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SAM ALLONS

01 | 2022

Les fils prodigues Aimés par le Père p. 8-9 IDENTITÉ

Appel ou racines Préserver son identité p. 16

Identité d’entreprise SAM global p. 4-5

ÉDITORIAL

SOMMAIRE 02 Éditorial Luisa Vonarburg

Luisa Vonarburg Responsable de la rédaction SAM Allons

03 Pris sur le vif Aimée Mandjila

Il y a un peu plus d’un an, dans un ALLONS, nous nous sommes penchés sur le thème de la « patrie ». Nous avons entrepris un voyage à travers les différentes dimensions de ce que peut représenter la patrie et où nous pouvons la trouver. Nous pouvons parcourir autant de kilomètres que nous le souhaitons, laisser derrière nous notre an- cienne vie et en construire une nouvelle, cependant nous ne pouvons pas nous séparer de nous-mêmes, de nos ex- périences et de nos souvenirs. Pour certains d’entre nous, ce thème peut paraître excitant et stimulant. Pour d’autres, cela s’avère plutôt un défi et une source de frustration. Quoi que ce sujet déclenche en nous, la patrie fait partie de chacun d’entre nous, elle fait partie de notre identité. Qui sommes-nous ? Qu’est-ce qui fait notre identité ? A-t-elle été façonnée par l’environnement dans lequel nous nous trouvons ? Les événements de la vie, les gènes, les décisions, les gens, nous-mêmes ou Dieu déterminent-ils notre identité ? Pour aller au fond des choses, les auteurs de ce numéro de ce ALLONS se sont précisément penchés sur ces questions. Leurs réponses ne sont pas exclusives, mais elles devraient nous inciter à poursuivre la réflexion sur notre identité et sur ce que nous sommes, et cela avec bienveillance. Compréhension et découverte La manière dont nous abordons la question de notre iden- tité est très différente selon les uns et les autres. Il n’est pas non plus certain que nous puissions un jour la com- prendre et la saisir complètement. Mais ce que nous sa- vons définitivement, c’est que la question de savoir qui nous sommes est un processus qui dure toute la vie, un chemin de compréhension et de découverte. À vous qui vous plongez dans les histoires des auteurs de ce ALLONS, j’aimerais vous mettre au défi de vous po- ser les questions suivantes : d’où vient votre identité ? Qui vous donne votre identité ? A-t-elle changé, évolué ou été renouvelée au fil des années ? Qui êtes-vous et qu’en pen- seraient les autres ?

04 Qui est SAM global ?! Jürg Pfister

06 Une décision,

quelles conséquences ? Ousmane D.

08 Les fils prodigues Adrian Baumann

09 Suisse sur le papier Joel R.

10 « …et à la fin Dieu nous a conduits en Guinée » Daniel Jakob

11 Entre deux mondes Lukas B.

12 IMP– ACTES

Luisa Vonarburg, Communication

Votre don fait une différence

02

PRIS SUR LE VIF

13 Tensions entre culture et fo i Dr Hannes Wiher

Pendant mon engagement en Guinée, il arrivait souvent que quelqu’un s’annonce à ma porte par un retentissant « kong kong ». Lorsque je demandais qui était là, la ré- ponse était souvent la même, surtout de la part des en- fants : « C’est moi ! » Bien sûr, cette réponse ne m’aidait pas vraiment, elle me faisait tout au plus sourire. « Moi, c’est qui ? » « Eh bien, moi ! » En y réfléchissant bien, il n’est pas si facile de répondre à la question « Qui es-tu ? » La phrase : « Je suis... » peut se terminer de tellement de façons différentes. Je suis Ai- mée, étudiante, enfant de Dieu, originaire du canton de Fribourg, membre d’une église libre, en vacances, affamée, artiste ou sœur de Jasmin. Je suis tellement de choses à la fois que je ne sais pas par où commencer. Et de la même manière, chacun de nous a de multiples facettes. Bien sûr, on peut répondre par des choses superficielles comme son propre nom, ce qui m’aurait déjà suffi dans le cas des visiteurs inconnus à la porte. Mais l’identité d’une personne va bien plus loin qu’un simple arrange- ment de lettres choisi par les parents. Qu’est-ce qui dit qui nous sommes ? Notre passeport, notre famille, notre solde bancaire, notre profession, le regard des autres, nos actions, Dieu ? Pouvons-nous choisir et façonner libre- ment notre identité ? Je pense que la première et la plus importante voix qui nous dit qui nous sommes est la voix de Dieu. Elle dit très clairement que nous sommes aimés. Et comme être aimé est un état et non une action, il n’y a rien à changer à cela. Outre ce noyau fixe de l’identité humaine, une partie est changeante. Les gens sont influencés par tout ce qui les en- toure. Le rythme, l’équilibre que l’on donne aux choses, la culture, tout cela nous est enseigné. Nous remarquons comment les gens réagissent à notre égard et nous nous adaptons. Je sais ainsi par expérience que les personnes qui me demandent ma nationalité ne se contentent sou- vent pas de la réponse : suisse. L’identité est étroitement liée à nos semblables. À qui nous identifions-nous ? Qui s’identifie à nous ?

