FNH N° 1094

F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 2 FÉVRIER 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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Filière oignon

◆ L’hiver réduit les récoltes, et la hausse des charges pousse les exploitants à revoir à la baisse leurs investissements. ◆ La sécheresse, l’export et la spéculation ont impacté l’offre. Les raisons de la flambée des prix

Amahrane, secrétaire géné- ral de l’Association des producteurs d’oignons d’El Hajeb, «la flambée des prix des intrants et du carburant a poussé de nombreux exploitants à réduire ou abandon- ner l’investissement dans la culture des oignons, dont les prix sont volatiles. Ils ont opté pour les céréales, les légumineuses ou d’autres cultures. Pour ceux qui pra- tiquent l’élevage, ils ont affecté leurs parcelles aux parcours naturels pour leur bétail. Mais cela n’explique pas tout. Le retard des pluies a différé le démarrage des semis de l’oi- gnon». Et de poursuivre : «pour réus- sir les plantations, il faut que les semis soient lancés au moment où les températures ne chutent pas à moins de 10°C et qu’il y ait un ensoleil- lement compris entre 10 et 13 heures par jour. L’humidité ne

doit pas, elle aussi, dépasser les 50%, autrement cela risque d’impacter la qualité des pro- duits. L’optimale de la germi- nation nécessite une tempéra- ture comprise entre 23 et 27°C et la croissance est favorable entre 20 et 24°C. Et il faut veiller à utiliser la variété pré- conisée pour le type de terroir adéquat». La culture de l’oignon néces- site également d’autres pré- cautions. Avant la récolte, on applique un désherbant et un inhibiteur de germination et de croissance sur le feuillage afin de provoquer la sénes- cence des feuilles. On arrête l'irrigation un mois avant l'arra- chage des plants et on procède au ressuyage des bulbes en exposant les plants arrachés au soleil pendant un à deux mois. Il faut prendre soin de ces bulbes en les retournant. Afin de pouvoir conditionner les bulbes en buttes, il faut les lais- ser munis de leurs feuilles. ◆

Les exploitants de la filière oignon ont consenti beaucoup d’efforts pour amé- liorer la producti- vité.

baisse de l’offre entraîne auto- matiquement une hausse des prix. Au niveau des légumes les plus consommés, le prix de l’oignon est le plus fluc- tuant car c’est un produit fra- gile. Sa durée de stockage est limitée dans le temps et il ne passe pas par la chaîne de froid» , souligne-t-on auprès de l’Association des commer- çants du marché de gros de Casablanca. La même source explique que «les spéculateurs biaisent les règles de l’offre et la demande du marché, où les produits changent de main plusieurs fois. De même, certains exploitants retardent au maxi- mum leurs récoltes ou bien n’écoulent pas la totalité afin que les ventes coïncident avec le Ramadan où l’oignon est fortement consommé, et de ce fait ils peuvent réaliser de bonnes marges». Les agriculteurs ne sont pas de cet avis et avancent d’autres explications. Pour Mohamed

L es prix des légumes connaissent actuel- lement une hausse sensible, mais ceux de certains produits comme les oignons ont flam- bé. Généralement, les prix à la consommation se situent entre 3 et 5 DH, mais actuellement ils sont dans une fourchette comprise entre 8 et 10 DH. D’ordinaire, cette cherté revêt un caractère cyclique lié à de nombreux facteurs comme le climat, la demande ou encore les exportations. Des profes- sionnels de l’activité ont donné plus de précisions à ce sujet. «L’hiver connaît habituellement une hausse des prix des fruits et légumes, particulièrement après une année de séche- resse. Le manque d’eau, les difficultés d’accès aux exploi- tations pour la récolte ainsi que la pression des exporta- teurs font que le marché local est moins approvisionné. Cette Par C. Jaidani

Certains exploitants retardent au maximum leurs récoltes ou bien n’écoulent pas la totalité afin que les ventes coïn- cident avec le Ramadan.

Production annuelle entre 300.000 à 400.000 tonnes

La culture d’oignon occupe près de 20.000 hectares. En termes de superficie, elle est la troisième activité de la filière maraîchage derrière les pommes de terre et les melons, mais devance les tomates. Elle est présente dans plusieurs régions agricoles du Royaume, mais El Hajeb reste la plus connue. La production nationale totale est de 300.000 à 400.000 tonnes/an, soit un rendement moyen à l’hectare variant entre 18 et 21 tonnes. Les variétés connues au Maroc sont l’oignon rouge des Doukkala et jaune de Valence. En général, la culture demande une bonne répartition des apports d'eau. Les variétés précoces exigent un volume d'eau total de l'ordre de 400 mm/cycle productif. Les varié- tés tardives ont besoin d'environ 600 mm/cycle.

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