CardioH no. 60

CARDIO H - N°60 / DÉCEMBRE 2022 causes plus rares existent, isolées ou le plus souvent surajoutées, telles que les vascularites (1) . Nous relatons ici le cas d’une patiente de 48 ans présentant un angor instable chez laquelle a été découvert, a posteriori, une maladie inflammatoire rare à l’origine de sa coronaropathie. Case Report Cette patiente de 48 ans tabagique, porteuse d’une hérédité coronarienne, s’est présentée au service des urgences en raison d’une douleur thoracique angineuse. Ses antécédents comprennent une péricardite et un épisode unique de thrombose veineuse superficielle. Elle relate à l’interrogatoire des douleurs thoraciques d’effort paroxystiques depuis plusieurs mois. Introduction La maladie coronarienne est le plus souvent due à l’athérosclérose dont le développement dépend des facteurs de risque cardiovasculaires. D’autres causes plus rares telles que les vascularites existent néanmoins, en particulier lorsqu’il s’agit d’une coronaropathie du sujet jeune. Case Report Une patiente de 48 ans est adressée dans notre centre pour un tableau d’angor crescendo. La coronarographie retrouve des sténoses ostiales subocclusives du réseau gauche et une indication de pontage est retenue. La découverte fortuite d’une dissection occlusive d’allure ancienne de l’aorte abdominale sous-rénale motive finalement la réorientation de la patiente vers une revascularisation par angioplastie. A l’issue de nos investigations, nous portons le diagnostic d’artérite de Takayasu. Conclusion L’artérite de Takayasu, bien que rare, peut atteindre les artères coronaires et nécessite une approche multidisciplinaire dans sa prise en charge. Il ne faut cependant pas négliger la prise en charge des facteurs de risque Auteurs : Nassima Djaballah, Mathieu Valla, CHRU Metz

A RTERITEDE T AKAYASU ET CORONAROPATHIE : UN CAS CLINIQUE  ˆ† ‰ ‚ Š  1. CHRU de Metz. cardiovasculaires associés, co-responsable majeurs, dans notre cas, de l’atteinte vasculaire. Mots-clés : angor instable ; coronaropathie ; maladie inflammatoire ; artérite de Takayasu

Introduction La maladie coronarienne est le plus souvent due à l’athérosclérose. Son développement est déterminé par les facteurs de risque cardiovasculaires. Cependant, d’autres causes plus rares existent, isolées ou le plus souvent surajoutées, telles que les vascularites (1) . Nous relatons ici le cas d’une patiente de 48 ans présentant un angor instable chez laquelle a été découvert, a posteriori, une maladie inflammatoire rare à l’origine de sa coronaropathie. Case Report Cette patiente de 48 ans tabagique, porteuse d’une hérédité coronarienne, s’est présentée au service des urgences en raison d’une douleur thoracique angineuse. Ses antécédents comprennent une péricardite et un épisode unique de thrombose veineuse superficielle. Elle relate à l’interrogatoire des douleurs thoraciques d’effort paroxystiques depuis plusieurs mois.

Cliniquement, la patiente est stable hémodynamiquement, sans signes d’insuffisance cardiaque. L’ECG inscrit un sous- décalage diffus du segment ST avec sus-décalage minime en aVR et une négativation des ondes T en antérieur. La biologie est normale avec un cycle de troponine négatif, sans syndrome inflammatoire. Enfin, l’échocardiographie objective une FEVG préservée sans trouble de cinétique segmentaire, l’absence de valvulopathie, un bon ventricule droit et un péricarde sec. Devant le tableau d’angor instable, la patiente bénéficie d’une coronarographie diagnostique ( Figure 1 ). La coronarographie réalisée par voie radiale 5F met en évidence une coronaire droite angiographiquement saine mais des lésions sévères du réseau gauche avec une subocclusion du tronc commun ostial, une subocclusion de l’artère interventriculaire antérieure ostiale, une subocclusion de la bissectrice et une lésion non significative de l'artère circonflexe proximale. Devant l’impossibilité d’injection sélective sans chute de pression, la caractérisation précise de l’atteinte est obtenue au moyen d’un cathéter guide en 6F avec stabilisation par guide 0.14 ( Figure 1B ).

