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F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 4 MARS 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Légalisation du cannabis ◆ Ils devraient profiter des marges générées par l’activité et qui sont empochées par les trafiquants. ◆ Le regroupement en associations ou coopératives permettra de mieux superviser la filière. Bouffée d'espoir pour les exploitants

ment les agriculteurs et pas les trafiquants. Car les pre- miers s’adonnent à l’activité pour vivre et les seconds pour s’enrichir» , souligne Hassan Marbouhi, membre du Collectif national pour la légalisation du cannabis. «La légalisation permet- tra aussi d’orienter l’acti- vité vers des créneaux bien ciblés et licites. Pour ce faire, il faut créer des coo- pératives et des associations pour encadrer les exploitants et les aider à ne pas être à la merci des barons de la drogue» , précise Marbouhi. La quasi-totalité des opé- rations de reconversion de la culture du cannabis vers d’autres activités formelles a connu un échec cuisant. Marbouhi explique que «la culture du cannabis est forte- ment ancrée dans le mode de vie des paysans du Rif. Cette zone est fortement acciden- tée, le terroir est peu fertile et très peu propice à d’autres cultures. Pendant plus de cinq générations, les exploitants ne savaient faire que la culture

Par C. Jaidani

L’ annonce du gouvernement d’un projet de légalisation du cannabis pour un usage thérapeutique ou industriel est sous les feux des projecteurs. Fortement demandée par des partis politiques et des militants de la société civile, cette initia- tive signe un tournant pour tout un écosystème. Faut-il le rappeler, le cannabis est avant tout une filière agricole comme les autres. Elle néces- site un emblavement du sol, des semis, des intrants et aussi d’autres travaux pour la récolte et la transformation. «Le projet de légalisation du cannabis a suscité un certain soulagement dans la région du Rif. Il permettra de corri- ger une situation qui ne peut durer. La plupart des exploi- tants sont recherchés par les autorités. Dès lors, il serait sage de lancer une amnis- tie générale, qui vise unique-

L’approche sécuri- taire a montré ses limites pour lutter contre le canna- bis. La légalisation devrait orienter les cultures vers des créneaux licites.

Le mou- vement de légalisation du cannabis gagne du terrain. Ces dernières années, plu- sieurs pays l’ont concréti- sée.

du cannabis. La reconversion vers d’autres activités est dif- ficile. A titre d’exemple, un hectare de cannabis assure un revenu moyen de 10.000 DH, alors que celui de blé ne rapporte que 2.000 DH». En parallèle à la légalisation, il faut que l’Etat accentue son programme de développe- ment des provinces du Nord. L’objectif est de renforcer les infrastructures de base, sur- tout les routes, pour désen- claver la région. La légalisation du cannabis devrait ouvrir de nouveaux horizons aux exploitants. L’activité assure des marges importantes et présente aussi un potentiel à l’export. «L'impact social et écono- mique de la légalisation du cannabis serait très bénéfique. Le Maroc pourrait éventuelle- ment exporter légalement un cannabis médical et récréa- tif de grande qualité vers les pays où il est légalisé. Ce qui générerait de l'emploi et des revenus substantiels aux

exploitants et aussi à l'Etat. A titre d'exemple, deux jours après la légalisation du can- nabis au Canada, il y a eu une rupture de stock dans la majorité des magasins offi- ciels gérés par les autorités». «Le mouvement de légalisa- tion du cannabis gagne du terrain. Ces dernières années, plusieurs pays ont sauté le pas, notamment la Suisse, les Pays-Bas, l’Espagne, le Luxembourg et certains Etats américains, dont la Californie. D'autres pays suivront sous peu comme le Mexique, le Liban, l’Iran et l’Inde», affirme Mohamed Ben Amar, pro- fesseur en pharmacologie à l’Université de Montréal. Sur le plan technique, Ben Amar explique que «le contrôle de la qualité du can- nabis permettra de standardi- ser la concentration en tétra- hydrocannabinol (THC) et en cannabidiol (CBD), les deux principaux ingrédients du pro- duit, et d’éliminer les agents adultérants». ◆

La culture de cannabis assure un revenu pour 90.000 familles implantées essentiellement dans la région du Rif. Ce revenu reste dérisoire par rapport à ce que génèrent les barons de la drogue à l’international. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et les crimes (ONUDC), le chiffre d’affaires du cannabismarocain, dont 80% sont écoulés en Europe, est estimé à 13milliards de dollars par an, dont seuls 300millions de dollars pro- fitent aux exploitantsmarocains. 90.000 familles dans le Rif concernées

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