Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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Les conceptualisations qui émergent de la recherche psychanalytique développementale et des études relatives à la relation mère-enfant des années entre 1970 et 2000 (par exemple Mahler, Pine et Bergman, 1975 ; Stern, 1985 ; Beebe et Lachmann, 2002 ; Tronick, 2002) dans la continuité des explorations du Moi précoce dans des conditions environnementales différentes (Spitz, 1950 ; Bowlby, 1958 ; Winnicott, 1971), portaient sur la thématique du corps. Une étude psychanalytique réalisée sur le toucher présente un exemple spécifique d'un développement du concept du Moi-corps dans la pensée freudienne contemporaine nord-américaine : le plus large volet du développement contemporain dans la psychologie du Moi/théorie structurelle, qui synthétise les apports de différentes cultures psychanalytiques avec des apports interdisciplinaires. Le toucher est un attribut primordial, l'un des deux systèmes sensoriels et moteurs évidents in utero. La peau du fœtus touche le liquide amniotique qui l'environne ; le fœtus suce son pouce et pendant le dernier trimestre, il touche son corps avec ses mains, et au fil du temps de la tête aux pieds. Le toucher est essentiel pendant le développement initial des relations d'objet ainsi que pour différencier le soi du monde extérieur et des autres. Le soi par rapport au non soi est aussi un aspect majeur de l'épreuve de réalité ainsi que du sentiment, ou du ressenti, de ce qui est réel. La signification du toucher, et sa relation à la cognition et à l'affect, est incorporée dans les métaphores courantes du « toucher » indiquant l'émotion ; « sentir », les « sentiments » et « saisir », c'est-à-dire le sens de comprendre, lié à la cognition. Tout individu de tout âge est engagé affectivement par les arts, la littérature, la musique, etc. Ils se « sentent » tristes ou heureux, ils dansent au rythme de sentiments d'amour, ressentent la tristesse d'une marche funèbre. Ils sont susceptibles 149 s'ils se sentent facilement blessés, et ont la « peau dure » s'ils sont insensibles. La littérature psychanalytique qui s'adresse spécifiquement à la signification du toucher est plutôt limitée. Cependant, le toucher est intrinsèque aux formulations de Freud au sujet des rêves, du principe de plaisir et de déplaisir, des pulsions instinctuelles, et des instincts du Moi (qui dans la théorie subséquente sont des fonctions du Moi). La citation de Freud ci-dessus (1923) ne se réfère qu’implicitement au toucher : « Le Moi est avant tout une entité corporelle, non seulement une entité toute en surface, mais une entité correspondant à la projection d'une surface. » (Freud, 1923a, p.26). Le toucher fut élaboré par Merleau-Ponty (1945), philosophe et psychologue de l'enfance. Dans ses notes posthumes, « The Intertwining and the Chiasm » (« L'imbrication et le chiasme » ;1945), il décrit la double perception impliquée dans le fait de se saisir les mains, avec l'enregistrement double du toucher et d’être touché . Se toucher soi-même est différencié du fait de toucher quelqu'un d'autre. La perception du toucher est vitale pour la connaissance du monde. L'importance du toucher est implicite dans les travaux de Donald Winnicott

149 « thin-skinned » en anglais, qui signifie littéralement « avoir la peau fine » (N.d.T.)

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