14 Miroir, mon beau miroir… Sina Vögeli

16 Identité, culture et vocation Sonja Pichler

17 « Qui suis-je, et si je suis, combien ? » Justine G.

19 JOBS

Travailler chez SAM global

22 Pouls financier Peter Röthlisberger

Titre : Cette photo a été prise dans un village de l’intérieur, au Sertão, Brésil. Francisco, petit paysan, a été l’un des premiers chrétiens quand les collaborateurs de SAM glo- bal sont arrivés pour visiter son village et proposer des cultes. Aujourd’hui, il existe une église à cet endroit.

Aimée Mandjila, c’est mon nom et la réponse la plus ap- propriée à la question de savoir qui je suis.

La signification de mon nom est « Aimée en route ».

Aimée Mandjila Ancienne court-terme ActionVIVRE Sud Guinée

Pour des raisons de sécurité, nous ne mentionnons pas les noms de fa- mille de nos collaborateurs à l’étranger.

03

QUI EST SAM global ?!

L’organisation SAM global, basée sur la foi chrétienne, a été fondée en 1889. Les pre- miers pays d’engagement étaient la Chine et l’Angola. Plus tard sont venus le Japon, où nous ne travaillons plus à l’heure ac- tuelle et le Brésil, puis la Guinée et le Sri Lanka. En 2011, SAM global a intégré « Vi- sion Afrika » et ses trois pays : le Came- roun, le Tchad et le Burkina Faso. Comme nous voulions mettre l’accent sur notre en- gagement en Asie, nous avons décidé de rajouter encore le nord de l’Inde, le Népal et le Cambodge. 132 ans… quand nous contemplons toute l’his- toire, qu’est-ce qui caractérise SAM global ? De- puis sa création, SAM global a travaillé d’une ma- nière holistique et a toujours cherché à répondre aux différents besoins des gens. C’est ainsi que des écoles, des centres de formation, des hôpi- taux, des cliniques et des églises ont vu le jour en collaboration avec des partenaires sur place. Le souci de coopération et de mise en réseau a tou- jours caractérisé SAM global et la collaboration respectueuse avec les partenaires locaux est une marque de fabrique. Ainsi par exemple, l’objectif n’a jamais été de créer partout une nouvelle déno- mination, mais de rechercher une collaboration avec une ou plusieurs églises partenaires. Ce n’est pas pour rien que SAM global a longtemps gar- dé le nom d’Alliance Missionnaire Évangélique. SAM global se rend en des lieux où la détresse est grande à plusieurs niveaux. Lors du choix des nouveaux pays d’engagement en Asie, nous avons notamment tenu compte de l’indice de dé- veloppement humain, tout en cherchant la direc- tion de Dieu. Nous devons rester conscients de notre histoire, mais aussi réfléchir à ce qu’il faut faire maintenant. Qui ne veut pas que SAM global change, ne veut pas non plus que SAM global vive ! Nous avons constamment besoin de changement. Voilà com- ment nous nous voyons actuellement :

Notre vision

Les gens font l’expérience de l’amour inconditionnel de Dieu, s’épanouissent grâce à l’enseignement et une mise en pratique adaptée, puis s’investissent pour les autres.

