FNH N° 1014 HD

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TRIBUNE LIBRE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 12 MARS 2021

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organisant la formation au COPE, date de 1987. Il définit la structure des programmes, le volume horaire, les niveaux, les conditions et les moda- lités d’accès au COPE. Il n’accorde pas d’autonomie budgétaire et offre très peu de marge de manœuvre sur le plan de la gestion propre. Le COPE dépend fortement des structures cen- trales de l’éducation nationale, qui définissent le nombre de postes bud- gétaires, ceux qui accèdent au COPE. Cette estimation du nombre de per- sonnes à recruter n’est soumise à aucune analyse des besoins. La tutelle du ministère est souvent contraignante et peu réactive au point de faire annuler ou de laisser sans suite des initiatives de coopération (IIPE, Unesco…). Des projets structu- rants n’ont pas été retenus et l’admi- nistration propre du COPE a été mise dans l’impossibilité de débloquer la situation. Par exemple, le potentiel de coopération avec les académies, avec la formation professionnelle ou les universités existe, mais le statut actuel du COPE n’offre pas les bases de partenariat. Au niveau pratique, les responsables administratifs et les enseignants au COPE se sont heurtés de manière récurrente à de nombreux problèmes comme: 1. Des difficultés d’adapter les cours et les volumes horaires en fonction des besoins réels des stagiaires; 2. De fixer d’avance les dates du

concours pour éviter des difficultés à l’organisation de la formation : cette année, le concours a été fixé cen- tralement, en février 2021, pour des stagiaires supposés être en cours au mois septembre 2020 ! Ainsi, les futurs admis devront commencer leur forma- tion en milieu d’année scolaire sans pour autant qu’une révision du texte juridique organisant la formation au COPE n’ait été entamée comme prévu ! 3. L’impossibilité de revoir les coef- ficients de certaines matières, leur pondération en vue d’assurer une for- mation pertinente et de qualité; 4. Allocation centrale des ressources humaines (ou leur recrutement) sans rapport avec une analyse des besoins, aboutissant paradoxalement à des doubles-emplois, des besoins non satisfaits et une sous-utilisation des moyens 3 . La tutelle centrale imposée au COPE a des implications dommageables sur le plan de la gestion et le fonction- nement de la formation. Alors que la formation a besoin de profils précis – ce qui manque, ce sont des for- mateurs qui peuvent consolider des matières qui constituent le cœur du métier de la planification et de l’orien- tation scolaire. Or, régulièrement, le ministère a procédé à des «affections administratives» d’un personnel en surplus ou dont le COPE n’a aucun besoin évident. Comme s’il s’agis- sait pour le ministère d’une «réserve de recyclage». On a assisté aussi

à des recrutements ouverts à des postes largement couverts par les enseignants disponibles au COPE (psychologie, sociologie, matières lit- téraires …). Par ailleurs, le déficit en ressources humaines concerne aussi le personnel administratif. Le direc- teur, le directeur adjoint, le secrétaire général au COPE ne bénéficient ni de secrétaires ni d’une assistance administrative. Pratiquement, tous les départs à la retraite ne sont pas rem- placés et ils sont nombreux … Il est bien beau de parler des engagements de la loi-cadre ! Surprenant : un concours de recrutement en milieu d’année Pour toute démarche au sein du ministère, le COPE doit passer par une unité administrative supposée assurer une coordination. En réalité, cette structure fonctionne comme un simple «Bureau d’ordre» qui, au lieu de faciliter la communication directe avec les décideurs, joue dans les faits un rôle de ralentisseur (pour ne pas dire plus). Au COPE et d’autres acteurs, certains s’interrogent sur la valeur ajoutée d’une telle structure tampon. En ce qui concerne le concours de cette année, en laissant de côté une interrogation légitime sur la pertinence des épreuves conçues de manière centrale, cette opération a été menée par une Direction centrale du minis- tère en faisant fi des textes qui orga- nisent le concours du COPE et les responsabilités légales du COPE. En faisant fi du non-respect de la pro- cédure normale et réglementaire, il subsiste une question majeure qui demeure sans réponse : Quel ciblage de profils les épreuves retenues (et leurs items) ont visé ? Vu la grande diversité des populations nouvelle- ment incluses dans le concours, et vu la nature des épreuves et items rete- nus, des statisticiens pourraient vala-

Le COPE dépend for- tement des structures centrales de l’éducation nationale, qui définissent le nombre de postes budgétaires, ceux qui accèdent au COPE.

blement suggérer qu’un tirage aléatoire aurait pu obtenir une meilleure sélection. Se rajoutent des oraux organisés à distance à des centaines de candidats, avec des jurys hétérogènes non nécessairement initiés aux requis de la planification et de l’orienta- tion scolaires.

En plus des problèmes devenus habituels comme les fortes déperditions scolaires et universitaires et les faibles niveaux des acquis, va s’ajouter la gou- vernance problématique.

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