Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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produisant l'illusion du transfert, de manière analogue à la création de l'illusion théâtrale. (Voir aussi J. McDougall, 1986) L'harmonisation au cadre lui-même, conçu globalement de manière dynamique, a poursuivi sa progression dans la théorie contemporaine nord-américaine, dans les approches bioniennes ainsi que dans la théorie du champ (Goldberg, 2009; Peltz et Goldberg, 2013), dans les écoles interpersonnelles (Levenson, 1987; Stern, 2009) ou les écoles relationnelles (Aron, 2001; Bass, 2007 et autres). Hoffman (2001), par exemple, à la suite de Gill et rejoignant Mitchell et le groupe relationnel, a écrit sur l'interaction entre le rituel et la spontanéité. Il était attentif à la nécessité des règles et à la suspension des règles. José Bleger n'a été lu que relativement récemment, en psychanalyse nord- américaine, alors que Racker (1968), ayant été vite traduit, a exercé une influence par les travaux sur la mouvance interpersonnelle et intersubjective développée à l'Institut William Alanson White sous les auspices de Sullivan, Thomson et plus tard, dans la période moderne, de Levenson, Mitchell, Daniel Stern et d'autres. Les théoristes relationnels contemporains tels que Bass (2007) considèrent que le travail analytique est comme un espace dans lequel figurent deux personnes dans un champ bipersonnel. Mais à l'encontre de Langs, Bass pose l'accent sur la singularité : « une approche unique ne s'adapte pas toujours à tous » (ibid, p.12). Le ici et maintenant est imprégné du passé relationnel, un mode de pensée en forte affinité avec les Barangers et Bleger. Le cadre, dans le sens que Bleger l'entend, est davantage en phase avec les modèles à deux – ‘two-person’ – du processus analytique, dont l'idée selon laquelle les questions métathéoriques, institutionnelles et sociales sont actives dans le cadre analytique. Proche de celle de Bleger, Peter Goldberg (2009) a développé une perspective en termes bioniens selon laquelle le cadre (‘frame’) est la structure dans laquelle les angoisses psychotiques sont projetées et tenues. Du point de vue de Goldberg, le cadre (frame) devient un site dans lequel l'analyste et l'analysant évacuent les aspects endommagés ou psychotiques du moi. Afin de comprendre tous les aspects clivés de la dynamique transfert/contre-transfert dans certains cas, l'on considère le (simple) cadre (frame), c'est-à-dire les éléments du cadre que l'on suppose simples et directs qui ont été déformés et rendus toxiques par les processus d'évacuation et de projection. Les fragments dangereux du moi ou de l'autre pourraient être cachés dans le cadre (frame), considérés sans importance et extra-analytiques jusqu'au point où l'analyste est en mesure d'observer et de rapatrier ces fragments clivés sur les personnes vivantes dans la situation analytique. Grotstein, l'un des premiers adeptes principaux de Bion aux USA, a développé un concept du cadre (‘setting’) où les deux participants s'accordent éventuellement à protéger la ‘solitude’ analytique. Dans ce cas-ci, le concept du cadre (setting) à l'opposé du cadre simple (frame), devient un accord ‘sacré’ : en fondant les règles du cadre simple (frame) et par l'accord de l'analysant, l'analyste et l'analysant créent une

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