Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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III. Bg. Études interdisciplinaires : Un exemple de la psychologie du Moi et l'art, la créativité et les neurosciences Le discours freudien contemporain s'accorde largement (et pas uniquement aux États-Unis) pour affirmer que si les différences entre les domaines de recherche et leurs différentes méthodologies sont largement reconnues et non pas confondues, les liens, les applications et les échanges d’idées interdisciplinaires, entre la psychanalyse et d'autres domaines de recherche, peuvent mener à des analogies fertiles et à de nouvelles hypothèses. Telle était la méthode du processus de théorisation que Freud utilisait. Afin de poursuivre son évolution théorique, Freud eut recours à d'autres disciplines, telles que la science biologique, l'ethnologie, la linguistique, l'archéologie, l'art, la littérature et d’autres, et s'inspirait de leurs liens analogiques sans les confondre. Parmi les nombreux analystes qui ont suivi Freud, Erikson, Hartmann, Kris et Bellak dans l'exploration du rôle complexe de la régression, de la destruction, de la transgression, et du conflit à générer la croissance, l'expansion et la créativité , dans les contextes de l'art, des sciences et de la culture en général (Blum, 2011 ; Chessick, 2001 ; Wilson, 2003 ; Baudry, 1984 ; Papiasvili, 2020), Gilbert Rose (1964, 1987, 1990, 1991, 2004) présente une élaboration et un développement particulières des formulations de Hartmann (1939/1958, 1946), notamment des phases indifférenciées, de l'autonomie primaire et secondaire, et de la neutralisation comme processus continu du Moi en ce qu'il représente un système ouvert et un organe d'adaptation (créative). Se focalisant sur la forme plutôt que le contenu, Rose s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle les différentes fonctions du Moi fonctionnent à des degrés différents de proximité du processus primaire et qu'il existe des transitions de nuances entre les processus primaires et secondaires. Ainsi, il souligne la dimension qui existe entre les processus primaires et secondaires en interaction à tous niveaux, qui ne sont pas nettement reconnaissables, mais qui communiquent les qualités tant de la passion que de la spontanéité d'une part, et du contrôle d'autre part. Alors que « le processus secondaire s’occupe de la séparation, de la discrimination, de la focalisation et de dire « non » afin de protéger l'organisme contre la surstimulation, le processus primaire, quant à lui, effectue un balayage non orienté à grande échelle ; il synchronise les éléments disparates afin de développer la réceptivité envers les stimuli, et dit « oui ». 155 (Rose 1990, p. 73). Cela est moins une question de conflit entre les pulsions antithétiques qu'une question relative au Moi dans son fonctionnement d'un instant à l'autre et une tentative d'harmoniser la double nature de la perception. Une implication importante de cette évolution théorique est que la sublimation puisse évoluer à partir de la perspective restreinte d'être une autre défense du Moi, bien que dotée d'une qualité rédemptrice sociale , jusqu'à constituer un moyen significatif de promouvoir la force du Moi et d’enrichir l'appréciation de la

155 Citation traduite pour cette édition (N.d.T.)

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