Cornwall_2015_11_11

Un voyage extraordinaire à travers la vie

ALEXANDRA MONTMINY alexandra.montminy@eap.on.ca

Corneliu Kirjan, un grand penseur qui a grandement contribué à la préservation du patrimoine canadien.

Arrivé au Canada en décembre 1972, après avoir été accueilli comme réfugié politique en Grèce, Corneliu Kirjan, un roumain d’origine, a connu une carrière exceptionnelle dans le domaine de l’ar- chéologie, de l’histoire et des relations internationales. Résident de Cornwall depuis quelques années, Le Journal a eu la chance de l’écou- ter raconter l’histoire passionnante de son voyage extraordinaire à travers la vie. Dès son entrée dans la pièce, Corneliu Kirjan impressionne par sa prestance. Originaire de la Roumanie, il a fait ses études universitaires à Bucarest, alors que le régime communiste était bien installé. « Pour entrer à l’université, il fallait passer le concours, puisque seulement un nombre restreint d’étudiants étaient admis, environ 100 », se souvient M. Kirjan. Cependant, les étudiants qui avaient la chance d’entrer

dans l’établissement, suite à des tests de connaissances rigoureux, se voyaient dis- tribuer des bourses. « C’était un incitatif pour les élèves de bien performer. En plus, les métiers étaient garantis; donc, plus les efforts étaient mis dans les études, plus haut ton nom se retrou- vait sur la liste des métiers. Et les meilleurs métiers se retrouvaient, bien entendu, en haut de la liste », a raconté Corneliu Kirjan. Mais avant de poursuivre sa carrière, il a tout de même dû faire son service militaire pendant six mois. « Comme j’avais eu la chance d’être camarade étudiant, j’ai pu sortir avec le grade de sous-lieutenant plutôt que simple soldat », a plaisanté M. Kirjan. Après une maîtrise en archéologie, il a commencé sa carrière dans un musée, où il a réalisé les fouilles d’un ancien cimetière d’incinération datant du sixième siècle. Il y a découvert de nombreuses urnes de

céramique, dont le type dépeint l’époque, en plus de nombreux bijoux et pièces demon- naie. Corneliu Kirjan est par la suite retourné à Bucarest où il a travaillé aux Monuments historiques de la ville jusqu’en 1972. L’année 1972 amarqué un tournant dans la vie de l’homme. « J’ai réussi à obtenir un passeport pour aller faire une visite de trois jours en Bulgarie et trois jours en Grèce », a racontéM. Kirjan. Il faut rappeler qu’à l’époque communiste en Roumanie, la police secrète, la Securitate , contrôlait les allées et venues des Roumains grâce à la Commission nationale des visas et des passeports. « C’était quelque part au mois d’août. Je suis parti et je ne suis jamais re- venu », a-t-il déclaré. Lors de son arrivée à Thessalonique, en Grèce, les choses ne se sont pas passées comme prévues. « Nous étions un groupe d’environ 40 touristes, dont trois ou quatre

étaient en fait des membres de la police se- crète. Ils ont pris nos passeports », a raconté M. Kirjan. Devant aller rejoindre des amis ailleurs en Grèce, il a demandé à la police de lui rendre son passeport. « L’agent m’a escorté jusqu’à la gare. Tout ce que j’avais avecmoi, c’était mes vêtements, mon appa- reil photo et mon passeport », se souvient-il. Après plusieurs semaines en Grèce, Corneliu Kirjan a du demander un asile politique. « Pendant deux semaines, j’ai attendu dans une sorte de camp, que ma demande soit acceptée. J’ai reçu un passe- port spécial de la Convention de Genève pour les réfugiés, que je garde précieusement encore aujourd’hui », a expliqué l’archéolo- gue retraité. Après avoir travaillé quelque temps à Athènes, il était temps pour Corneliu Kirjan de repartir vers de nouveaux horizons. Il a donc mis le cap vers le Canada, qu’il n’a

Le Journal, Cornwall

8

Le mercredi 11 novembre 2015

Made with FlippingBook HTML5