Nous travaillons à cette vision parce que nous sommes convaincus que lorsque des gens font l’expérience de l’amour de Dieu, cela a une influence positive sur leur vie en socié- té. Les tensions ethniques et sociales, l’égoïsme et la corrup- tion, donc l’injustice aussi, diminuent. Nous nous investissons d’une manière adaptée dans l’éduca- tion et la pratique à tous les niveaux. Notre objectif est que la vie des gens s’améliore à tel point qu’ils s’engagent avec espoir dans leur pays au lieu de vouloir le quitter. Notre mission S ERVE A ND M ULTIPLY (SAM) : Nous servons (serve) des gens de différentes cultures et reli- gions dans leur intégralité et dans une optique de durabili- té pour un travail de développement dans les domaines de la formation scolaire et professionnelle, la santé, la forma- tion biblique et pratique et l’amélioration des conditions de vie dans onze pays. Nos collaborateurs s’investissent dans le plein développe- ment du potentiel des personnes, de manière à ce qu’elles puissent expérimenter l’amour de Dieu et le transmettre à d’autres (multiply).

Ce faisant, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ leur est pré- sentée d’une manière crédible.

De plus, SAM global effectue un travail de sensibilisation en Suisse et dans d’autres pays d’Europe, et soutient le travail parmi les migrants.

04

Nos priorités Priorité géographique :

Nous nous concentrons sur des pays où les besoins sont grands dans plusieurs domaines. Nous contribuons ainsi à la réalisation des objectifs de développement durable de l’ONU. Nos régions prioritaires sont l’Asie du sud-est et l’Afrique de l’ouest, y compris la zone sahélienne. Nous nous engageons aussi au Brésil et en Angola. Priorité à nos points forts : Valeurs de base : L’Europe a des racines chrétiennes. Des va- leurs comme l’honnêteté, la fiabilité, le désir de justice et une bonne éthique de travail nous imprègnent. Ce sont des va- leurs qui valent la peine d’être transmises. Formation : De nombreuses personnes en Europe ont bénéfi- cié d’une excellente formation. Nous investissons dans l’édu- cation à différents niveaux, par exemple dans la formation scolaire et la formation des enseignants, la formation profes- sionnelle duale, la formation et pratique théologique, ainsi que la formation dans le domaine de l’agriculture et du bu- siness social / B4T. Nous sommes reconnaissants envers les professionnels qui s’engagent et transmettent leur savoir-faire. Finances : En tant qu’Européens, nous sommes plus privilé- giés que la moyenne mondiale dans le domaine des finances et avons un pouvoir d’achat élevé. En investissant nos res- sources de manière durable, nous pouvons faire une grande différence. Réseautage : Nous voulons rendre le savoir accessible, uti- liser les synergies et construire des ponts par-delà les fron- tières ethniques et politiques, et rechercher la collaboration.

Notre structure SAM global s’organise en tant qu’association à but non lu- cratif et compte environ 150 membres. Outre le siège princi- pal en Suisse alémanique, des représentations existent en Bel- gique et en France. Le travail de SAM global est en grande partie financé par des donateurs privés. 10-15% du budget sont couverts par des fonds publics pour la coopération au développement (de la DDC via Unité). Nous sommes certi- fiés par Zewo et le code d’honneur. Tous les dons sont dé- ductibles des impôts en Suisse et en France. Nous considé- rant comme faisant partie d’un ensemble plus vaste, nous recherchons la collaboration et la mise en réseau et sommes membres de différentes associations faîtières et réseaux : Uni- té, Interaction, SEA, SEA interculturel, AEM, etc.

Jürg Pfister Directeur de SAM global

Nos valeurs

changement de vies L’éducation, la formation et le soutien aux personnes par SAM global ne doivent pas seulement transmettre un savoir intellectuel, mais aussi toucher les cœurs et changer des vies de manière durable. Ensemble, nous nous laissons inspirer par Jésus-Christ et voulons, comme Lui, servir les autres, construire des ponts et inspirer la paix. valorisation Nous vivons une atmosphère familiale entre les collaborateurs, au-delà des frontières culturelles, et nous nous traitons mutuelle- ment avec estime. Cette attitude caractérise également notre rela- tion avec les donateurs/trices, avec ceux qui nous soutiennent par la prière et avec nos partenaires.

authenticité Nous nous efforçons de fournir un excellent travail tout en communiquant de manière authentique.

