Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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En ce qui concerne le concept d'identification projective communicative de Bion, considéré primaire et inclusif du mode inconscient, omnipotent et intrapsychique décrit par Klein, Grotstein (2005) postule une « transidentification projective » intersubjective. Ainsi, en s'appuyant sur le fonctionnement d'un fantasme d’identification projective intrapsychique omnipotent réservé au monde interne du sujet effectuant la projection, Grotstein (2006) ajouta deux autres processus : « 1. Des modes conscients et/ou préconscients d' induction sensorimotrice , ce qui incluraient l’emission de signes et/ou leur évocation, des gestes inducteurs ou d’autres procédés (mentaux, corporels, verbaux, posturaux ou d'amorçages) chez le sujet effectuant la projection ; et, par conséquent, 2. une simulation empathique spontanée de l'expérience du sujet dans un objet récepteur déjà « précâblé » pour être empathique avec le sujet inducteur. » (P. 121) Sur le plan du développement, « le nourrisson ou la partie infantile de la personnalité, sous le poids d'une détresse émotionnelle qui s’accumule, induit un état symétrique chez la mère […] déjà volontairement sensible, de sorte que la mère passe inconsciemment en revue (auto-activation), au sein de son self conscient et inconscient, son inventaire personnel d'expériences passées, vécues ou potentielles, y sélectionnant les expériences les plus pertinentes pour une prise en considération consciente, générant ainsi des pensées et/ou des actes (interprétations) en réponse à la détresse du nourrisson […]. » (P. 121) L'aspect clinique le plus significatif de la transidentification projective intersubjective est la communication (inconsciente) entre deux réalités psychiques . Au cours du processus analytique, tout comme lors des interactions entre l'enfant et la mère, les vecteurs des rapports de transidentification projective opèrent de manière bidirectionnelle . L'objet devient instantanément un émetteur, et l'émetteur d’où provient la projection initiale devient alors récepteur ; c’est à dire qu'un dialogue s'instaure. Grotstein souligne que le déroulement d'un tel dialogue (y compris les pensées et les actions de l'analyste) inclut de façon prédominante l'interprétation de la participation de l'analysant et l'échange global à plusieurs niveaux. Dans ce contexte, Grotstein aborde également la conceptualisation intersubjective expérientielle d’Ogden du tiers analytique qui subjugue (« subjugating third »), et propose sa propre version métapsychologique de la présence inconsciente préternaturelle du « sujet ineffable de l'inconscient » (Grotstein, 2000 p. 19) : « […] un « dramaturge (le créateur-architecte et metteur en scène du drame), ou le démon qui se situe uniquement dans l'inconscient de l'analysant, convoque les subjectivités de l'analysant et de l'analyste pour créer une pièce de théâtre dans laquelle le thème inconscient pertinentest en mesure d’être mis en acte et donc connu» (Grotstein, 2006, p.121).

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