombreuses

Le FMI a élaboré une matrice de

facteurs de risque à même d’entraver la dynamique de crois- sance au Maroc.

à la dépréciation du Dirham. Pour ce qui est de la politique budgétaire, elle devra proté- ger les plus vulnérables avec des transferts monétaires bien ciblés, temporaires et neutres sur le plan budgétaire, en uti- lisant pleinement le registre social unifié Désancrage des anticipa- tions d'inflation et stagflation Les chocs d'offre sur les prix des denrées alimentaires et de l'énergie augmentent for- tement l'inflation globale et se répercutent sur l'infla- tion sous-jacente, désancrent les anticipations d'inflation et déclenchent une spirale prix- salaires sur des marchés du travail tendus. Les Banques centrales resserrent leur poli- tique monétaire plus que prévu, entraînant une demande mon- diale plus faible, des dépré- ciations monétaires et parfois même des défauts souverains. Cela pourrait conduire à l'ap- parition de la stagflation. Un durcissement des condi- tions financières mondiales, sur fond d'une augmentation plus rapide des taux d'inté-

se dissipe progressivement et l'orientation monétaire devient moins accommodante». Mais ces projections de base sont soumises à «une incertitude inhabituellement élevée» , prin- cipalement liée à une aggrava- tion des conditions mondiales et de plus grandes retombées de la guerre de la Russie en Ukraine. Justement, le FMI a élaboré une matrice de facteurs de risque à même d’entraver la dynamique de croissance, s’ils venaient à se concrétiser. Ainsi, pour le Fonds, le premier risque vient d’une nouvelle hausse des prix des matières premières qui pourrait pousser l'inflation globale à la hausse au Maroc. Également, la baisse du pou- voir d'achat des ménages, les ruptures d'approvisionnement et la hausse des coûts d'em- prunt pourraient encore freiner une croissance plutôt molle. Si

L e Fonds monétaire international (FMI) a récemment félicité le Maroc pour «sa réponse politique très forte» pour atténuer l'impact social et économique des récents chocs négatifs liés à la guerre en Ukraine et la séche- resse. A l’issue des consulta- tions de son Conseil d'admi- nistration de 2022 au titre de l'article IV avec le Maroc, l’insti- tution estime que la croissance du PIB du Maroc «devrait s'ac- célérer pour atteindre 3% en 2023, principalement tirée par le rebond de la production agri- cole et ses retombées positives sur le reste de l'économie». L'inflation devrait, par ailleurs, diminuer progressivement pour atteindre environ 4% en 2023, «à mesure que le choc des prix des matières premières Par Y. Seddik

Un durcis- sement des conditions financières mondiales

aurait une incidence négative sur les coûts d'em- prunt exté- rieur et le taux de change du Maroc.

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