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MIROIR, MON BEAU MIROIR…

nous nous voyons contribue également à déterminer l’image que nous avons de nous-mêmes. Cette image peut refléter la réalité, c’est-à-dire la façon dont les autres nous voient, ou alors elle peut être déformée. Par exemple, nous nous jugeons différemment lorsque nous pas- sons une mauvaise journée que lorsque nous nous sentons comblés de bénédic- tions. Quand nous sommes de mau- vaise humeur, nous avons tendance à être plus critiques envers nous-mêmes et nous nous trouvons moins beaux. Le fait que nous nous trouvions atti- rants ou non ne dépend pas seulement de notre état d’esprit du moment, mais aussi de la valeur personnelle que nous nous attribuons. L’estime de soi est la valeur que nous nous donnons, c’est- à-dire le fait de nous évaluer fonda- mentalement de manière positive ou négative. La régularité des résultats, la manière dont nous nous percevons, l’image que nous avons de nous-mêmes et la valeur que nous nous attribuons, tout cela peut être décrit comme notre identité. C’est donc, selon Asendorpf (2018), notre conviction de savoir qui nous sommes.

ger notre futur chez-nous ? » Mais il reste un problème : je ne sais malheu- reusement toujours pas comment amé- nager les différentes pièces. Un aménagement qui amène des prises de consciences psycholo- giques La manière dont nous aménageons notre logement est le reflet de notre per- sonnalité. Il existe à ce sujet des études psychologiques intéressantes (par exemple Gosling et al., 2002 ). Notre personnalité telle que décrite en psy- chologie, décrit nos particularités in- dividuelles : notre apparence physique, notre comportement et notre percep- tion du monde qui nous entoure (Asen- dorpf, 2018 ). Si je transpose cette dé- finition à mon logement, à la manière parfaite dont il est présenté et montré aux autres, j’aurais actuellement ten- dance à dire : « Mais je ne suis pas comme ça ! » Mais en fait qui suis-je ? Comment est-ce que je me perçois ? Je devrais le savoir, car selon Asendorpf (2018), la perception de soi commence à la fin de l’enfance. La manière dont

Récit personnel d’un changement de perspective et de ce que cela peut apporter à la perception de soi et du monde qui nous entoure. Il y a près de deux mois, mon mari et moi avons déménagé dans un apparte- ment plus grand, parce que notre fa- mille s’apprêtait à s’agrandir. Je ne me sens pas encore très à l’aise dans ce nouveau lieu, mais en plus, il y a en- core des pièces remplies de cartons ou de vieux meubles à débarrasser, et des coins vides en attente d’être aménagés. Récemment, une pensée m’a traversé l’esprit : « Les choses n’avancent pas comme je voudrais. » et j’ai ressenti un stress que j’ai transmis à mon mari. Ces pensées m’ont conduite de plus en plus loin et je me suis fait le reproche d’être stressée, plutôt que rester sim- plement détendue. Je me suis alors de- mandé : « Est-ce que je veux vraiment que cela aille plus vite ? Est-ce que mon stress ne viendrait pas du fait que j’ima- gine ce que les autres pourraient pen- ser s’ils entraient chez moi et que tout n’était pas parfait ? En fait, n’est-ce pas une bonne chose que nous puissions prendre un peu de temps pour aména-

¹Gosling, S. D., et al. (2002). A Room with a cue: Judgments of personality based on offices and bedrooms. Journal of Personality and Social Psychology, 82. 379-398. ²Asendorpf, J. B. (2018). Persönlichkeit: was uns ausmacht und warum. Springer. https://doi.org/10.1007/978-3-662-56106-5_1 14

J’ai le choix – pour moi

pective divine. Grâce à mon identité en Dieu, je m’autorise donc à me juger positivement, moi et mon existence. Je regarde attentivement et j’essaie de re- connaître les qualités dont Il m’a dotée. C’est ainsi que j’ai découvert que der- rière mon agacement face au chaos dans mon appartement, aux coins vides et aux cartons encore pleins, se cache en fait mon sens de l’esthétique. Que mon amour du détail fait que j’ai besoin de plus de temps pour créer un beau foyer. Et derrière mon incertitude quant à la réaction des autres à notre logement, se cache ma curiosité de savoir comment ils perçoivent leur propre environne- ment, et de m’en inspirer. Cette nouvelle maison a finalement dé-

clenché quelque chose. Je suis encore une fois surprise et reconnaissante de voir à quel point il est précieux que Dieu change notre perspective et qu’une contrariété peut cacher plus que ce que nous imaginons voir au premier abord.

