FNH N° 1023

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ECONOMIE

JEUDI 20 MAI 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Financement des économies africaines

◆ Les solutions qui ressortiront du Sommet abrité par la capitale française seront probablement incapables de satisfaire les besoins de financement des économies africaines durement touchées par la crise liée à la Covid-19. Le «New deal» annoncé à Paris suffira-t-il ?

prêts. Néanmoins, l’annulation de la dette de certains pays du continent ne peut avoir d’effets substantiels sur le financement des économies des Etats africains sans l’avis favorable de la Chine qui détient près de 40% de la dette du continent. De solutions intéressantes, mais insuffisantes Entre 2006 et 2019, la dette du continent, lésé parfois à tort par des taux d’intérêt pro- hibitifs sur les marchés des capitaux en raison de l’exagéra- tion du risque, a été multipliée par trois, passant ainsi de 100 à 309 milliards de dollars. Toujours est-il que ces chiffres sont à rela- tiviser, surtout si l’on sait qu’un pays comme la France a affiché un taux d'endettement public de 120% du PIB à cause de la crise. Même l’Allemagne, un pays connu pour sa rigueur en matière de dis- cipline budgétaire et de gestion de la dette publique, a enregistré un taux d’endettement public de 74% du PIB en 2020. Pour l’Afrique, un continent qui a besoin d’être accompagné dans le processus de transformation de ses énormes potentialités, le taux d’endette- ment public a tourné autour de 52% du PIB en 2020. A l’instar des autres pays développés dure- ment impactés par la crise éco- nomique, les Etats africains sont appelés à recourir à l’endettement afin de faciliter la relance de leurs économies respectives, et surtout financer leur développement qui a affiché une grande marge de progression. Le président fran- çais a formulé le vœu pour que le Sommet de Paris débouche sur l’instauration d’un «New deal» en faveur de l’Afrique, notamment

avec la mise en place de solu- tions profondément novatrices. Cette grande ambition conférée à la manifestation internationale est certes louable, mais force est de constater que les suggestions majeures issues de la rencontre sont insuffisantes pour couvrir les 285 milliards de dollars (233,3 mil- liards d'euros) de financements supplémentaires nécessaires au renforcement de la réponse appor- téepar lespaysafricainsà lapandé- mie sur la période 2021-2025. Les droits de tirage spéciaux (DTS) en négociation lors du Sommet ne représentent que 34 milliards d’avoirs de réserve alloués par le FMI à l’Afrique et qui peuvent être échangés en contrepartie de liquidités ou d'espèces. Notons tout de même que Macron a for- mulé le vœu que ce montant passe à 100 milliards de dollars. Pour atteindre cet objectif, la France et le Portugal ont montré l’exemple en décidant de réallouer leurs DTS à l’Afrique. Un accord définitif sur le sujet est attendu entre juin et octobre prochains. Il importe de noter que les droits de tirage spé- ciaux du FMI ne sont pas sans conditions, lesquelles peuvent être parfois en contradiction avec la volonté de certains Etats africains qui veulent avoir une large marge de manœuvre quant à leur niveau d’endettement public. Au final, le sommet de Paris ne per- mettra pas de régler les énormes problèmes de financement de l’Afrique. Par contre, il a eu le mérite de mettre sous les feux des projecteurs internationaux l’épi- neuse question de l’endettement des pays du continent, qui ont beaucoup de difficultés pour mobi- liser le financement nécessaire à leur développement. ◆

La France et le Portugal ont mon- tré l’exemple en décidant de réal- louer leurs DTS à l’Afrique.

moins d’une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement afri- cains et européens. Le rendez- vous parisien s’est fixé un objectif ambitieux : trouver des solutions nouvelles à même de permettre à l’Afrique de faire face au choc sans précédent causé par la pan- démie, et ainsi de renouer avec la croissance, à l’instar d’autres continents qui ont pu mettre en place des plans de relance mas- sifs. Parmi les pistes explorées, il y a l’allègement, voire l’annulation partielle de la dette des pays afri- cains les plus pauvres et le soutien exceptionnel du FMI par le biais des droits de tirage spéciaux (DTS). D’ailleurs, à la veille du Sommet, le président Emmanuel Macron s’est déclaré être en faveur d’une annu- lation de la créance de la France sur le Soudan. Ce qui représente tout de même la bagatelle de près de 5 milliards de dollars. Ce geste louable pour certains serait un mauvais signal envoyé aux pour- voyeurs de financements et qui pourraient coller aux pays africains l’étiquette de mauvais payeur. Or, ces derniers, à l’instar des autres Etats, honorent leurs engagements en matière de remboursement de

Par M. Diao

L e Sommet sur le finan- cement des économies africaines qui s’est tenu récemment à Paris, à l’initiative du président français Emmanuel Macron, a suscité l’intérêt d’une large frange de la communauté internationale. L’objectif de cette rencontre de très haut niveau a été de tracer une feuille de route en vue d’accompa- gner le continent africain, lequel aspire à se relever très vite de la récession induite par la pandémie mondiale. Pour rappel, en près de 25 ans, c’est la première fois que le continent, qui compte une population d’1,2 milliard de per- sonnes, enregistre une récession d’une telle ampleur, avec un recul de 2,1% du PIB en 2020. D’ailleurs, il ressort des prévisions publiées en avril que le FMI prévoit une pro- gression de l’activité africaine de 3,4% contre 6% pour l’économie mondiale en 2021.

Les droits de tirage spéciaux (DTS) en négo-

ciation lors du Sommet ne repré-

sentent que 34 milliards d’avoirs de réserve alloués par le FMI à l’Afrique.

Annulation de la dette, la France montre l’exemple

La rencontre de haut niveau, a enregistré la participation de pas

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