Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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tour, le posséder. La guerre des sexes prend de cette façon une tournure de disjonction : « pour que je puisse vivre, tu dois mourir ». Cette relation du père au fils se caractérise par l'angoisse du père vis-à-vis de sa propre stérilité et le désir en conséquence de voler le fils. La relation de la mère par rapport au fils est un lien fondé sur une tentative de procréer pour ensuite retenir son fruit, duquel le père doit être exclu. Le fils tente de se libérer de la captivité dont il est condamné par la mère, celle-ci est cause d'angoisse de mort, en raison de la fermeture dans laquelle il est maintenu. L'évasion de la prison maternelle est équivalente au matricide et porte la culpabilité de la naissance, et de la même manière, à l'angoisse de persécution face au fantasme d'une mère dévorante ou d'une mère qui pourrait renvoyer son fruit, ou enfant, à l'utérus. Pour le fils, le père est le libérateur de la symbiose dans laquelle la mère veut le maintenir ; le père quant à lui est aussi un guide et modèle qui le tient à l'extérieur. Cependant, le lien avec le père est ambivalent puisque le père désire, en même temps que la libération de son fils, son annexion pour contrecarrer magiquement l'angoisse de mort. A son tour, l'enfant confronté à cette scène primaire se sent exclu et, par une politique d'alliance, s'efforce de s'en défaire pour parvenir à son indépendance par rapport à l'un des deux parents ou les deux. Chacun de ces rôles est ambivalent parce que chaque action se déroule dans une dialectique entre l'intérieur et l'extérieur et chacune de ces positions est porteuse d'une angoisse spécifique : l'intérieur représente la sécurité, la dépendance et la prison alors que l'extérieur est la liberté, mais aussi le désarroi et l'abandon. Par conséquent, le comportement du fils et de ses parents est autant d'amour que de haine, puisque chacun des protagonistes de ce drame aspire en même temps à rester ou à retourner vers une intériorité et de se libérer de la fermeture qui le menace d'une intériorité emprisonnante, dont la mort accompagne chaque mouvement de cette dialectique.

IV D. Norberto Carlos Marucco

Sur la base des travaux de Freud, Klein, Bion, Winnicott, Lacan, Laplanche, Green et autres, Norberto Carlos Marucco se distingue par sa référence à la ‘dialectique’ à la place du ‘conflit’. Son expérience clinique avec des patients borderline a mené Marucco (1997) à revoir la théorie psychanalytique de la sexualité et de la représentation sur la base de la dialectique entre la pulsion sexuelle et le statut de l'objet. L'auteur présente l'idée d'une scission de la structure psychique entre le désaveu de la castration et la création d'un objet virtuel (fétiche non pathologique), dans lequel chaque choix d'objet et les conditions liées à l'amour sont fondés sur ce dernier. Du point de vue de l'auteur, l'objectif du traitement est d'atteindre un équilibre entre la reconnaissance de la castration et le désaveu qui préserve les pulsions, une dialectique également à la base de la proposition d'une théorie de la sublimation. L'objet virtuel doit être entretenu et métaphoriquement recréée dans une relation analytique. La dialectique de la pulsion et de l'objet fait également l'objet de débats dans le contexte de la sexualité et du transfert. Afin d'éviter les dangers de l'idéalisation de l'objet, l'auteur soutient qu'il est nécessaire de permettre à la sexualité œdipienne de se dérouler dans le transfert érotique et que l'analyste prenne parfois la place de l'objet préœdipienne.

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