Depuis mon adolescence, je crois que je suis enfant de Dieu. J’ai donc de- puis longtemps dans mon image de moi- même le fait d’être acceptée, guidée et dotée de dons qui servent un but plus grand et qui me distinguent aussi des autres. Cela, je l’évalue majoritairement de manière positive. Comme je l’ai dit, mon humeur peut influencer beaucoup de choses, je me sens parfois plus ou moins capable, plus ou moins acceptée, guidée ou laissée pour compte. Mais je choisis toujours consciemment d’accep- ter les pensées positives à mon égard et j’essaie de me percevoir, ainsi que le monde qui m’entoure, avec la pers-

Sina Vögeli

Sina Vögeli fait un master en psycho- logie à l’université de Zurich. À côté, elle travaille dans la recherche ap- pliquée et le développement, dans les domaines de la psychologie de la personnalité et le diagnostic.

On vous recommande

Cédric C., collaborateur de SAM global en Guinée, s’est lais- sé inspirer par le Sermon sur la montagne pour écrire un livre : « Chrétien tout entier : suivre Jésus au quotidien ». Il l’a écrit premièrement pour ses étudiants à l’institut biblique de Téléko- ro, pour leur faire découvrir un enseignement fondamental de Jésus et leur donner des pistes de mise en pratique. La réconciliation, des relations saines entre hommes et femmes, parler sans tromper, l’amour des ennemis… autant de thèmes centraux pour notre vie d’aujourd’hui, qu’aborde le Sermon sur la montagne de Jésus de Nazareth (Matthieu 5 à 7). Cédric en souligne la pertinence et l’actualité pour la vie de disciple de Jésus et pour le ministère de l’Église, que ce soit en Europe, en Afrique ou ailleurs. « De nombreux chrétiens peuvent croire juste et vivre de travers ! explique notre collaborateur dans l’église protestante évangé- lique de Guinée. Le chrétien, ce n’est pas celui qui entend seule- ment ce que la Bible dit, mais celui qui la met en pratique. » À coup sûr, ce livre dérange, met en mouvement… et ouvre sur un renouveau pour tous ceux et celles qui s’engageront personnel- lement dans sa lecture, en répondant aux questions posées ou aux bilans proposés… et en signant les chartes d’engagement. Vous pouvez découvrir ce livre et son auteur dans cette interview :

Cédric Chanson, Chrétien tout entier. Suivre Jé- sus au quotidien, Dossier Vivre 45, Saint-Prex, Je Sème, 2021, 128 p. Prix : 15.-

Madeleine Deriaz

« QUI SUIS-JE, ET SI JE SUIS, COMBIEN ? » Ce titre d’un livre du philosophe allemand Richard David Precht m’a déjà souvent amenée à ré- fléchir. Surtout juste en ce mo- ment, où je dois une fois de plus faire face à de tout nouveaux défis dans mon engagement au Cam- bodge, cette question se pose pour moi de manière plus actuelle que jamais. sant partie de l’équipe. Après deux se- maines dans la solitude de l’isolement, j’ai partagé dès l’entrée dans la colo- cation un lit avec une jeune Cambod- gienne. Cela a pour le moins conféré une nouvelle tournure à mon identifi- cation avec ma sphère privée. Au plus tard à ce moment-là, je me suis deman- dé quelle part de mon identité est fixe et laquelle est flexible, et ce qui consti- tue en fait mon identité. être mise en veilleuse. Parmi ceux-ci se trouvent par exemple mon besoin de mouvement (j’ai été longtemps cou- reuse de fond), mon affection pour les animaux domestiques, des habitudes de nourriture, mon style de vie de céli- bataire, un manie plus ou moins pro- noncée du nettoyage, la sympathie pour des températures fraîches et le besoin d’une routine journalière fiable et sans surprises.

