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que Green fait de Winnicott, le cadre, et la qualité de la présence analytique qui l'accompagne, est fait de ‘l'environnement’ du jour présent, dans son rôle facilitateur ou d'empiètement, sur la capacité du patient à l'espace transitionnel et à la pensée créative. La pensée est ici signifiée dans son sens non-hallucinatoire, les pensées non-projectives subjectivées, faisant partie de soi. Dans un prolongement de son ouverture théorique, le travail de René Roussillon a mis l'accent sur la qualité des ‘gribouillis : le cadre peut devenir une invitation à ce que le patient participe à une zone/champ de jeu, ou de co-pensée, partagés, où le patient peut ‘réagir’ de sa propre manière (Roussillon, 1995) et qui auront pour conséquence d'être soit ‘tenu’ par l'analyste, ou interprété. L'analyste et son cadre deviennent un ‘médium malléable’ dans son sens de ‘l'utilisation de l'objet’ (1988, 1997, 2013). VI. A. Les contributions et développements spécifiques nord-américains Un axe influent du développement de la tradition freudienne, concernant tout particulièrement la situation/’setting’/cadre (‘frame’) psychanalytique qui participe activement et de manière dynamique dans le déroulement du processus psychanalytique, peut se lire dans les écrits de Stone, Modell et Spruiell. Dans sa monographie classique, bien qu'à son époque révolutionnaire, intitulée « Psychoanalytic Situation » (« Situation psychanalytique ») (Stone, 1961), et sa suite « Psychoanalytic Situation and Transference » (« Situation psychanalytique et transfert ») (Stone, 1967), Stone a présenté le concept du cadre psychanalytique comme étant entièrement connecté au « champ des forces » dynamique qu'il génère (1967, p. 4). Dans cette perspective, le cadre déclenche tout une série d'illusions, sous la forme de transferts archaïques, ainsi que relativement matures, et une interaction de différentes temporalités. Robert Langs (1984) a argumenté la notion du cadre classique idéal, une disposition structurelle qui précise le champ bi-personnel dans lequel les communications inconscientes du patient peuvent émerger en sécurité (et s'entrecroiser avec celles de l'analyste). Dans cette approche ‘communicative’, il est précisé que : « Etablir, gérer, rectifier et analyser les infractions du champ constituent un ensemble majeur d'interventions relativement non- reconnues et toujours cruciales. » (Langs, 1979, p. 12) 20 . Son riche exposé des facettes multiples de la communication projective-introjective inconsciente dans le champ bi-personnel multi-vectoriel, que le cadre simple (frame) ‘fermement constitué et maintenu’ permet de faire émerger – un lien doté de la capacité d'espace transitionnel, avec ses propriétés dynamiques émergentes et la contribution de l'analyste au transfert du patient – contient de nombreux éléments fondamentaux des riches avancées contemporaines, qu'elles soient reconnues ou non. Arnold Modell (1988, 1989) a étoffé la tradition de creuser les forces dynamiques relationnelles et intra-psychiques qui émanent de la centralité du cadre psychanalytique en un « conteneur de multiples niveaux de réalités » (Modell 1989, p. 9), dans l'optique de changer les objectifs du traitement (Modell 1988). Selon cette approche, le cadre lui-même contient la
20 NdT Citation traduite pour cette édition
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