 La maladie coronarienne est le plus souvent due à l’athérosclérose dont le développement dépend des facteurs de risque cardiovasculaires. D’autres causes plus rares telles que les vascula- rites existent néanmoins, en particulier lorsqu’il s’agit d’une coronaropathie du sujet jeune.  Une patiente de 48 ans est adressée dans notre centre pour un tableau d’angor crescendo. La coronarographie retrouve des sténoses ostiales subocclusives du réseau gauche et une indication de pon- tage est retenue. La découverte fortuite d’une dissection occlusive d’allure an- cienne de l’aorte abdominale sous-ré- nale motive finalement la réorientation de la patiente vers une revascularisation par angioplastie. A l’issue de nos investi- gations, nous portons le diagnostic d’ar- térite de Takayasu.  L’artérite de Takayasu, bien que rare, peut atteindre les artères coronaires et nécessite une approche multidiscipli- naire dans sa prise en charge. Il ne faut cependant pas négliger la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires associés, co-responsable majeurs, dans notre cas, de l’atteinte vasculaire.    Angor instable ; coronaropathie ; mala- die inflammatoire ; artérite de Takayasu I NTRODUCTION La maladie coronarienne est le plus souvent due à l’athérosclérose. Son développement est déterminé par les facteurs de risque cardiovasculaires. Cependant, d’autres causes plus rares existent, isolées ou le plus sou- vent surajoutées, telles que les vas- cularites(1). Nous relatons ici le cas d’une patiente de 48 ans présentant

un angor instable chez laquelle a été découvert, a posteriori, une maladie inflammatoire rare à l’origine de sa coronaropathie. C ASE R EPORT Cette patiente de 48 ans tabagique, porteuse d’une hérédité corona- rienne, s’est présentée au service des urgences en raison d’une douleur thoracique angineuse. Ses antécé- dents comprennent une péricardite et un épisode unique de thrombose veineuse superficielle. Elle relate à l’interrogatoire des douleurs thora- ciques d’effort paroxystiques depuis plusieurs mois. Cliniquement, la patiente est stable hémodynamiquement, sans signes d’insuffisance cardiaque. L’ECG ins- crit un sous-décalage diffus du seg- ment ST avec sus-décalage minime en aVR et une négativation des ondes T en antérieur. La biologie est nor- male avec un cycle de troponine né- gatif, sans syndrome inflammatoire. Enfin, l’échocardiographie objective une FEVG préservée sans trouble de cinétique segmentaire, l’absence de valvulopathie, un bon ventricule droit et un péricarde sec. Devant le tableau d’angor instable, la patiente bénéficie d’une coronarographie dia- gnostique (Figure 1). La coronarographie réalisée par voie radiale 5F met en évidence une co- ronaire droite angiographiquement saine mais des lésions sévères du ré- seau gauche avec une subocclusion du tronc commun ostial, une suboc- clusion de l’artère interventriculaire antérieure ostiale, une subocclusion de la bissectrice et une lésion non significative de l’artère circonflexe proximale. Devant l’impossibilité d’injection sélective sans chute de pression, la caractérisation précise de l’atteinte est obtenue au moyen d’un cathéter guide en 6F avec stabi- lisation par guide 0.14 (Figure 1B). A

A

B

Figure 1. Coronarographie diagnostique : A. Artère coronaire droite normale B. Lésions ostiales sévères du réseau gauche B

Figure 1. Coronarographie diagnostique : A. Artère coronaire droite normale B. Lésions ostiales sévères du réseau gauche

Devant le jeune âge de la patiente, la stabilité hémodynamique et la sévérité des lésions coronariennes néanmoins sans ischémie de repos, un traitement par Aspirine et Héparine est initié et une discussion médico-chirurgicale en urgence nous fait retenir l’indica- tion d’un pontage aorto-coronarien, avec mise en place préalable d’une contre-pulsion par ballon intra-aor- tique (CPBIA) afin d’assurer la perfu- sion coronaire lors de l’induction. Ce- pendant, la tentative de mise en place de la CPBIA, par voie fémorale droite comme gauche, se solde par un échec, avec impossibilité de faire progresser le matériel. Un angioscanner réalisé en urgence (Figure 2), retrouve alors une occlusion totale de l’aorte abdo- minale sous-rénale juste au-dessus de la bifurcation iliaque, étendue au réseau iliaque commun gauche, d’as- pect grêle, évocateur d’une dissection ancienne. Il n’y a pas de signe de souf- france viscérale par ailleurs. ˜©    ’’       

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