Réponses et lâcher prise Ici je reçois pourtant tellement en retour de l’identité que j’avais gagnée lors de mon engagement précédent. Je suis à nouveau impressionnée par le respect et l’amour témoignés à chaque personne. Simplement parce qu’on est là, comme on est. Je suis de nouveau étonnée de voir comment les relations se nouent au travers de tout petits gestes et d’ex- périences simples. Le lien qui en résulte ne dépend pas de l’importance des évé- nements mais de la joie partagée. L’ac- compagnement proche des étudiants me comble également. Dans le quoti- dien scolaire en Suisse je me sentais sou- vent insatisfaite dans mon désir d’être au côté de chaque enfant individuel- lement. La simplicité des moyens di- dactiques utilisés ici pour l’apprentis- sage, de même que la découverte au quotidien de solutions créatives au lieu de l’achat de toutes les choses soi-di- sant manquantes, correspond bien à ma nature. Cependant, le changement

Quelques habitantes du centre Carolyn, avec Justine

Questions ouvertes S’identifier signifie en principe être per- sonnellement en accord avec une si- tuation et s’y sentir à sa juste place. Peut-on apprendre cela et s’approprier la conformité avec une situation que l’on vit ? Ou bien existe-t-il des cir- constances auxquelles on ne peut pas s’adapter intérieurement, avec les- quelles on ne pourra jamais s’identi- fier ? D’une certaine manière, tout cela semble très subjectif. C’est aussi pour cela que j’ai été quelquefois remuée in- térieurement, que beaucoup de pensées me traversaient la tête, et des tas de sen- timents le cœur.

Bien que j’aie déjà vécu six mois au Cambodge par le passé, je dois d’abord retrouver mes repères cette fois-ci, dans mon identité entre les deux mondes, en moi et autour de moi. Au cours des 14 jours de quarantaine, j’ai dû me réinventer dans un quotidien totale- ment personnel qui m’a étonnamment bien plu et durant lequel j’ai pu trou- ver la paix intérieure. J’en ai été bru- talement extraite lorsque j’ai enfin pu quitter ma chambre d’hôtel après fina- lement 16 jours. Il s’agissait mainte- nant non seulement de retrouver mon moi dans le monde extérieur, mais aussi de trouver ma place dans la colocation de huit personnes du Carolyn English Centrer (sous-projet de Lighthouse Bat- tambang) et de m’identifier comme fai-

Justine, resp. de Living, Chreb et Pisey

Il existe quelques points dans lesquels mon « ancienne » identité doit d’abord

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de point de vue face à ce que je gagne en identité, en contraste avec tout ce qui doit être laissé de côté, nécessite du temps et de la patience. Je dispose d’assez de temps et je suis pleine d’at- tente joyeuse pour les développements en moi et autour de moi. Phrases futées et vie inté- rieure Malgré tout, en ce moment je me sens passablement rejetée en arrière, en par- ticulier sur tout ce que je pouvais bien dissimuler jusqu’ici ou que j’essayais de pousser de côté (c’est une de mes forces, pas toujours positives, bien en- tendu). Ainsi, les aspects de l’hygiène dans notre grande colocation féminine me font découvrir chaque jour une nou- velle surprise. Il n’est pas facile de trou- ver l’équilibre entre l’identité d’une co- locataire et celle d’une responsable, car d’une certaine manière je suis les deux, mais pas dans tous les secteurs du pro- jet. J’ai pu parler de cela aujourd’hui au cours d’une discussion courte mais bénéfique avec la responsable de notre maison, qui se trouve souvent dans le même état d’âme. En dépit de cela, j’ai senti monter en moi une crise émotion- nelle lors de la séance matinale des res- ponsables, car l’opinion générale que je comprends déjà très bien la langue na- tionale se répercute maintenant dans le fait qu’on ne traduit plus rien pour moi. Même ma remarque de ne pas com- prendre a été ignorée, de mon point de vue, si bien que je me suis vue sou- dain proche des larmes et que j’ai tout de suite pris la fuite après la rencontre pour continuer à rédiger cet article dans mon café préféré. Pendant que j’écris cela, je remarque que là, deux de mes

