FNH N° 1147

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JEUDI 4 AVRIL 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

«Les énergies renouvelables et le digital sont des gisements de croissance» Investissement

l’automobile, l’alimentaire et la para- chimie. En premier, le secteur auto- mobile a connu un véritable élan courant ces cinq dernières années, marqué par l’installation de différents constructeurs étrangers au Maroc. Cependant, ces usines emploient essentiellement de la main-d’œuvre et exporte la valeur ajoutée à l’étran- ger. Ces business model permettent en effet aux investisseurs étrangers de réduire les coûts et de réaliser des économies d’échelle pour leurs holdings. S’agissant des deux autres sec- teurs, l’alimentaire et la parachimie, ils poursuivent leur développement puisque le marché potentiel est très important au Maroc et à l’étranger. Cependant, d’autres secteurs sont des gisements de productivité et de croissance tels que les énergies renouvelables, le digital, la sous- traitance, la santé, l’enseignement supérieur, entre autres. Leur déve- loppement est essentiel parce qu’ils sont pourvoyeurs de postes d’em- ploi pour les jeunes cadres et ingé- nieurs, que ça soit sur le territoire marocain, ou le continent africain et tout le pourtour de la Méditerranée. F.N.H. : Comment le Maroc peut-il orienter ces investis- sements vers d’autres sec- teurs ? Y. G. F. : L’orientation de l’inves- tissement vers d’autres secteurs est tributaire du lancement d’une nouvelle dynamique entre les sec- teurs public et privé, à travers la conclusion d’une nouvelle géné- ration de partenariats publics-pri- vés (PPP) favorisant le développe- ment et l’émergence d’entreprises et de startups spécialisées dans les métiers de l’avenir, tels que la high-tech, l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables, la santé digitale, l’agro-industrie, etc. Cependant, la mobilisation des financements nécessaires est de mise. Le lancement des projets inno- vants interpelle la question du finan- cement des cycles d’investissement et d’exploitation, essentiellement pendant le lancement des activités, sans négliger l’accompagnement technique continu permettant d’ac- céder aux marchés nationaux et aux chaînes de valeur internationale. ◆

Une récente enquête réalisée par le département de Ryad Mezzour révèle une reprise soutenue du secteur indus- triel, renforcée notamment par l’injection de près de 34 Mds de DH au titre de l’an- née 2022. Les secteurs clés qui semblent avoir le vent en poupe sont la chimie et para- chimie, l’agroalimentaire et

l’industrie automobile. Entretien avec Youssef

Guerraoui Filali, président du Centre marocain pour la gou- vernance et le management.

Propos recueillis par M. Boukhari

Finances News Hebdo : Selon les résultats d’une récente enquête réalisée par le ministère de l’Industrie et du Commerce, les dépenses d’investissement dans le sec- teur industriel se sont ins- crites dans une dynamique haussière après la pandémie du Covid-19, s’établissant à 33,9 milliards de DH (MMDH) en 2022. Quelle lecture en faites-vous ? Youssef Guerraoui Filali : Les investissements réalisés dans le secteur industriel au titre de l’année 2022 démontrent de la dynamique que connaissent les entreprises industrielles pour la période post- covid, et ce malgré l’effet inflation- niste constaté sur la même année, soit un taux d’inflation moyen annuel de 6,6%. Mais la vraie question à se

poser est : est-ce que les investis- sements industriels de l’année 2022 ont suffisamment généré de l’emploi dans le secteur industriel ? En réfé- rence aux chiffres du ministère de l’Industrie et du Commerce, la créa- tion nette d’emplois en 2022 a atteint 70.000 postes face à un investisse- ment annuel de 34 Mds de DH. Si l’on veut analyser à travers un ratio de relativité à cette enveloppe, il faut investir 485.714 DH en industrie pour créer un seul poste d’emploi industriel. De ce fait, cet indicateur démontre que les investissements ont porté essentiellement sur les infrastructures industrielles et non pas sur les activités génératrices d’emplois. En effet, pour les 70.000 postes d’emploi créés en industrie, on constate qu’il s’agit essentielle- ment de la classe ouvrière et non pas des postes d’emplois destinés

aux cadres et aux ingénieurs issus des universités et grandes écoles publiques et privées. D’ailleurs, les chiffres du HCP autour de l’emploi le confirment : nous avons environ 200.000 nouveaux diplômés deman- deurs d’emploi par an, et le taux de chômage dans la catégorie des jeunes diplômés est à 40% au titre de l’année 2022, avec un taux chô- mage pour la même année approxi- matif à 12% au niveau national. F.N.H. : D’après la même source, des secteurs tels que la chimie et parachimie, l’agroalimentaire et l’indus- trie automobile sont ceux qui drainent le plus d’investisse- ment. Pourquoi à votre avis ? Y. G. F. : La dynamique industrielle actuelle est portée essentiellement par ces secteurs, en l’occurrence

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