15
FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 29 FÉVRIER 2024
BOURSE & FINANCES
Pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) désireuses de s'étendre à l'international, mais qui ne disposent pas des res- sources administratives, finan- cières et de la bonne connais- sance des marchés étrangers, une société d'investissements privée peut remplir cette fonction de levée de fonds par effet de levier bancaire. La nouveauté qui va changer la donne en 2024 est la mise en action du Fonds Mohammed VI, dont la création a été préconisée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son discours du 9 octobre 2020. Il s’agit d’un fonds d’inves- tissement stratégique destiné à jouer le rôle de locomotive dans le plan de relance économique post-Covid. Pour ce qui est du private equity, certaines entreprises ont besoin de faire appel à l'épargne privée, c'est-à-dire qu'elles interviennent sur un marché financier non coté en Bourse et également non sujet à une réglementation très contrai- gnante. Ces sociétés d'investissements, familières du milieu bancaire, tra- vaillent en général sur trois grands volets, à savoir le M&A (fusions et acquisitions), le Securities Trading (négociation de titres financiers sur des Bourses d'échange) et l'Asset management (la gestion d'actifs financiers dite aussi ges- tion de portefeuilles). Le capital-investissement est vital pour des entreprises jeunes en forte croissance, pour des entreprises installées qui veulent intégrer de nouveaux marchés étrangers (expansion par prise de participations), et pour des entreprises en besoin de restruc- turation ou de remise à niveau sur le plan de la gouvernance au sens large du terme. F.N.H. : Comment le Fonds Mohammed VI peut-il contribuer à la création d'un écosystème favorable au développement du capi- tal-investissement ? Kh. D. : Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I), notre fonds souverain doté de 20
milliards de DH, devrait doubler, voire tripler la capacité financière de la place de Casablanca. Ce Fonds annonce la présélection d’une première liste de 17 socié- tés de gestion de fonds secto- riels et thématiques arrêtée à l’occasion de la tenue du Conseil d’administration et du Comité de stratégie et d’investissement du fonds. Cette sélection s'inscrit dans le cadre de l’appel à mani- festation d’intérêt lancé par le FM6I pour la sélection de socié- tés de gestion de fonds secto- riels et thématiques dont l’objet est de catalyser l’investissement, d'accélérer la croissance et de favoriser la création d’emplois. Ces fonds contribueront à l’émer- gence d’une industrie du capi- tal-investissement robuste au Maroc, aux meilleurs standards internationaux. La taille projetée en cumulé de ces premiers fonds sectoriels et thématiques est esti- mée à un minimum de 20 milliards de DH. Le FM6I contribuera jusqu’à 33% de la taille de chaque fonds dans le cadre d’une enveloppe glo- bale de l’ordre de 6 milliards de DH. Le reliquat sera levé par les sociétés de gestion présélection- nées auprès d’investisseurs tiers, locaux ou étrangers. Il s’agit là d’un des principaux objectifs du
FM6I d’exercer un effet multipli- cateur sur les montants investis par ses soins. La première liste de sociétés de gestion présélectionnées com- prend 3 sociétés de gestion dans l’industrie, 2 dans le tourisme, 1 dans l’agriculture, 1 dans le transport et la logistique et 10 généralistes. Les fonds généra- listes ont été segmentés en plu- sieurs catégories en fonction des tailles d’entreprises ciblées et ont été choisis de sorte à assurer une couverture de l’ensemble des catégories, en particulier les petites et moyennes entreprises. F.N.H. : Selon vous, quelles sont les principales bar- rières à l'entrée pour les nouveaux acteurs du pri- vate equity ? Kh. D. : Le Maroc a bénéficié ces dernières années d’une Learning Curve qui fait des sociétés de gestion marocaines, aujourd’hui,
des sociétés aguerries dans l’uti- lisation de ce véhicule financier plus souple que le recours à un crédit bancaire classique. Ce der- nier suppose souvent le recours à des garanties réelles ou per- sonnelles. Le recours à ce genre d’outil de financement et de gou- vernance efficiente a connu des accrocs à ses débuts dans les années 2003 à 2005, et certains institutionnels marocains ont mal- heureusement tourné le dos au financement de l’économie réelle. Aujourd’hui, le Maroc a besoin plus que jamais de créer de la croissance et de l’emploi, et les Family Businesses, les fonds de pension et les sociétés d’assu- rances marocains doivent accep- ter de miser plus de billes dans la croissance domestique par le financement de startups techno- logiques très capitalistiques, ou dans des sociétés en besoin de restructuration partielle ou totale. C’est la manière dont une société de gestion se rémunère de ses efforts de rapprochement entre investisseurs et entrepreneurs et de ses devoirs de conseil et d’ac- compagnement. La fiscalité et la TVA à 20% appli- quée à des sociétés qui génèrent des dividendes et des plus-values de cessions, le cas échéant, dérange toujours aux entournures
La fiscalité et la TVA à 20% appliquée à des sociétés qui génèrent des dividendes et des plus-values de ces- sions, le cas échéant, dérange toujours aux entournures les professionnels de la gestion du capital investissement.
80% des volumes de la dette privée (non cotée) se font par le biais de fonds d'investissements privés, et non pas par l'intermédiaire des banques.
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker