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ces paramètres sont considérés être justifiés lorsque cela concerne des patients qui présentent des troubles psychopathologiques sévères, qui ne pourraient tolérer les conditions standard. Eissler (1953, p.110) a défini en premier lieu le terme paramètre en psychanalyse, comme suit : « une déviation, aussi bien quantitative que qualitative du modèle technique de base, lequel nécessite l'interprétation en qualité d'outil exclusif. » Cette modification devra être temporelle et disparaitra pour revenir à la technique standard aussi rapidement que possible. Bien que Eissler préconise l'utilisation d'autres interventions, plutôt que celle de l'interprétation, le terme paramètre peut être considéré dans son sens plus large (d'autres termes ont été utilisés, comme les variations de la technique 15 ). Cela signifie toute modification des éléments de la méthode psychanalytique, qui, dans le cadre standard, concerne la fréquence des sessions, l'utilisation du divan et la durée du traitement (de la session et du processus complet). Certains analystes considèrent qu'il est nécessaire d'apporter certaines variations au cadre, quand il s'agit de traiter des patients atteints de pathologie sévères, tels que les patients limite et psychotiques. C'est le cas de Kernberg, qui précise que les « patients avec une organisation limite de la personnalité ne supportent pas la régression qui survient au cours du traitement analytique 16 » (Kernberg 1968, p.601) ; il n'affirme pas cependant que sa technique soit une technique psychanalytique, mais plutôt pour une psychothérapie psychanalytique. D'autres analystes, au contraire, ne modifient pas les conditions standards pour des patients semblables ; pour eux la méthode standard est à la fois nécessaire et possible (H. Rosenfeld, 1978). Cette différence dans les approches reflète des points de vue théoriques différents en ce qui concerne la psychopathologie, et dans certains cas, concerne des différents types de psychopathologie. D'autres psychanalystes, tels que Krejci (2009), ainsi que Bateman et Fonagy (2013), dans leur théorie de la mentalisation, proposent également que le comportement extrême d'acting-out des patients de personnalité limite (borderline) nécessite des modifications du cadre pour instaurer le traitement.
VI. AUTRES DÉCLINAISONS DU CONCEPT DE CADRE
Certains auteurs ont fait la distinction entre le ‘cadre’ (cadre simple ou ‘frame’) et le cadre (‘setting’) psychanalytique ; le premier est le cadre que l'analyste fournit, dans lequel le processus psychanalytique peut avoir lieu, comme le cadre d'un tableau (Milner 1952a), alors que le setting se réfère au processus lui-même. Selon Milner, le cadre simple (frame) est essentiel pour démarquer ce qui est intérieur de ce qui est d'extérieur ; le cadre (frame) démontre « que ce qui est à l'intérieur doit être perçu, interprété de manière différente de ce qui est à l'extérieur ». Le cadre « délimite une zone dans laquelle ce qui est perçu doit être pris 15 Ndt : version française : Loewenstein, R.M. – « Variations de la technique classique ». - Internat. J. Psycho- Anal., 1958, 39, 202-211. 16 Ndt : Version française : Otto Kemberg. « Les troubles limites de la personnalité », chapitre 3
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