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FINANCES NEWS HEBDO / DU 29 JUILLET AU 29 AOÛT 2024

ECONOMIE

F. N. H. : Concernant la Stratégie nationale de mobi- lité urbaine, une feuille de route nationale a été éla- borée pour une mobilité durable à l’horizon 2040. A votre avis, quels en sont les enjeux ? A. E. M. : La Stratégie natio- nale de mobilité urbaine est une initiative ambitieuse qui s’attaque à plusieurs enjeux cruciaux. Elle vise à répondre à la croissance démographique et à l'urbanisation rapide, tout en minimisant l'im- pact environnemental. Les enjeux incluent la réduction de la conges- tion urbaine, l'amélioration de la qualité de l'air et l'encouragement des modes de transport durables tels que les véhicules électriques. La stratégie intègre également des technologies intelligentes pour optimiser les réseaux de trans- port. Un autre enjeu clé est la formation et le développement des compétences locales pour assurer une gestion autonome et efficace des systèmes de transport urbain, renforçant ainsi notre souveraineté nationale. Aujourd’hui, le Maroc est l’un des rares pays d’Afrique à bénéficier d’un secteur privé expérimenté et performant. Tout cela revient à la vision éclairée de Feu Sa Majesté Hassan II qui avait décidé en 1985 de créer ce métier au Maroc pour privatiser les sociétés étatiques défaillantes. En 39 ans, tout cela a conduit à une réelle expertise privée qui n’existe dans aucun pays du Maghreb. Le Maroc peut se targuer, aujourd’hui, d’un savoir-faire réel à travers des sociétés marocaines trentenaires, à l’instar de la France, de l’Espagne et du Royaume-Uni qui dominent le marché au niveau mondial. Les opérateurs marocains doivent se renforcer et se diversifier sur le marché africain et asiatique. F. N. H. : Comment expli- quez-vous la domination des entreprises étrangères sur le transport urbain, pro- blématique qui d’ailleurs a été soulevée par le ministre marocain de l’Intérieur ? A. E. M. : Cette vision est exacte

 Les sociétés marocaines ont le mérite d’investir dans des politiques audacieuses pour promouvoir l'innovation locale.

depuis la fin des années 2000 pour concurrencer les entreprises étrangères sur tous les marchés publics. Actuellement, vous avez des sociétés marocaines qui opèrent correctement comme le groupe Foughal bus, le groupe Karama bus, ou encore le groupe Citybus. Les sociétés marocaines ont le mérite d’investir dans des politiques audacieuses pour pro- mouvoir l'innovation locale, la recherche et développement et renforcer les capacités des entre- prises nationales. Un des groupes marocains à travers la création de son centre de recherche en 2016 a créé un premier auto- bus électrique 100% marocain, doté des technologies les plus avancées. Il est actuellement en cours d’homologation en Europe. Une usine d’industrialisation pour la fabrication de ces véhicules destinés au marché européen et marocain est en cours de déve- loppement au niveau de la pro- vince de Benguérir. Cela dévoile

le potentiel marocain et l’espoir de son développement continen- tal et international. Le transfert du savoir-faire et les partenariats stratégiques (principalement le tramway) deviennent des leviers essentiels pour une autonomie accrue et une maîtrise locale des technologies de transport. F. N. H. : Quels sont les principaux défis auxquels le Maroc est confronté dans la gestion autonome de son système de trans- port urbain, et comment les acteurs locaux envisagent- ils de les surmonter ? A. E. M. : Le Maroc fait face à plu- sieurs défis dans la gestion auto- nome de son système de trans- port urbain, notamment le finan- cement durable et l’insuffisance des infrastructures. Le ministre a répondu à ces deux éléments critiques. D’abord, par l’accom- pagnement financier étatique susmentionné. Ensuite, par le développement d’infrastructures de qualité (Busway) dans de nou- velles villes comme Marrakech, Agadir et Tanger. Les opérateurs locaux doivent continuer dans leur politique de développement continu et de mise à niveau en phase avec les

au niveau du transport urbain par tramway, mais inexacte au niveau du transport par autobus. La domination récente du marché d'une entreprise étrangère dans le secteur du transport urbain par autobus s'explique par les appels d’offres les plus importants pour Casablanca et Rabat remportés en 2019 par cette même société anglaise (Alsa). Historiquement, le Maroc a fait appel à cette entre- prise pour pallier les lacunes locales en termes de compé- tences et de ressources. D’autres expériences avec des opérateurs étrangers d’envergure ont cependant échoué, à l’instar de Veolia à Rabat en 2011 (actuel Transdev) ou RATP (opérateur technique de Casablanca de 2004 à 2019) qui ont coûté des milliards de DH aux deniers publics. Toutefois, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a évolué et les entreprises marocaines se sont améliorées

Le Maroc fait face à plusieurs défis dans la gestion autonome de son système de transport urbain, notamment le financement durable et l’insuffisance des infrastructures.

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