Cornwall_2016_03_09

Quand l’appétit va, tout va

1 Une alimentation saine est souvent synonyme de bonne santé. Dans Prescott-Russell, les diététistes du Bureau de la santé de l’est de l’Ontario (BSEO) viennent en aide à divers intervenants, des milieux scolaire et médical entres autres, afin de renseigner la population sur la nutrition et ses impacts sur la santé globale. —photo Francis Racine

ALEXANDRA MONTMINY alexandra.montminy@eap.on.ca

D’ailleurs, plusieurs cures miracles semblent avoir fait leur appariation depuis quelques années. Jus verts, détoxification au thé (Teatox), nettoyage du foie… Difficile de s’y retrouver et de savoir si de telles mesures sont réellement nécessaires. «Ce sont des modes nourrie par les compagnies de marketing. (Les gens) s’embarquent là-dedans, parce que tout le monde à des complexes physiques. On cherche la solution facile, la solution miracle, mais comme je le disais, s’il avait des aliments miracles, il n’y aurait personne de malade et tout le monde aurait le corps idéal, n’est-ce pas?, poursuit Mme Cardinal. D’ailleurs certaines solutions miracles pourraient avoir des conséquences dangereuses pour la santé. « Au sujet de tout ce qui est ‘détox’ et compagnie, encore-là, c’est fondé sur lemarketing et la plupart des gens, qui ne connaissent pas l’anatomie, se font malheureusement embarquer dans ce genre de choses-là. On a tous un foie et des reins et c’est eux qui servent à détoxifier le corps, explique-t-elle. C’est sûr qu’il y a des dangers à désinformer la population comme ça. Je ne crois pas que, pour la population en général, les dangers liés à la santé soient si grands. C’est plutôt qu’ils vont perdre beaucoup d’eau et ils vont s’imaginer qu’ils ont perdu du poids, mais lorsqu’ils reprennent leur alimentation normale, ils reprennent le poids perdu », poursuit-elle. Les conséquences qui pourraient s’avérer néfastes toucheraient donc plutôt les gens qui ont des maladies chroniques comme le diabète, par exemple. « Il y a des gens qui peuvent subir de la déshydratation, des lésions au niveau des intestins et des

crampes aussi lors de cure de ce genre. Ce n’est pas toujours nécessairement très grave, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus santé non plus », affirme Mme Cardinal. De plus, trop vouloir atteindre la perfection peut s’avérer nocif pour le corps à longue, mais surtout, inefficace. « À force de faire des régimes à répétition, le corps fini par se défendre, donc il devient de plus en plus résistant à la perte de poids », déclare la diététiste. Comment faut-il alors se nourrir afin d’en retirer tous les nutriments désirés et ainsi maintenir une bonne santé globale? « Je recommande beaucoup de se fier à l’assiette- santé, dont lamoitié devrait être composée de légumes, d’un quart de produits céréaliers et d’un quart de protéines. Et on n’oublie pas notre verre de lait», expliqueMme Cardinal. Selon la femme diététiste pour le BSEO depuis six ans, il est important de prioriser les fruits et légumes oranges et verts, puisqu’ils contiennent plus de vitamines que les autres. Mais, il est important d’en consommer une variété. « Aussi, il vaut mieux manger les fruits et les légumes sous leurs formes entières plutôt que sous forme de jus puisque l’apport énergétique est moindre à l’état liquide », explique-t- elle. La bonne alimentation ne passe pas seulement par l’apport quotidien de fruits et de légumes. « Au niveau des produits céréaliers, ce serait d’avoir aumoins 50 %de nos produits à grains entiers. Il faut essayer d’éviter ce qui est faible en fibres, raffiné, etc. », poursuit Mme Cardinal. Les habitudes alimentaires ne sont pas toujours saines, malgré la bonne volonté de la population. « Nous avons à faire à une

population qui est bien éduqué, mais au niveau de la nutrition, il y a tellement de mauvaise information, que les gens croient faire les bons choix alors que parfois, c’est tout le contraire. Oui, il y a une part de désinformation et d’éducation, mais c’est surtout au niveau de l’environnement, expliqueMélissa Cardinal. On est heureux, onmange de lamalbouffe, on veut célébrer un événement, on mange de la malbouffe. Au final, on consomme de la malbouffe presque toutes les semaines! On a pris ces mauvaises habitudes au fil du temps. Nous essayons de faire en sorte que le choix santé devienne le choix le plus facile. » En plus de l’accès à la malbouffe de plus en plus facile, le contexte économique actuel rend l’accès à de la nourriture saines plus difficile, et ce, ici même dans Prescott- Russell. « Quand on parle de lamalnutrition, on pense souvent aux pays du Tiers Monde, où les enfants ne mangent pas à leur faim. Ici aussi, ça existe lamalnutritionmais c’est différent, affirme-t-elle. Il y en a, des gens qui ont faim, dans notre communauté. Surtout à cause des prix qui ne cesse d’augmenter dans les épiceries. D’ailleurs, selon Mme Cardinal, les banques alimentaires ont parfois de la difficulté à fournir autant qu’elles le voudraient, tout en affirmant le désir de leur apporter plus de soutien. « On se sent parfois impuissant devant cette situation. On essaie d’aider les banques alimentaires, de les outiller, mais ce n’est pas facile. » D’un autre côté, il y a aussi des gens qui ne mangent pas bien et qui ont des habitudes alimentaires qui ne sont pas nutritives. « À Hawkesbury et à Cornwall

La parution du rapport d’un Comité sénatorial paru la semaine dernière évalue qu’il serait « urgent » de revoir le Guide alimentaire canadien afin de contrer la crise de l’obésité au pays. À la suite des révélations contenues dans ce rapport, la nutrition et les habitudes alimentaires ont été mis sur la table. Mélissa Cardinal, diététiste professionnelle pour la santé publique au Bureau de la Santé de l’Est de l’Ontario, nous explique comment y parvenir. « La saine alimentation, pour nous en nutrition, c’est vraiment manger santé la plupart du temps et, de temps en temps, se donner des gâteries, a commenté d’emblée la diététiste basée à Casselman. Ils n’y a pas de chose comme ‘lameilleure diète aumonde’ ou ‘les supers aliments’. Il y a tellement de recherches à ce niveau-là que s’il y avait des aliments miracle qui existaient, on le saurait. » Selon Mme Cardinal, la clé de la réussite concernant l’alimentation n’est pas de surveiller le nombre de calories consommées, mais plutôt de bien les sélectionner. « Nous ne croyons pas vraiment au concept de ‘diète’; c’est plutôt d’avoir une alimentation équilibrée, puisque les gens pourront ainsi poursuivre les bonnes habitudes par la suite », a-t-elle expliqué. Effectivement, certains de ces régimes, promettent des résultats instantanées, mais qui la plupart du temps, disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus lorsque la personne reprend son alimentation habituelle.

Le Journal, Cornwall

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Le mercredi 9 mars 2016

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