Ère magazine, édition décembre 2020

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Qui «s’occupe de vous», comme vous dites? Je suis très bien entouré, par beaucoup de monde! Nous faisons vraiment un travail d’équipe avec les techniciens des Services industriels de Genève (SIG) qui assurent ma maintenance. Et plusieurs retraités SIG viennent s’assurer que tout est parfait au jour le jour. Mais ma famille est beaucoup plus large encore. Dans la liste des gens bien intentionnés envers moi, j’ajouterais tous ceux qui travaillent sur la rade, qu’ils soient hôteliers, restaurateurs, guides touristiques. Je sens à tout moment des ondes de bienveillance à mon égard. Je pense aussi aux capitaines des bateaux à vapeur qui me saluent à coups de sirène en quittant Genève. J’embarquerais bien avec eux pour découvrir la beauté de ce lac qui m’a l’air immense! Vous avez d’autres rêves? J’ai tout loisir de rêver quand je domine la rade. Ce n’est pas possible pour des raisons de sécurité, mais j’adorerais que les enfants – et même les poissons, les cygnes et les canards – puissent utiliser ma force de propulsion et se servir de moi comme d’un tremplin pour leurs divertissements. Je serais comme un Luna Park aquatique! Entre les sauts périlleux, les loopings, les rires des gosses et les cris des mouettes, cela donnerait une magnifique animation, vous ne trouvez pas? Vous êtes devenu un monument célèbre. Comment le vivez-vous? Je vais être sincère. Je ne suis constitué que d’air et d’eau, mais je suis flatté quand on me dit être une cathédrale éphémère dont les reflets changent en fonction du temps qu’il fait, pluie, neige, nuages ou soleil. Je suis fier de ma popularité. Tout comme je suis triste quand je dois suspendre mon envol pour cause de révision technique, d’excès de vent, ou lorsque le froid risque de provoquer des embruns glacés sur la jetée, ou enfin quand j’entends les touristes se lamenter de mon absence. L’un d’entre eux a dit un jour : «Genève sans le Jet d’eau, c’est comme le Louvre sans la Joconde ! » Ce jour-là, j’étais le roi du monde!

Le Jet d’eau a été illuminé dès 1891. Cet automne, il s’est paré de bleu pour commémorer les 75 ans de l’ONU.

«Genève sans le Jet d’eau, c’est comme le Louvre sans la Joconde ! »

Le fantôme de Léonard de Vinci, de passage à Genève

Le Jet d’eau de Genève et ses « cousins » dans le monde

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