Justine en séance d’enseignement

traits de personnalité les plus marqués apparaissent ensemble : fuir les situa- tions désagréables et taire les problèmes intérieurs. Ma propre déclaration, que j’utilisais encore en Suisse, me rattrape probablement plus vite que prévu : « Ce qui n’est pas résolu dans son pays rejoint les gens d’autant plus fort pen- dant le séjour dans unpays très éloigné. » Avec une phrase apparemment aussi futée on se sent armé, cependant je de- vrais savoir depuis le temps qu’on ne peut pas simplement gagner le combat contre les émotions avec quelques mots bien pensés. En effet, plusieurs fois déjà je me suis trouvée confrontée à ma vie intérieure (et bien sûr toujours dans les moments les plus défavorables). D’une part, je sais de quoi j’ai besoin pour re- trouver le calme et l’équilibre intérieur, d’autre part je trouve quand même difficile de discerner jusqu’où je laisse de la place à mon identité

et mes besoins, et où commence déjà la fuite, c’est-à-dire le retrait qui me ca- ractérise. En chemin vers moi-même Cependant, même dans des jours comme celui-ci, je ne reste pas coincée dans ma coquille et je sors de nouveau de ma cachette, à moins que quelqu’un ne vienne m’en sortir. Je trouve que l’identité est le voyage d’une vie, pas- sionnant mais défiant. Chaque pas de ce voyage en vaut la peine. Même si je ne peux pas m’identifier à chacun d’eux, chaque pas en avant m’amène un peu plus loin sur le chemin et plus près de moi.

Justine G. Court-terme à Lighthouse Battambang Cambodge

Le travail de SAMglobal vous intéresse ? Vous aimeriez découvrir des histoires actuelles de nos pays d’engagement et voir comment Dieu agit avec force ? Nous avons plusieurs manières à vous proposer pour vous tenir au courant !

ÇA EN VAUT LA PEINE !

IMPRESSUM Rédaction Luisa Vonarburg, Madeleine Deriaz, Christophe Reifsteck Graphisme SAM global Luisa Vonarburg Impression Jordi SA, Belp Traduction A. Bolliger, C. Dentan, M. Deriaz, R. Gindroz, J-P. Habegger, J. Klinger, C. Reifsteck, J-M. Tapernoux Siège central SAM global, Wolfensbergstrasse 47, CH-8400 Winterthur Tél +41(0)52 269 04 69 CCP : 84-1706-5 IBAN : CH58 0900 0000 8400 1706 5 BIC : POFICHBEXXX Secrétariat romand SAM global, Impasse de Grangery 1, CH-1673 Ecublens Tél +41(0)24 420 33 23 Tél portable : + 41(0)76 565 81 20 ecublens@sam-global.org www.sam-global.org/fr Diffusion du SAM Allons 2 300 exemplaires / 4x par année Banques d’images Archives de SAM global p. 24 unsplash.com / Yannick Pulver Belgique SAM global, Rue Chapelle Emmanuel

RÉSERVEZ LA DATE 20 août 2022 9h30 – 18h30

Course sponsorisée dès 17h30

Église de la Colline, Crissier

Fête de

NOUS SUIVRE @samglobal.org_fr SAM global est une organisation sans but lucratif, fondée en 1889. Avec de nombreux collaborateurs européens et locaux, SAM global fournit un travail de développement durable dans onze pays : Angola, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Ca- meroun, Chine, Guinée, Inde, Né- pal, Sri Lanka et Tchad. SAM glo- bal travaille dans le monde entier en collaboration avec des églises pro- testantes-évangéliques, des orga- nisations partenaires locales et des œuvres de bienfaisance. De nom- breux bénévoles s’engagent aussi pour ce travail.

SAM signifie Serve And Multiply (servir et multiplier) : nous désirons servir des gens de différentes cultures et religions dans leur intégralité, se- lon l’exemple que nous a laissé Jé- sus-Christ, afin qu’ils puissent faire l’expérience pratique de l’amour de Dieu, et la partager avec d’autres. Le siège principal se trouve à Winter- thour (Suisse). Il existe des représen- tations de SAM global à Ecublens/ FR (Suisse), en France et en Belgique.

Prochaine édition en mai :

8, BE-1435 Hevillers Tél +32(0)1 065 92 92

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Code d'honneur Ehrenkodex

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O Dieu, crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit

bien disposé ! Psaume 51.12

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